Dans une étude publiée le 13 novembre 2025, l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) montre que 8,5% des enfants cumulent au moins trois privations et se trouvent en situation de "privation matérielle spécifique aux enfants". Cette proportion a légèrement diminué depuis 2014, mais elle reste particulièrement élevée dans les familles monoparentales et nombreuses.
Quelles privations ?
Pour évaluer la privation matérielle spécifique aux enfants, l'Insee s'appuie sur une liste de 15 éléments considérés comme souhaitables voire nécessaires pour avoir un niveau de vie acceptable : avoir des vêtements neufs, disposer de 2 paires de chaussures, partir en vacances au moins une semaine dans l'année, manger des fruits et légumes au moins une fois par jour... La privation est établie quand les ménages renoncent à ces éléments pour des raisons financières.
La privation qui a le plus fortement augmenté ces 10 dernières années est la capacité à chauffer correctement son logement. Le nombre d’enfants concernés a quasiment doublé, passant de 5% à 11%. Selon l'Insee, les difficultés à chauffer son logement se sont accentuées à partir de 2022, en raison de la hausse des prix de l’énergie, touchant de plus en plus de ménages, avec ou sans enfants.
Plus largement, en 10 ans, le nombre d’enfants cumulant trois privations ou plus est passé de 9% à 8,5%. Dans le même temps, la proportion d’enfants en privation d’un ou deux éléments a augmenté, passant de 21% à 26%. La majorité des enfants restent toutefois épargnés, mais leur part est passée de 70% à 66%.
En 2024, un enfant sur trois subit au moins une privation pour raisons financières.
Enfants qui ne peuvent pas partir en vacances une semaine dans l'année : 11,8% en 2014 et 11,2% en 2024.
Enfants qui vivent dans un logement insuffisamment chauffé : 5,2% en 2014 et 11% en 2024.
Au moins un des enfants vivant dan un ménage est privé de vêtements neufs : 8,9% en 2014 et 6,2% en 2024.
Les familles monoparentales et nombreuses plus touchées
Si la privation matérielle a nettement reculé dans les familles monoparentales, passant de 22% en 2014 à 16% en 2024, le taux demeure néanmoins plus élevé que pour les enfants vivant avec deux adultes (6,5%). Être un parent isolé accentue le risque de pauvreté et, par conséquent, celui de privation pour l’enfant.
À partir de trois enfants, le risque de privation matérielle spécifique atteint 12%, alors qu’il n’est que de 3% lorsque l’enfant est seul.
Les ménages à dominante cadre sont quasiment épargnés : en 2024, seulement 0,2% des enfants de cadres sont concernés par la privation matérielle spécifique. À l’inverse, ils sont 14% parmi les enfants d’ouvriers, et 25% pour ceux vivant dans un ménage mono-actif d’un employé ou d’un ouvrier.