Dans son rapport d’activité 2024, publié le 23 octobre 2025, la Mission nationale mineurs non accompagnés (MMNA), rattachée au ministère de la Justice, dresse un bilan détaillé du profil de ces jeunes, de leur intégration et des dispositifs de prise en charge mis en œuvre par les départements.
Un mineur non accompagné (MNA) est un enfant de moins de 18 ans, de nationalité étrangère, arrivé en France sans être accompagné par un parent ou un représentant légal. Trois critères définissent cette situation : la minorité, l'isolement et l'extranéité.
Profil des mineurs non accompagnés en 2024
En 2024, les mineurs non accompagnés (MNA) affichent un profil plus jeune. Les mineurs de 15 et 16 ans sont désormais plus nombreux que ceux de 17 ans et plus. Les MNA âgés de 16 ans et plus représentent 59% des jeunes confiés aux départements, contre 68% en 2023, confirmant un rajeunissement observé depuis 2020.
La mission constate aussi une augmentation du nombre de jeunes filles parmi les MNA. En 2024, 1 171 placements de filles ont été signalés aux conseils départementaux, soit 8,6% des MNA. Parmi elles, une proportion plus élevée demande l'asile : 26% en 2024 contre 17% en 2023, illustrant des difficultés spécifiques rencontrées par les jeunes filles selon leur pays d’origine et leur genre.
Les principaux pays d'origine des MNA sont la Guinée, le Mali et la Côte d'Ivoire. Le rapport met en évidence la situation au Mali, le nombre de MNA qui en sont originaires a doublé depuis 2023. La mission note une détérioration significative des droits humains, aggravée par le départ en 2024, de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma).
La baisse du nombre de MNA confiés aux départements en 2024 s'explique, selon le rapport, par la diminution importante des arrivées irrégulières sur le territoire français et en Europe. L'agence Frontex a noté une baisse de 38% du nombre de détections d’entrées irrégulières. De plus, entre 2021 et 2023, on dénombrerait plus de 50 000 MNA disparus sur le sol européen après leur arrivée.
Les mineurs non accompagnés font face à des parcours de vie souvent complexes, marqués par la précarité et les violences. Ils sont particulièrement exposés à l'exploitation. Beaucoup subissent des pressions, des violences physiques, psychologiques ou sexuelles, et parfois une emprise chimique.
Le rapport évoque l’exploitation via les plateformes de livraison. Certains de ces jeunes louent des comptes d’adultes en situation régulière afin d’effectuer des livraisons à leur place. Ce système les enferme dans une dépendance financière : contraints par le besoin d’argent, ils reversent une partie de leurs gains au propriétaire du compte, s'exposant à une soumission économique.
Une prise en charge difficile
En 2024, malgré la baisse du nombre de MNA, les conseils départementaux ont signalé à la Mission nationale des difficultés dans la mise à l’abri et la prise en charge de ces jeunes :
- dans certains cas, les juges reconnaissent la minorité de jeunes et les confient à la Mission nationale contre l'avis des départements, ce qui entraîne des recours ;
- le manque de places dans les foyers, due à la forte hausse du nombre de MNA en 2023, oblige les jeunes à rester plus longtemps en hébergement provisoire, souvent dans des conditions précaires ;
- malgré la généralisation de l'utilisation du fichier national d’Appui à l’évaluation de la minorité (AEM), certaines pratiques restent contraires à la réglementation et ne respectent pas l'obligation d'une prise en charge immédiate, ce qui peut violer les droits des mineurs.
Des difficultés subsistent aussi pour les demandes d'asile : la majorité des demandes des MNA sont admissibles (plus de 80%), mais la procédure mobilise du temps et des professionnels parfois insuffisamment formés, et l’absence de représentant légal complique leur accompagnement.