Déclaration de M. Lionel Jospin, Premier ministre et candidat à l'élection présidentielle, sur la culture et les valeurs de la gauche et, parmi ses "sept engagements pour la culture", le soutien à la création artistique, la défense de l'exception culturelle et du service public audiovisuel, la promotion d'une politique européenne de la culture, Paris le 24 mars 2002.

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Circonstance : Réunion électorale avec les personnalités du comité de soutien "Ensemble", au Théâtre Edouard VII à Paris (9e) le 24 mars 2002

Texte intégral

Merci à Bertrand POIROT-DELPECH, Fabienne SERVAN-SCHREIBER, Henri CUECO, Yamina BENGUIGUI, Patrick ZELNIK, Shelly BROCHEN, Hélène DELAVAUX, Marie TRINTIGNANT, André BRAHIQ, Pierre ARDITI, Bernard GIRAUDEAU, Annie DUPEREY, Emmanuelle BEART.
Mesdames, Messieurs,
Cher(e)s ami(e)s,
I - CE SOIR, JE VEUX AVANT TOUT VOUS DIRE MERCI.
Merci, bien sûr, d'être présents ce soir, dans le cadre magnifique du théâtre Edouard VII, grâce à l'hospitalité de Bernard MURAT, que je remercie chaleureusement. Vous êtes venus nombreux, je reconnais beaucoup de visages amis, votre présence me fait chaud au cur.
Merci à vous, chercheurs, enseignants, écrivains, d'interroger l'univers, d'ouvrir des voies nouvelles à la connaissance et à la sensibilité, d'approfondir le savoir, de le partager et de le transmettre. Merci d'aider chaque génération à tirer le meilleur de l'héritage de la précédente pour à son tour pouvoir devenir elle-même, comprendre le monde et le façonner.
Merci à vous, artistes, créateurs, dramaturges, cinéastes, metteurs en scène, comédiens, techniciens, plasticiens, intermittents du spectacle, d'éveiller les consciences, de faire s'épanouir les talents, de donner à notre monde des couleurs, de la beauté, du sens, de la saveur, de combattre l'ennui, d'affronter la bêtise, de faire rayonner la France, de faire vivre la diversité culturelle dans le monde. Parmi ces artistes, les femmes, notamment les femmes jeunes, sont de plus en plus nombreuses et je leur rends hommage.
Gens des arts et gens de savoir, vous libérez les forces de l'esprit et celles de la création, vous aidez les individualités à éclore et à s'épanouir, vous rapprochez les hommes.
Merci à vous, responsables associatifs, engagés dans la lutte contre toutes les exclusions, présents aux avant-postes de l'action humanitaire, auprès de ceux qui souffrent. Par votre engagement, vous rappelez le sens du souci de l'autre, la grandeur du bénévolat, la solidarité qui doit unir les hommes et les peuples.
Merci aussi à vous, athlètes, sportifs, de montrer que l'homme -et la femme !-peut se dépasser pour approcher la perfection du geste et cultiver l'excellence, merci de rappeler le sens de la règle, du " beau jeu ", de l'effort partagé au sein d'une équipe.
En proposant à chacun une réflexion sur soi-même et ses propres limites, sur le sens de la réussite -de l'échec aussi- et de l'effort, le sport participe de l'humanisme. Ecole du respect -respect de son propre corps, respect des autres, respect des règles communes-, le sport est non seulement un spectacle source de plaisir et d'émotion, mais peut jouer un rôle majeur dans l'éducation du citoyen.
Pour tout cela, pour tout ce que vous faites et tout ce que vous êtes, je veux vous dire, à tous, en tant que citoyen et en tant qu'homme -et aussi, bien sûr, en tant que candidat à l'élection présidentielle- mon admiration et ma gratitude.
Naturellement, j'inclus dans la culture les sciences et les techniques. Mais elles constituent des champs de recherche distincts et appellent des politiques spécifiques. J'en ai longuement parlé au Génopôle d'Evry il y a quinze jours.
Merci, à tous, de vous être engagés à mes côtés. Dans le grand débat démocratique que nous vivons, à l'heure où la France a rendez-vous avec elle-même, vous avez fait un choix. Le choix de convictions et de valeurs -la justice sociale, l'égalité des chances, la liberté, les libertés, la solidarité avec les pays du sud-, le choix d'un projet pour la France, le choix d'un homme pour le porter, le choix d'une équipe pour l'épauler.
Ce choix, vous auriez pu le garder pour vous, ne l'exprimer que dans le secret de l'isoloir. Vous avez décidé de le rendre public, de lui donner vie, de rencontrer ceux qui portent sur ce débat le même regard. Et je sais combien cela peut être délicat ou inhabituel pour quelques-uns d'entre vous, dont le métier repose sur une certaine relation avec le public, tout le public, sans référence partisane. Je n'en attache que plus de valeur à votre geste. Un geste qui ne se résume pas -et ce serait déjà beaucoup- à " donner une signature ". " Ensemble " n'est pas un comité de soutien classique. C'est une communauté vivante. C'est un lieu de débat, ouvert, un lieu d'échange et d'interpellation qui réunit des soutiens actifs, qui dialoguent entre eux et avec le candidat, lui font part de leurs idées, de leurs envies, de leurs doutes aussi. Notre réunion d'aujourd'hui en témoigne, mais je pense aussi aux " Rencontres du Lundi ".
L'exceptionnelle qualité de mon comité de soutien est pour moi un élément très important dans la campagne que je conduis. La communauté éphémère que vous formez est aussi le fruit d'une histoire commune, d'une relation humaine intense, fondée sur notre engagement commun pour la culture : elle m'est particulièrement précieuse. Ce comité, beaucoup d'entre vous l'ont rejoint spontanément. La conviction de mon ami Bertrand DELANOË, le maire de Paris, que je remercie très chaleureusement, a aussi beaucoup fait pour amener à ce geste de nombreuses personnalités. J'associe à ces remerciements Catherine TASCA, la ministre de la Culture, qui porte avec talent et une douce détermination une politique culturelle ambitieuse, celle de mon gouvernement. Parmi toutes les personnalités prestigieuses qui composent ce comité. J'ai une pensée particulière, et je suis sûr que vous la partagez, pour notre ami Ettore SCOLA, auquel je veux dire ma reconnaissance et ma fierté de le savoir à mes côtés. Je sais, Bertrand me l'a dit, qu'il est très motivé au sein du comité et je l'en remercie. Je sais surtout, comme vous tous, le combat qu'il mène en Italie contre la marchandisation de la culture. Le combat d'Ettore est le nôtre, celui de tous ceux qui veulent penser, écrire, créer, filmer, produire, éditer librement. La culture n'a pas de frontières.
Je veux aussi remercier Henri WEBER, Fabienne SERVAN-SCHREIBER, Monique NEMER, Evelyne SCHAPIRA, Michel BROUE, Annette CHANDERNAGOR et Noëlle CHATELET.
Cher(e)s ami(e)s,
Je voudrais m'arrêter un instant sur ce lien entre ce que vous êtes et ce que je suis, sur ce lien qui fait que nous sommes " ensemble " ce soir. Au-delà des liens d'amitié, souvent anciens, que je partage avec plusieurs d'entre vous, ce qui nous unit est particulièrement fort : c'est une approche commune du monde.
Comme vous tous, ici, je place la culture, le savoir, l'éducation, le dépassement de soi et le respect de l'autre aux premiers rangs des valeurs qui doivent guider une société, une société qui doit offrir à tous, pas seulement dans les années de formation de la jeunesse, mais tout au long de la vie, l'accès aux trésors de la connaissance et aux uvres de l'esprit. Pour nous tous, la culture est un bien commun : tout le monde doit y avoir accès de façon égale. Offrir à tous le meilleur du savoir, le meilleur de la création humaine, voilà l'idéal qui nous rassemble.
II - LA CULTURE EST INSEPARABLE DE MON PROJET POUR LA FRANCE.
La culture, pour moi, n'est pas un " supplément d'âme ", un ornement du marché.
La culture est au centre de ma conception du monde et de ma vision de la société. Elle est au cur de ma pensée comme elle a toujours accompagné ma vie de façon intime.
Trois mots permettent de saisir la place centrale de la culture dans mon projet politique : libération, démocratie, identité.
La libération, c'est celle de l'individu dans sa singularité. La gauche, ce n'est pas seulement -même si c'est essentiel- un engagement pour la justice sociale. Ce n'est pas seulement -même si c'est ambitieux- la volonté de maîtriser l'économie pour la mettre au service de l'homme. La gauche se donne comme visée ultime l'émancipation humaine, dans les limites de notre condition. Elle veut construire une société où chacun peut pleinement réaliser ses capacités, et en particulier les plus hautes : celles de l'esprit et de la sensibilité. Elle veut aider chacun à vivre mieux, à vivre libre, dans des conditions propices au bonheur.
La culture est inséparable de ma vision politique, aussi, parce qu'elle a partie liée avec la démocratie. Une démocratie est accomplie lorsque le citoyen en est le centre, lorsqu'il peut se saisir des enjeux et les comprendre et, ainsi, s'exprimer ou décider de façon éclairée. C'est pourquoi la démocratie suppose le partage du savoir. La véritable démocratie fait appel à l'intelligence comme à la sensibilité, s'appuie sur les progrès de la connaissance et offre à chaque citoyen la possibilité de faire les choix qui déterminent sa vie.
Enfin, la culture est inséparable de mon projet parce qu'elle est un enjeu d'identité.
· Identité de chaque individu, qui se construit à travers ce qu'il lit, ce qu'il voit, ce qu'il éprouve, ce qu'il découvre. La culture est ce qui permet à chacun de se révéler et de se situer dans le monde. De le comprendre. D'essayer de le maîtriser. Avec les 35 heures -qui ont non seulement créé des emplois mais aussi créé du temps libre-, un champ nouveau s'ouvre à la culture, dans le même temps où la révolution numérique fait exploser l'offre de biens et de services culturels. A nous de saisir cette nouvelle donne.
· Il s'agit aussi de l'identité de la Nation tout entière. La culture fait lien entre les individus. Elle les aide à vivre ensemble. Elle nous rassemble par un certain art de vivre, une façon de regarder le monde, de penser et de ressentir, par le partage des formes et des uvres. L'identité culturelle ne doit pas se perdre dans le vaste mouvement d'homogénéisation qui accompagne la mondialisation. Non que notre culture soit forcément supérieure à d'autres, mais parce que, dans sa singularité, elle participe d'une diversité qui est le bien commun de l'Humanité. Quand nous nous battons pour l'exception culturelle française, c'est un combat que nous menons pour la culture, dans ce qu'elle a d'universel et de particulier, de commun et de divers.
La gauche et la culture vivent une aventure commune. Le combat de la gauche a toujours été social et culturel. Un combat pour la justice sociale et pour l'épanouissement culturel. La gauche au pouvoir, ce fut donc toujours de grands moments pour la culture. L'Histoire de notre pays en témoigne : 1936, la Libération, 1981 et 1997 -même si le contexte était différent en raison de la cohabitation. Mon ambition, comme président de la République, sera de prolonger le rétablissement opéré depuis 1997 et de faire de la culture une priorité de mon quinquennat.
Cher(e)s ami(e)s,
La France active, sûre, juste, moderne et forte que je propose est une communauté où chacun aurait accès à une culture libre et vivante. Cette ambition, je la porte à travers des engagements précis que je tiendrai si les Français me font confiance. Ce sont ces engagements que je voudrais vous présenter maintenant.
III - MES 7 ENGAGEMENTS POUR LA CULTURE.
Devant vous, ce soir, je prends 7 engagements pour une vraie politique culturelle, favorisant à la fois la mise en valeur du patrimoine et la vitalité de la création, une politique de démocratisation de la culture.
1. Je m'engage à soutenir la création artistique, parce qu'il n'y a pas de culture vivante sans création.
· Soutenir la création, c'est d'abord développer notre système d'aide aux artistes et aux créateurs, en particulier aux plus jeunes d'entre eux : aide à l'écriture et à la composition, aides aux résidences, aides à la promotion et à la diffusion des uvres.
· Soutenir la création, c'est défendre le droit d'auteur, dans le contexte nouveau de la révolution numérique. Plus précisément, il faut lutter contre la menace d'extension du système anglo-saxon du copyright et contre les tentatives de remise en cause de la gestion collective des droits.
· Soutenir la création, c'est aider les créateurs à accéder au public : grâce à la loi Lang sur le prix unique -qui a sauvé le tissu des librairies- et à notre projet de loi sur le droit de prêt, grâce aux quotas qui garantissent la diffusion sur les radios de la chanson française. Je pense aussi bien sûr au cinéma. J'ai souvent eu l'occasion d'en parler ces dernières années. Je veux renforcer ces mécanismes.
· Pour renforcer la régulation, qui protège la liberté de création, je propose que se tiennent des Etats généraux des industries culturelles. Au terme d'une réflexion avec l'ensemble des professionnels concernés, nous prendrons les dispositions utiles pour accroître le dynamisme des entreprises du secteur, favoriser l'expression et la diffusion des uvres, garantir l'existence de formes indépendantes de création, encadrer et contrôler les concentrations industrielles.
· Soutenir la création, c'est aussi favoriser le dynamisme du marché de l'art, ce dont bénéficieront en particulier les plasticiens. Dans cette perspective, je propose de développer le mécénat et d'adapter le statut des fondations.
· Soutenir la création, c'est se battre pour éviter que, demain, le cinéma, la musique, le livre, la télévision soient tout entiers du côté de l'industrie du divertissement. C'est pour cela que nous avons besoin, aussi, de l'exception culturelle.
2. Je m'engage à défendre l'exception culturelle, garante de la diversité.
· La culture n'est pas une marchandise. Certes, il existe des biens et même des produits culturels. Mais la culture doit échapper pour une part aux stricts mécanismes du marché et aux phénomènes de concentration qui sont à l'uvre dans l'économie. Je partage bon nombre des inquiétudes des intervenants qui se sont exprimés.
· Maintenir la culture hors des négociations commerciales internationales, comme nous l'avons fait à Doha, sera indispensable. Je m'emploierai à gagner un maximum de pays à la cause de l'exception et de la diversité culturelles. Chaque pays doit avoir le droit de promouvoir sa culture et ses créateurs, sans se voir opposer les règles du commerce international aux effets uniformisants.
· Dans le même esprit, je proposerai de négocier, en dehors du cadre de l'OMC, une convention universelle sur la diversité des cultures, affirmant solennellement le droit des Etats à mener librement leurs politiques culturelles.
· Je poursuivrai et amplifierai ce combat, parce que les partisans de la déréglementation sont puissants. Ils n'ont nullement désarmé. Certains le revendiquent. Mais d'autres avancent masqués. Ceux qui parlent beaucoup mais qui n'ont aucun acte à mettre en avant. Je rappelle que j'ai décidé, seul, de dire non à l'AMI.
· C'est pourquoi je proposerai d'inscrire dans la future Constitution européenne le principe de la diversité culturelle
3. Je m'engage à défendre un service audiovisuel public fort.
· C'est la garantie du pluralisme.
· Je répète aujourd'hui ce que j'ai déjà dit devant certains d'entre vous lors d'une " rencontre du lundi ", à l'Atelier de campagne : j'exclus solennellement toute privatisation de France Télévision, que prône la droite. Je soutiendrai le développement de nouvelles chaînes publiques sur le numérique hertzien. La télévision numérique terrestre apportera trente nouvelles chaînes aux Français ; j'ai voulu que plus de la moitié soient gratuites. Le nombre de chaînes auxquelles les Français auront accès sans payer sera donc triplé. Détrompant tous les pessimistes, l'appel d'offre public est un succès, puisque nous avons reçu 69 propositions.
· Je propose aussi la création d'un fonds de soutien aux chaînes associatives.
· Je veux aider le service public à assumer pleinement sa mission, qui est de permettre à tous les citoyens d'accéder à des contenus de qualité. Disant cela, je pense en particulier à la responsabilité de la télévision vis-à-vis de ceux de nos concitoyens pour qui elle est l'aliment culturel quotidien, parfois même exclusif.
· Je veux aider les petits projets, les petites structures, les jeunes créateurs.
4. Pour rapprocher la culture de tous les citoyens, je m'engage à mener une ambitieuse politique de démocratisation.
Celle-ci nécessite une plus grande décentralisation culturelle.
Paris est une grande capitale culturelle internationale dont il faut encore renforcer le rayonnement ; c'est ce que permet déjà l'ouverture du centre de création contemporaine du Palais de Tokyo.
· Je propose que soit réalisé un grand auditorium à La Villette couplé à la Cité de la Musique et au Conservatoire, dans le cadre d'un partenariat entre l'Etat, la Ville de Paris et la région Ile-de-France.
· Mais les grandes villes françaises ne doivent pas être en reste. Je m'engage à maintenir et compléter les équipements existants qui offrent à notre pays le réseau culturel le plus dense et le plus diversifié du monde. La création du Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée à Marseille, l'ouverture d'un Opéra à Lille, la construction de la Cité des Archives en Ile-de-France témoignent de cette volonté.
· Je pense aussi à tous les équipements plus " modestes " mais tout aussi essentiels pour nos concitoyens en régions. Aucun Français ne doit être éloigné d'une bibliothèque, d'un cinéma, d'un théâtre, d'une école de musique, d'un accès public à l'internet.
· Des lieux désaffectés -friches industrielles, halles, entrepôts- doivent être plus fréquemment mis à disposition de collectifs d'artistes.
· A l'exemple de ce que vient d'accomplir le maire de Paris, Bertrand DELANOE, on devra instaurer une gratuité totale pour l'accès aux collections permanentes des grands musées publics.
· L'Ecole a un rôle central à jouer pour transmettre l'héritage culturel, assurer un accès égal à la culture, pour développer l'esprit critique et éveiller la sensibilité de chaque enfant. Nous devons donner aux enfants, dès le plus jeune âge, le goût du beau.
5. Je m'engage à ouvrir la culture artistique aux jeunes.
· Rien ne remplace, chez les enfants, dès le plus jeune âge, l'éveil à la curiosité et la sensibilité artistiques. A l'initiative de Catherine TASCA et Jack LANG, le Gouvernement a déjà lancé un ambitieux plan d'éducation artistique. Je m'engage à l'amplifier en généralisant progressivement un enseignement artistique à part entière, du cours préparatoire à la terminale.
· Nous avons déjà acquis le principe de la gratuité des musées de l'Etat pour les moins de 18 ans. Je propose que soit créé un fonds de soutien à la création de programmes culturels de qualité à destination de la jeunesse : fiction, animation, documentaire, musique.
· Il faudra aussi développer le soutien aux " pratiques amateurs " qui regroupent six millions de personnes en France, dont de très nombreux jeunes.
· Il est injuste, notamment pour les jeunes qui ont un faible pouvoir d'achat, que certains biens culturels soient plus taxés que le livre. Je m'engage à défendre, auprès des instances européennes, l'application du taux réduit de TVA sur les CD et les DVD.
· L'Etat devra également soutenir les initiatives associatives et locales pour mettre à la disposition de notre jeunesse des lieux de création et de diffusion artistiques.
6. Je m'engage à faire avancer l'Europe de la Culture.
· Avant d'être un marché commun, une monnaie unique ou une construction politique sans précédent, l'Europe est un espace de civilisation. La culture en est le cur. C'est pourquoi je travaillerai à l'émergence d'un espace européen de l'éducation et de la culture, favorisant la mobilité des étudiants, des enseignants, des chercheurs et des créateurs.
· Je propose que soit créée une véritable chaîne européenne de télévision, sur le modèle réussi d'Arte.
· Je demanderai à nos partenaires de définir, pour épauler les politiques nationales, une politique européenne de la culture, notamment pour promouvoir des mécanismes de soutien à la création cinématographique, audiovisuelle et informatique. L'Europe doit être, sinon le Jardin d'Eden des créateurs, du moins l'espace du monde le plus fertile pour la création.
7. Je m'engage enfin à ce que la culture ait les moyens de ses ambitions.
· En 1997, j'avais dit que nous consacrerions au moins 1 % du budget de l'Etat à la culture. J'ai tenu cet engagement. Catherine TRAUTMANN, puis Catherine TASCA ont ainsi pu mener une politique ambitieuse. Les crédits consacrés au spectacle vivant ont progressé de 24 % en 5 ans, ceux d'investissement de 25 % sur la même période, les moyens accordés au service public audiovisuel de 35 %, ceux affectés aux enseignements et à l'éducation artistiques de 35 % également. Je m'engage à amplifier cet effort budgétaire, ce qui permettra notamment de développer l'action culturelle internationale, la distribution de bourses aux étudiants et la place du français dans le monde.
· N'en doutez pas : si la droite revenait au pouvoir, le budget de la culture serait à nouveau amputé. On ne peut pas à la fois promettre des baisses d'impôts massives -de surcroît réservées aux Français les plus aisés- et prétendre réduire très fortement le déficit budgétaire, sans tailler dans certaines dépenses publiques. Et pour la droite, le premier budget alors en ligne de mire serait celui de la culture ! En 1986, en 1993, en 1995 : à chaque fois elle a sacrifié le budget de la rue de Valois, y compris celui du patrimoine qu'elle prétend défendre mais dont elle a diminué les crédits que nous avons augmentés. Dans le domaine de la culture, le clivage entre la gauche et la droite est aussi un clivage budgétairecar apparemment la droite n'a pas lu Victor Hugo.
Cher(e)s ami(e)s,
La culture dément, de façon belle et vivante, le sombre tableau que le candidat du RPR brosse de la France. Non, il n'y a pas de déclin français, et surtout pas dans le domaine de la culture. Les artistes français obtiennent, en France et à l'étranger, des succès remarquables. J'observe qu'un artiste français, Pierre HUYGHE, a remporté un prix spécial de la Biennale de Venise, que Patrice CHEREAU a remporté l'Ours d'Or à Berlin pour Intimité, qu'Isabelle HUPPERT y a remporté le prix d'interprétation pour La Pianiste, qu'Amélie connaît un " fabuleux destin " partout dans le monde et je dis cela avant les Oscars. Je sais que, à travers la planète, on s'attache le concours de grands architectes français, tels Jean NOUVEL, Christian de PORTZAMPARC ou Paul ANDEUX. Des musiciens ou groupes français, tels Manu CHAO, DAFT PUNK, SAINT-GERMAIN ou AIR font battre les curs de jeunes du monde entier. Nathalie DESSAY triomphe sur toutes les scènes du monde. Voilà pour la création. Mais nos " classiques " continuent eux aussi de porter haut et loin le message de la culture française, à commencer par Victor HUGO qui est cette année fêté dans le monde entier.
En vous voyant réunis ici, je veux vous dire ma gratitude et ma fierté, mon émotion aussi. Je ferai tout mon possible pour être à la hauteur de la confiance que vous me témoignez. Par son engagement, aujourd'hui, chacun de vous m'apporte un peu de son enthousiasme, de son talent, de sa créativité, de sa constance. Je suis heureux de vous savoir à mes côtés dans cet engagement politique décisif. Ce moment est celui d'une aventure à la fois collective et individuelle. C'est l'occasion d'un tournant pour la France.
"Ensemble", nous pouvons prendre le chemin de l'innovation et de la création, le chemin de gauche.
"Ensemble", j'en suis convaincu, nous pouvons gagner et ouvrir à notre pays un nouveau temps de progrès, de beauté, d'enthousiasme, de création et de liberté.

(source http://www.lioneljospin.net, le 26 mars 2002)