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© silencefoto / Stock-adobe.com

Zone euro : l'or pourrait-il constituer un risque pour la stabilité financière ?

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

Les achats d'or et les prises de positions ont nettement augmenté. Ils pourraient être source d'instabilité pour la zone euro selon la Banque centrale européenne. En cause notamment : l'exposition croissante aux produits dérivés et de possibles tensions sur le marché de l'or physique. L'or restera-t-il un simple actif refuge ?

L'or n'a plus de rôle monétaire, mais reste très apprécié au sein du système monétaire et financier, national comme international. Son importance s'est accrue ces dernières années, et les cours de l'or ont atteint des niveaux historiques au printemps 2025. Quatre économistes de la Banque centrale européenne (BCE) ont étudié les évolutions du marché de l'or et ses éventuelles répercussions. 

Un actif de plus en plus stratégique pour les banques centrales

L'or est la traditionnelle valeur refuge en cas de crise et d'instabilité géopolitique. Pourtant, c'est un actif volatil : l'once d'or (31,1 grammes) valait 1 900 dollars en 2011, 1 100 en 2016, et près de 3 500 au printemps 2025 sous l'effet des menaces sur le commerce mondial avec l'annonce d'une hausse des droits de douane par les États-Unis.

Le retour de l'inflation lors de la crise énergétique et surtout la montée des risques géopolitiques ont fortement accru l'attractivité de l'or, non seulement pour les investisseurs, mais également pour les banques centrales. Ces dernières, après des années de réduction de leurs réserves d'or, sont redevenues acheteurs nets d'or après la crise financière de 2007-2008. 

L'or, un actif très demandé

L'or est recherché pour sa rareté, ses propriétés physiques et sa fonction de valeur refuge. L'offre d'or provient pour les trois quarts de l'extraction minière, le reste du recyclage. En 2023, la production mondiale des mines a été de 3 648 tonnes, la demande globale (investisseurs, secteur de la joaillerie, banques centrales et industrie) étant d'environ 4 500 tonnes.
Depuis 1971 et la fin de la convertibilité en or du dollar américain, l'or n'a plus de rôle monétaire, mais reste un actif apprécié. Il contribue à la stabilité économique du pays, et permet d'être moins dépendant du dollar. Les réserves d'or de la France (plus de 2 400 tonnes) sont les cinquièmes du monde.

 

Une valeur refuge qui peut aussi représenter un risque

Si les banques centrales achètent l'or physique, les investisseurs, eux, se tournent surtout vers l'or papier (des fonds adossés à l'or) et ses produits dérivés. "Dans la zone euro, les expositions brutes aux produits dérivés sur l'or se sont élevées à 1 000 milliards d'euros en mars 2025, soit une augmentation de 58 % depuis novembre 2024" selon la BCE. Environ la moitié impliquent des banques.

Cette exposition aux produits dérivés sur l'or inquiète les économistes de la BCE, car la majorité des banques de la zone euro a des contreparties (acheteurs ou vendeurs) en dehors de la zone : "Les appels de marge [demande d'ajout de fonds pour pouvoir maintenir une position] et le dénouement des positions à effet de leviers pourraient entraîner des tensions sur la liquidité parmi les acteurs du marché et propager le choc à l'ensemble du système financier."

Des perturbations sur le marché de l'or physique pourraient accroître le risque : en cas de stress sur les marchés, les acteurs de marché peuvent rencontrer des difficultés à s'approvisionner ou à transporter l'or physique dans le cadre du dénouement des contrats.

Si tous les acteurs du marché ne partagent pas ces craintes, il est possible qu'on assiste à une forme de transformation du rôle de l'or, qui passerait d'un simple statut de valeur de refuge à un rôle plus important dans le système monétaire.