L’État et les principaux acteurs du nucléaire (exploitants, industriels, syndicats...) ont signé un nouveau contrat stratégique qui fixe les grandes priorités de la filière jusqu’en 2028. Ce contrat répond à l'ambition exprimée par le président de la République, lors de son discours de Belfort en février 2022, de relancer le nucléaire en France avec :
- la prolongation des réacteurs nucléaires existants au-delà de 50 ans, puis 60 ans ;
- la construction de six réacteurs EPR2 sur les sites de Penly, Gravelines et Bugey ;
- le lancement d'une étude pour la construction de huit réacteurs EPR2 supplémentaires à l'horizon 2050.
Cette relance du nucléaire doit être inscrite dans la prochaine Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE 3) pour la période 2025-2035.
Changement de cap de la filière nucléaire
Le comité stratégique de la filière nucléaire (CSFN) assure le suivi de ce contrat de filière nucléaire 2025-2028 qui comprend quatre axes :
- renforcer la performance industrielle, afin de produire dans les délais et les coûts attendus, tout en garantissant un haut niveau de sûreté et de sécurité. Cela passe par la modernisation des outils de production et la sécurisation de la chaîne d’approvisionnement ;
- développer l’attractivité et les compétences : la filière aura besoin de 100 000 recrutements dans les dix prochaines années pour accompagner la relance du nucléaire. Aujourd'hui, le secteur emploie environ 220 000 salariés ;
- stimuler la recherche et l’innovation pour permettre la poursuite de l'exploitation du parc nucléaire existant, favoriser l'émergence de petits réacteurs modulaires (SMR) et de réacteurs innovants, mais aussi développer des usages non-électrogènes du nucléaire (fourniture de chaleur et d'hydrogène, médecine nucléaire, exploration spatiale et sous-marine...) ;
- répondre aux enjeux climatiques : si l'énergie nucléaire joue un rôle clé dans la décarbonation de l'économie, la filière doit encore progresser pour limiter son impact environnemental (améliorer la gestion des déchets nucléaires et le recyclage des combustibles usés, réduire la consommation d'eau pour refroidir les réacteurs, adapter les centrales au réchauffement climatique...).
L’atome, de retour sur la scène mondiale
La crise énergétique de 2022 et les tensions géopolitiques ont relancé l’intérêt mondial pour l’énergie nucléaire. À la Conférence des Nations unies sur le changement climatique de 2023 (COP28), à Dubaï, une vingtaine de pays, dont la France, ont signé une déclaration visant à tripler les capacités de production nucléaire dans le monde d'ici 2050. En réponse, 120 industriels du nucléaire mondial ont signé le "Net Zero Nuclear lndustry Pledge" pour soutenir cet objectif.
À l'échelle européenne, 14 pays ont rejoint l’Alliance européenne du nucléaire, créée en février 2023, pour faire de l'atome un pilier de leur transition énergétique. L'Italie est le dernier pays en date à avoir rejoint cette alliance, le 16 juin 2025. En février 2024, la Commission européenne a fixé l'objectif de réduire de 90% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2040. Elle a inscrit dans sa feuille de route le lancement d'une alliance industrielle européenne pour soutenir le développement de petits réacteurs modulaires (SMR).