Cellules vétustes, graves carences dans la prise en charge, absence de scolarité, isolement, démobilisation des agents... Face à une situation "extrêmement" alarmante, la Contrôleure générale des lieux de privations de liberté (CGLPL) a demandé la fermeture urgente et au moins partielle de l'établissement pénitentiaire pour mineurs (EPM) La Valentine à Marseille. Les recommandations, publiées au Journal officiel du 29 août 2025, font suite à la cinquième visite de la prison effectuée du 7 au 11 juillet 2025.
Des conditions de détention indignes
La Contrôleur générale a constaté des conditions de détention indignes, notamment :
- cellules vétustes (certaines infestées de fourmis), sanitaires dégradés (voire inutilisables), matelas en mauvais état ;
- non-distribution de produits d'hygiène corporelle ;
- repas distribués sans respect des règles d'hygiène et en quantité insuffisante.
Des pratiques professionnelles attentatoires aux droits des mineurs ("fort risque arbitraire") sont également dénoncées :
- des mesures de contraintes et de sécurité (fouilles au corps, menottage) non tracées et non contrôlées, parfois attentatoires à l'intimité selon des témoignages concordants ;
- isolement des détenus, mise en grille pour punir les jeunes (adolescents enfermés dans un local barreaudé, sans assise, ni point d’eau potable ni WC, et non surveillé).
Le manque de surveillants et d'éducateurs, l'absentéisme et le défaut de compétences empêchent les actions éducatives (absence de scolarité).
"Les mineurs détenus dans cet établissement sont victimes d’une forme de surenfermement, dont les conséquences sont d’autant plus dramatiques qu’il ne s’accompagne plus du travail éducatif censé être le pendant de leur privation de liberté" alerte la Contrôleure générale.
La demande de fermeture de l'établissement
"Face au caractère gravissime de ces constats, seule la fermeture, au moins partielle, de l’établissement apparaît de nature à permettre son rétablissement, au prix d’une refondation intégrale de son fonctionnement", conclut la Contrôleure générale. "Des mesures urgentes doivent être prises pour remédier, d’une part à l’indignité des conditions matérielles de prise en charge des mineurs détenus et, d’autre part, aux conséquences catastrophiques de la démobilisation et de l’absence du personnel pénitentiaire et éducatif" souligne le rapport.
La CGLPL juge cette situation "d'autant plus inadmissible qu’elle persiste malgré des alertes répétées et simultanées" des autorités de contrôle, des syndicats et des élus, notamment, dans "une rare convergence de points de vue".
Les établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM) ont été créés pour offrir un cadre spécifique aux mineurs de 13 à 18 ans, prévenus ou condamnés. Il en existe six en France. Mesures de sécurité et éducatives doivent permettre leur insertion sociale et professionnelle. Les équipes sont pluridisciplinaires (surveillants, éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse, enseignants de l'éducation nationale et personnels de santé).