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© Godong Photo / Stock-adobe.com

Au collège, les groupes de niveaux ne font pas progresser les élèves

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

L'enseignement du français et des mathématiques dans les classes de 6e et 5e est organisé en "groupes composés selon les besoins des élèves" depuis la rentrée scolaire 2024. Cette mesure fait partie du "choc des savoirs" initié en décembre 2023 par Gabriel Attal, alors ministre de l’éducation nationale.

L'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGESR) a publié, le 16 juin 2025, un rapport sur la mise en place des groupes de besoins en français et mathématiques au collège.

La mise en place des groupes de besoins a notamment été décidée en réaction aux résultats du Programme international de suivi des acquis (PISA), qui montrent qu'en France : 

  • le niveau global des élèves a baissé par rapport à 2018 ;
  • la relation entre la performance et l’origine socio-économique et culturelle des élèves est très forte.

L'objectif fixé est de "garantir à tous les élèves l’acquisition progressive et la maîtrise des connaissances et des compétences".

Des difficultés de mise en œuvre

Selon le rapport, les principaux des collèges ont dû mettre en place les groupes de niveaux dans l’urgence. Cette mesure s'inscrit dans une succession de réformes qui a entraîné une certaine lassitude des équipes enseignantes. Par exemple, l'année précédant la création de groupes niveaux, "la nouvelle sixième" était entrée en vigueur à la rentrée 2023. Elle consistait notamment en deux mesures : 

  • organisation d'une heure hebdomadaire de soutien ou d’approfondissement en français ou en mathématiques ;
  • généralisation du dispositif "devoirs faits". 

La mission préconise "d’inscrire toute politique d’évolution du collège dans une démarche systémique et de long terme".

La mise en place systématique des groupes de besoins à l'échelle nationale n'est pas adaptée à la grande diversité des situations scolaires, des profils d’élèves et des moyens dont disposent les collèges. L'organisation s'est avérée complexe du fait :

  • des besoins en ressources humaines ;
  • de la construction des emplois du temps ;
  • du calendrier très contraint de sa mise en place.

Des effets contrastés et limités

D'après le rapport, la diminution des effectifs dans les classes constitue l’avancée majeure constatée :

  • par les enseignants qui évoquent une ambiance de classe plus sereine ;
  • par les élèves qui ont plus confiance en eux au sein de petits groupes, ressentent moins la pression du regard des autres et osent s’exprimer en participant davantage.

Les rapporteurs ont observé une quasi absence de mobilité des élèves entre les groupes au cours de l’année. Les ajustements de groupes ont été davantage dictés par des raisons comportementales que pédagogiques.

Le seul geste didactique relevé par les rapporteurs, en réponse aux difficultés des élèves, semble être une baisse des exigences et une réduction ou un allègement des contenus d’enseignement

La pauvreté des contenus enseignés dans certains groupes de niveau "faible" est peu garante de progrès. Selon les rapporteurs, la mise en place des groupes de besoins risque d'accroître les écarts entre les élèves au lieu de les réduire, "ce qui pourrait engendrer de réelles difficultés à procéder à un retour en classe entière en début de 4e".