Lors de sa réunion du 11 septembre 2025, la Banque centrale européenne (BCE) a décidé une nouvelle fois de ne pas modifier ses taux directeurs. Son principal taux, le taux de dépôt, reste à 2%, niveau auquel il est depuis le 5 juin 2025. Ce niveau peut être considéré comme médian au regard de son plus bas niveau (-0,5%) et de son plus haut (4%) enregistrés depuis la création de la BCE en 1999.
La hausse des prix sous contrôle, en France les prix quasi stables
La stabilité des taux directeurs est en phase avec l'évolution du taux d'inflation : depuis mai 2025, l'inflation en zone euro oscille autour de 2% ce qui est la cible d'inflation que la BCE s'est donnée. Pour le mois d'août, l'inflation s'établit à 2,1% (+0,1 par rapport à juillet) selon les données d'Eurostat publiées le 2 septembre 2025.
L'évolution des composantes de l'inflation semble confirmer que l'inflation est sous contrôle : les deux composantes avec une inflation supérieure – alimentation, alcool et tabac d'un côté, services de l'autre – sont en baisse chacune de 0,1 point à respectivement 3,2% et 3,1% en août. Quant à l'énergie, les prix continuent de baisser (-1,9%).
La France, mis à part Chypre, se distingue par l'inflation la plus faible en zone euro, estimée à 0,8% en août. Il faut remonter à janvier 2025 pour retrouver un taux supérieur à 1%. Et l'économie continue à progresser : selon la dernière enquête mensuelle de conjoncture de la Banque de France "l'activité continuerait de croître au troisième trimestre 2025 au même rythme qu'au trimestre précédent, de l'ordre de 0,3%" malgré "un contexte d'incertitude amplifiée".
Quelle politique monétaire à venir face à de nombreuses incertitudes ?
En France, le sentiment d'incertitude est surtout lié à la situation nationale politique (absence de majorité au Parlement) mais aussi financière, compte tenu de la situation des finances publiques. Les entreprises et les consommateurs doivent également faire face à un contexte international pesant : conflit des droits de douane entre les États-Unis et l'Union européenne (UE) et risques géopolitiques (guerre en Ukraine et conflit israélo-palestinien).
Si certains pays en zone euro ont réussi à stabiliser ou même à faire baisser leur niveau d'endettement (comme l'Italie ou le Portugal), la dette dans le monde continue de progresser : la dette publique mondiale a atteint en 2024 un niveau record à 102 000 milliards de dollars, dont près des trois quarts proviennent des pays développés. L'or, traditionnelle valeur refuge, atteint désormais plus de 3 600 dollars l'once.
L'économie européenne résiste pour l'instant plutôt bien à ce contexte. Un autre risque pourrait venir de la politique monétaire américaine : si la banque centrale américaine (Fed) décide prochainement d'une baisse de ses taux, l'euro pourrait s'apprécier. Les importations deviendraient ainsi moins chères et les exportateurs seraient pénalisés. L'inflation pourrait ainsi tomber sous l'objectif de 2%, obligeant la BCE à agir.