Disponible en ligne :
Pour lire les formats PDF et ePub vous avez besoin d’un lecteur adapté.
La réforme de la gouvernance de la police nationale portée entre 2020 et 2024 a suscité nombre d'inquiétudes, principalement liées à ses effets potentiels sur la police judiciaire. Sans remettre en cause l'opportunité d'une réorganisation, les rapporteurs dressaient, en 2023, un constat sévère sur cette réforme.
Près d'un an et demi après l'entrée en vigueur de la nouvelle organisation, les rapporteurs maintiennent leur analyse et invitent à privilégier des correctifs concrets visant à en atténuer les principales incohérences. Ils formulent une quinzaine de propositions :
- réaliser au plus vite les ajustements des fonctions support imposés par la réforme, en particulier dans le domaine numérique ;
- en vue d'achever la mise en place des services interdépartementaux de la police judiciaire (SIPJ), prévoir un mécanisme de compensation lorsque celle-ci entraîne une perte de l'avantage spécifique d'ancienneté (ASA) ;
- réaffirmer, par voie d'instruction du directeur général de la police nationale (DGPN), le principe selon lequel les services de police judiciaire ne peuvent être employés pour des missions de sécurisation de l'espace public, de services d'ordre ou de maintien ou de rétablissement de l'ordre public ;
- veiller à la diversité des profils dans les prochaines nominations des directeurs départementaux et interdépartementaux de la police nationale (DDPN/DIPN) ;
- garantir l'application uniforme de la doctrine de la direction nationale de la police judiciaire (DNPJ) sur l'ensemble du territoire national, en particulier en matière de déferrements ;
- clarifier les modalités d'échange interne d'informations liées au haut du spectre de la criminalité organisée, en formalisant un "besoin d'en connaître" sur le modèle des services de renseignement ;
- tirer pleinement les conséquences des évaluations réalisées par les procureurs généraux et les procureurs de la République dans le cadre des décisions affectant la carrière des directeurs zonaux, interdépartementaux et départementaux de la police nationale ;
- adapter l'organisation locale des parquets à la nouvelle architecture de la police nationale, en désignant dans chaque département un procureur de la République chargé de relayer les priorités de la politique pénale auprès des directeurs interdépartementaux et départementaux de la police nationale ;
- mettre en place un cadre d'échanges d'informations opérationnelles supra-départemental centré sur le haut du spectre de la criminalité organisée ;
- transmettre systématiquement les notes produites par le Sirasco aux enquêteurs des divisions de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS) ;
- conforter la ligne budgétaire nationale pilotée par la DNPJ dédiée à la lutte contre la criminalité organisée ;
- préciser, par voie d'instruction du DGPN, les modalités d'exercice de l'autorité fonctionnelle à chaque échelon territorial de la filière judiciaire ;
- définir des protocoles permettant de garantir une répartition interdépartementale des moyens des services spécialisés adaptée aux besoins des territoires et éviter leur absorption par le DIPN détenteur de l'autorité hiérarchique ;
- clarifier, auprès de l'autorité judiciaire, les protocoles de saisine des services enquêteurs en cas d'affaires dépassant le ressort d'un département ;
- mettre en œuvre les recommandations du rapport d'information du 1er mars 2023 visant à augmenter les effectifs de l'investigation et du monde judiciaire et à mieux reconnaître l'exercice des missions judiciaires au sein de la police nationale.
L'ESSENTIEL
LISTE DES PROPOSITIONS
AVANT-PROPOS
I. UNE RÉFORME DE LA POLICE NATIONALE MISE EN ŒUVRE DANS LA PRÉCIPITATION, EN DÉPIT DES ALERTES ÉMISES PAR LA COMMISSION DES LOIS
A. LA GENÈSE DE LA RÉFORME : UNE VOLONTÉ DE RATIONALISATION ANCIENNE DE L'ORGANISATION DE LA POLICE NATIONALE
B. LA MISE EN ŒUVRE DE LA RÉFORME : UN DÉPLOIEMENT DANS LA PRÉCIPITATION, EN DÉPIT DES INQUIÉTUDES SUR SES EFFETS SUR LA POLICE JUDICIAIRE
1. Au-delà de la police judiciaire, une volonté de décloisonner l'ensemble de la gouvernance de la police nationale
2. Une réforme mal préparée à l'origine de vives contestations
a) De nombreuses défaillances dans la préparation de la réforme, sur la forme comme sur le fond
b) Une réforme à l'origine de nombreuses inquiétudes et d'une contestation croissante
3. En dépit des alertes, une réforme mise en œuvre à marche forcée et dans une certaine confusion
C. L'ORGANISATION ISSUE DE LA RÉFORME : UN ORGANIGRAMME QUI N'EST PAS MOINS COMPLEXE QU'AUPARAVANT
D. UNE RÉORGANISATION DES FONCTIONS SUPPORT QUI N'EST PAS INTERVENUE EN TEMPS UTILE
II. LA MISE EN ŒUVRE DE LA RÉFORME A CONFIRMÉ DE NOMBREUX RISQUES POURTANT IDENTIFIÉS DE LONGUE DATE
A. LA DÉPARTEMENTALISATION DE LA POLICE NATIONALE : UN AFFAIBLISSEMENT DE LA "PJ"
1. Une filière judiciaire exposée aux arbitrages des DDPN et DIPN
2. Au travers de la police judiciaire, une fragilisation de la politique pénale
B. L'UNIFICATION DE LA FILIÈRE INVESTIGATION : UNE DILUTION DE LA "PJ"
1. Une suppression des "silos" nationaux qui présente d'indéniables avantages
2. La création d'"îlots" départementaux, source d'importantes difficultés opérationnelles pour le traitement du haut du spectre
3. À terme, le risque d'une disparition du savoir-faire historique de la "PJ"
C. LES NOUVELLES INSTANCES DE PILOTAGE : UNE COMPLEXIFICATION DE LA "PJ"
1. Les limites de l'autorité fonctionnelle
2. Les difficultés de l'interdépartementalité
a) L'épineuse question de l'autorité sur les services spécifiques
b) L'enjeu de la saisine des services d'enquête sur les affaires dépassant le ressort d'un unique département
III. UNE RÉFORME QUI N'APPORTE PAS DE RÉPONSE AUX PROBLÉMATIQUES STRUCTURELLES DE LA FILIÈRE INVESTIGATION
A. UNE RÉFORME CONDUITE À MOYENS CONSTANTS QUI N'A PAS PERMIS LES RECRUTEMENTS ET AFFECTATIONS NÉCESSAIRES
1. Des effectifs encore insuffisants pour assurer l'encadrement et la prise en charge des affaires du milieu de spectre
2. La réforme n'a pas freiné l'augmentation tendancielle du stock de procédures
B. LE MANQUE D'ATTRACTIVITÉ DE LA POLICE JUDICIAIRE
1. Un problème ancien à laquelle aucune solution satisfaisante n'a encore été trouvée
2. Une filière économique et financière fragilisée
EXAMEN EN COMMISSION
LISTE DES PERSONNES ENTENDUES
LISTE DES DÉPLACEMENTS
TABLEAU DE MISE EN ŒUVRE ET DE SUIVI
LE CONTRÔLE EN CLAIR
- Autre titre : La police judiciaire dans la police nationale (II) : une réforme imposée à marche forcée, des correctifs à apporter
- Type de document : Rapport parlementaire
- Pagination : 73 pages
- Édité par : Sénat
- Collection : Les Rapports du Sénat
- Numéro dans la série : 816