Déclaration de M. Christian Paul, secrétaire d'Etat à l'outre-mer, sur le statut de Mayotte et sur l'action de l'Etat en faveur du développement économique et social de l'île, Mamoudzou le 25 février 2002.

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Circonstance : Déplacement de M. Christian Paul, secrétaire d'Etat à l'outre-mer, à Mayotte les 25 et 26 février 2002

Texte intégral

Monsieur le maire,
Mesdames, Messieurs,

J'aime Mayotte. J'aime la tranquille assurance et la fierté des Mahoraises et des Mahorais, j'aime ce mélange des cultures et des influences qui construisent ce que vous êtes. J'aime vos îles qui ont souhaité rester françaises, parce qu'elles se sentaient appartenir à notre République. J'aime leur ouverture, leur capacité d'adaptation. C'est la cinquième fois que je viens à Mayotte en moins d'un an et demie. A chaque fois, comme aujourd'hui, je suis sensible à l'accueil que vous me réservez et à l'enthousiasme que vous manifestez.
2001 a été pour Mayotte une année historique. Vous êtes désormais pleinement français. Vous l'êtes parce que vous avez désiré l'être. Vous l'êtes parce que vous vous êtes reconnu dans les valeurs de notre République : la liberté de tous garantie par les lois, l'égalité des droits assurée par l'Etat, la solidarité à l'égard des plus démunis manifestée par tous.

Vous êtes français parce que le gouvernement de Lionel Jospin a su vous écouter, reconnaître votre aspiration et tenir ses engagements. Nous n'avons pas fait des promesses en l'air. Nous n'avons pas tenu des propos vagues, nous ne nous sommes pas retranchés derrière des formules creuses. Nous avons tenu parole, nous avons agi, très vite, pour qu'à Mayotte, collectivité départementale de notre République, on vive mieux, pour que les jeunes soient mieux instruits et mieux formés, pour qu'ils puissent trouver un emploi, pour que les besoins des familles soient davantage pris en compte, bref pour que Mayotte participe pleinement à l'essor de notre communauté nationale.
Nous avons agi parce qu'il fallait sortir de l'incertitude. Depuis vingt-cinq ans, vous attendiez qu'on en finisse avec ce statut provisoire. Vous étiez inquiets, vous ne saviez pas si la France saurait reconnaître votre légitime désir d'être une de ses composantes. Le gouvernement auquel j'appartiens, avec vos élus, a préparé un texte d'orientation, il y a deux ans, " l'accord sur l'avenir de Mayotte ", qui a été soumis à votre approbation et auquel vous avez massivement dit " oui ". Oui à la République, oui à la modernisation économique et sociale. En concertation, nous avons élaboré un projet de loi, qui a été adopté à l'Assemblée nationale au mois de juillet.

Mayotte fait définitivement partie de la République française et ne peut cesser d'y appartenir sans le consentement de sa population.
Vous êtes français, et parce que vous êtes français, vous avez des droits. J'ai veillé à ce qu'ils vous soient garantis. Ainsi, comme toutes les familles de France, les familles mahoraises ont droit d'être aidées pour élever leurs enfants. C'est une question de justice sociale. Auparavant, seules 7 000 familles touchaient des allocations familiales. Ces allocations, nous les avons augmentées et étendues : début avril 2002, dans moins de deux mois, plus de 20 000 familles en bénéficieront. Une famille avec deux enfants touchait 41,16 euros par mois (270 francs) : elle recevra désormais 61 euros par mois (400 francs). Une famille avec trois enfants recevait 54,88 euros par mois (360 francs), elle touchera désormais 73,18 euros par mois (480 francs). Les familles de quatre enfants et plus, contrairement à ce qui est dit, seront également gagnante puisqu'elles percevront 73,18 euros par mois (480 francs).
Vous avez droit également à un logement décent. Là encore, j'ai voulu des actes significatifs et rapides. A compter du 1er janvier 2003, les Mahoraises et les Mahorais pourront bénéficier d'une allocation logement qui permettra aux familles modestes d'accéder à la propriété mais aussi à des logements locatifs de qualité.

Les allocations familiales étendues et revalorisées et les allocations logement sont des mesures d'égalité et de solidarité.
J'ai voulu aider les familles mahoraises, j'ai également souhaité qu'on aide les jeunes. Ils sont notre avenir, à condition qu'ils puissent accéder tous à l'éducation et qu'ils soient dans les meilleures conditions pour réussir. Je sais que les crayons, les cahiers, les livres coûtent cher et je sais aussi qu'un élève ne peut pas bien travailler s'il n'a pas les fournitures scolaires nécessaires. L'allocation de rentrée scolaire versée aux familles, dès le mois d'octobre dernier, pour chaque enfant scolarisé a été doublée : 46 euros (300 francs) au lieu de 23 euros (150 francs) dans le primaire, 106 euros (700 francs) au lieu de 53 euros (350 francs) dans le secondaire. Plus de 50 000 de vos enfants sont concernés.

Ce n'est pas tout. Bien des familles mahoraises ne peuvent permettre à leurs enfants de manger à la cantine et de prendre à midi un repas équilibré. Il fallait vite remédier à cette injustice. J'ai voulu que ces familles puissent bénéficier d'une aide à la restauration scolaire, permettra, dès la rentrée scolaire prochaine, de proposer aux enfants une collation ou un repas équilibré.

J'ai voulu aussi que les instituteurs soient encore mieux formés parce que la réussite de l'école à Mayotte dépendent en partie de la qualité de ses maîtres. Dans l'Institut de Formation des Maîtres, ils amélioreront par des enseignements adaptés leurs savoirs et leur pédagogie, pour être plus proches encore de leurs élèves.
Des aides aux familles et une formation plus poussée des maîtres doivent permettre à chaque enfant de réussir sa scolarité. Il faut aussi un nombre suffisant d'établissements scolaires. J'ai obtenu 104 millions d'euros (681 millions de francs), qui s'ajoutent aux 76 millions d'euros (500 millions de francs) du contrat de plan pour construire onze collèges et lycées ici, à Mayotte, qui accueilleront des milliers d'élèves.

Aider les familles, aider les jeunes, aider également les personnes âgées : j'ai voulu que les retraites soient assurées et que les personnes âgées ou handicapées ne soient pas sans ressources, qu'elles puissent recevoir une allocation.
Comme vous le savez, sans attendre, et parce que c'est un devoir de solidarité, les allocations minimales pour les personnes âgées et les personnes handicapées ont été augmentées de 50 % en deux étapes, au 1er octobre 2001 et au 1er mars 2002.

Etre français, à Mayotte comme dans l'hexagone, donne des droits : droit à des prestations sociales, droit au logement, droit à l'éducation. Je me suis engagé à les faire respecter, et ce gouvernement a tenu sa parole.
Vous êtes français et comme tels vous souhaitez participer au développement national. Le gouvernement vous en a donné les moyens. Tous les habitants à Mayotte ont vocation désormais à avoir un travail rémunéré, puisque la loi a reconnu aux femmes le droit d'exercer librement une profession et de percevoir un salaire.
Favoriser l'emploi à Mayotte, c'est d'abord permettre aux jeunes d'avoir un travail. 700 emplois-jeunes vont être créés en 2002. Le Projet Initiative Jeune, déjà en vigueur dans les départements d'outre-mer, permettra à 1 000 Mahorais, en 2002, âgé de moins de trente ans, de créer leur propre entreprise ou de poursuivre leur formation dans l'hexagone et à l'étranger. J'ajoute que j'entends développer les activités d'utilité sociale, qui embauchent surtout des jeunes et des femmes, par exemple dans la restauration scolaire ou la protection de l'environnement. Une agence spécialement consacrée à cela sera créée dans les prochains jours. Dans les petites entreprises enfin, j'ai prévu des aides à la création d'emplois

Mayotte a des ressources. A nous de les exploiter, à nous de saisir les opportunités que nous offre la République.
Créer des emplois pour que tous aient ici un revenu, c'est bien sûr ma priorité. Il faut aussi songer à celles et ceux qui se retrouvent au chômage. Ils restaient auparavant sans ressources. Désormais, ils peuvent bénéficier d'une indemnisation, qui leur permettra de vivre et de retrouver un emploi. C'est un acquis social majeur de notre République.
Mayotte est en bonne voie : la voie de la réussite, la voie de l'égalité, dans une société plus ouverte et plus forte.

Mayotte, c'est aussi avec la Réunion la France dans l'océan Indien. Car Mayotte désormais participe au rayonnement international de notre pays. Elle représente la France dans son environnement régional. Elle a également, comme dans les départements d'outre-mer, un rôle clé dans la coopération régionale. Le regard du monde sur Mayotte change. Elle n'est plus cet archipel isolé dont l'histoire est tumultueuse. Mayotte est une collectivité française, appelée à un grand destin et fière de servir les intérêts de la France dans cette partie du monde. Les jeunes sportifs mahorais n'ont-ils pas porté les couleurs de notre pays lors des Jeux des jeunes de l'Océan Indien, et ce grâce au gouvernement de Lionel Jospin, qui pour cela n'a menacé personne, qui pour cela n'a pas grondé sur la place publique mais qui agit efficacement. Les jeunes de Mayotte seront également, soyez en sûrs, aux Jeux de l'Océan Indien, au même titre que la Réunion.

Mayotte, c'est la France et c'est aussi l'Europe dans l'Océan Indien. Je me réjouis que le passage à l'Euro se soit bien déroulé ici. C'est notre monnaie et elle est un atout supplémentaire pour l'archipel. Mayotte a vocation à entrer dans l'Europe de façon plus poussée. J'y veillerai, comme j'ai veillé à une augmentation de la dotation européenne, qui est passée de 10 millions d'euros à 15,2 millions d'euros (de 66 millions de francs à 100 millions de francs). Mais il faut aller plus loin. Il me paraît nécessaire et juste en effet que l'Union européenne participe plus nettement au développement de Mayotte, qui est désormais une collectivité départementale de la République. Nous avons une réflexion à mener ensemble en ce sens. Là encore, la voie est ouverte et l'avenir prometteur.
Mayotte, aimée de la République, soutenue par l'Etat, a en mains les atouts nécessaires à son plein épanouissement. C'est une certitude. Un pas, un grand pas, a été franchi. D'autres suivront. Ces pas, nous les ferons ensemble, comme les précédents, dans l'écoute, dans la concertation, dans le dialogue.

Cette nouvelle voie, voulue par Mayotte et par la République, nous allons l'ouvrir ensemble.

(Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 25 février 2002)