Déclaration de Mme Brigitte Girardin, ministre de l'outre-mer, sur l'action en faveur des jeunes de l'outre-mer et le "passeport mobilité", mesure permettant aux étudiants et jeunes en formation d'effectuer un voyage aller-retour par an vers la métropole ou vers une autre collectivité d'outre-mer, Saint-Denis (La Réunion) le 25 juillet 2002.

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Circonstance : Voyage de Mme Girardin à La Réunion du 25 au 29 juillet 2002

Texte intégral

Je suis très heureuse d'être parmi vous ce soir.
J'ai tenu, à l'occasion de mon premier déplacement à la Réunion, pouvoir vous rencontrer, et faire de cet échange un moment fort de ma visite dans votre île. L'action en faveur des jeunes de l'outre-mer constitue en effet pour moi une priorité car vous êtes un formidable atout pour l'outre-mer, une richesse incomparable de ces collectivités et vous avez, je le sais, des attentes et des espoirs auxquels je veux répondre par mon action. Je n'ai pas le droit de vous décevoir.
Je sais toute l'importance de votre rôle, présent et à venir, dans cette région jeune et dynamique qu'est la Réunion. Vous souhaitez, et c'est légitime, pouvoir disposer des moyens de construire votre futur et celui de la Réunion. Vous voulez plus d'emplois, plus de formations, plus de filières d'études. C'est-à-dire, tout simplement, la possibilité de bâtir un projet, de tenir votre place dans la société. Je suis ici pour vous écouter et pour débattre avec vous des sujets qui vous préoccupent ou qui vous tiennent à coeur.
Pouvoir vous assurer les conditions d'accès à une formation - initiale ou continue - adaptée à l'emploi est, pour moi, un objectif majeur. Sans jeunes suffisamment bien formés, comment en effet les entreprises réunionnaises pourraient-elles recruter selon leurs besoins ? Comment pourraient-elles engager la nécessaire adaptation de leurs structures aux mutations de notre monde ? Comment ne seraient-elles pas tentées de recruter d'autres que vous ? Votre dynamisme est un atout incontestable, qu'il faut valoriser par la formation, pour vous permettre de prendre votre place sur le marché de l'emploi.
La Réunion dispose d'ores et déjà de filières de formation de grande qualité. Son université, première université francophone de l'Océan indien, son institut universitaire de technologie, son institut d'administration des entreprises et son institut universitaire professionnel, dispensent des enseignements reconnus.
Pour certains d'entre vous cependant, il est nécessaire de se rendre en métropole pour suivre des formations qui ne sont pas dispensées ici. Bien des jeunes d'outre-mer vivent, comme vous, cette situation. Ainsi, chaque année, 11 000 étudiants ultramarins environ, résident en métropole le temps de leurs études et quelques 5000 autres jeunes viennent y suivre une formation professionnelle.
Le coût du transport aérien représente alors une charge financière importante, je dirai même insupportable, partiellement prise en charge par l'Etat et certaines collectivités. A cet égard, je sais l'effort consenti ici par la Région et par le Conseil général. Afin de favoriser votre mobilité, et conformément à l'engagement pris par le Président de la République pendant la campagne des élections présidentielles, l'Etat va consentir un effort supplémentaire : je vous annonce que le " passeport mobilité " sera mis en place à partir du 1er septembre prochain et que vous pourrez donc en bénéficier à compter de cette date. Alors même qu'il nous faudra un à trois mois supplémentaires pour régler les détails techniques de ce dispositif dans toutes les collectivités d'outre-mer, j'ai souhaité cette entrée en vigueur rétroactive au 1er septembre pour donner plein effet à une mesure dont l'efficacité est bien sûr plus grande en période de rentrée scolaire et universitaire.
Elément important de la continuité territoriale entre l'outre-mer et la métropole à laquelle je suis très attachée, et que je m'emploie à défendre au plan national et européen, le " passeport mobilité " doit être pour vous un atout supplémentaire pour vous permettre d'acquérir une formation en dehors de la Réunion.
Concrètement, le " passeport mobilité " va prendre la forme d'un complément de financement aux aides existantes, afin de parvenir à la gratuité du transport aérien à l'occasion de vos déplacements vers la métropole ou vers une autre collectivité d'outre-mer pour y suivre une formation.
Certains parmi vous viennent d'ores et déjà de bénéficier d'une mesure de ce type : à l'occasion de mon premier déplacement aux Antilles en effet, j'ai été saisie du problème que posait aux familles le financement du voyage pour la métropole de leurs jeunes admissibles aux concours de grandes écoles. J'ai immédiatement demandé l'examen d'une mesure de prise en charge par l'Etat du coût de ces déplacements pour l'ensemble des jeunes d'outre-mer. Nous avons alors, dans l'urgence, trouvé des solutions. Je profite ici de l'occasion qui m'est donnée pour remercier tous ceux qui ont contribué à faire de cette opération un succès, et notamment les opérateurs de la mobilité que sont l'ANT et le CNARM. Pour la Réunion, nous avons ainsi apporté une réponse rapide à 209 jeunes, dont 88 étudiants des classes préparatoires des Lycées de Bellepierre et Leconte de l'Isle admissibles aux concours nationaux, 103 élèves ayant passé l'admissibilité du concours de l'IUFM et 18 jeunes qui se sont présentés aux concours communs des écoles de santé des armées.
Le " passeport mobilité " vise à pérenniser cette prise en charge du coût de vos déplacements dans le cadre de vos études ou des formations professionnelles que vous devez suivre. Il concernera trois catégories de jeunes :
Les jeunes de moins de 26 ans qui doivent se rendre en métropole pour y suivre une formation universitaire parce que la filière qu'ils ont choisie n'existe pas là où ils résident ou qu'ils n'ont pu y trouver une place ;
Les jeunes de 18 à 30 ans qui, dans le cadre d'un parcours de formation ou d'insertion professionnelle, ont, eux aussi à se rendre en métropole ;
Les jeunes, candidats admissibles à des épreuves de concours organisées uniquement en métropole : concours d'entrée des grandes écoles, concours des catégorie A et B des 3 fonctions publiques.
Le principe du " passeport mobilité " sera simple : chaque jeune concerné aura droit à la prise en charge d'un voyage aller-retour par an vers la métropole ou vers une autre collectivité d'outre-mer.
Par la mise en oeuvre de cette mesure destinée à favoriser la mobilité des jeunes d'outre-mer, l'Etat n'entend pas se substituer aux collectivités locales ou aux acteurs traditionnels de la mobilité qui, vous le savez, jouent un rôle essentiel en ce domaine et je tiens à saluer tout particulièrement à La Réunion l'action du CNARM qui mène des actions très performantes en la matière. En revanche, l'Etat veut être, à leur côté, un partenaire, contribuant à apporter le complément indispensable pour que vous puissiez bénéficier de la totale gratuité de vos déplacements liés à votre formation. Je signerai une convention avec chaque acteur de votre mobilité.Je vous propose d'ailleurs, MM. les Président du Conseil régional, du Conseil général et du CNARM, qu'à l'occasion de mon prochain voyage à la Réunion en septembre pour participer à l'Assemblée des Conseils Généraux (les 18 et 19 septembre) nous signions les premières conventions de ce type, traduisant l'engagement de l'Etat à vos côté pour mettre en oeuvre le " passeport mobilité " des jeunes réunionnais.
Je pense qu'il n'est pas inutile de préciser, à ce niveau de mon propos que le " passeport mobilité " n'a pas vocation, non plus, à fragiliser ou à affaiblir l'Université de la Réunion, qui, forte de plus de 10 000 étudiants, dans de très nombreuses disciplines, donne, je l'ai dit, un enseignement de très grande qualité, dont la réputation n'est plus à démontrer dans le grand bassin de l'Océan Indien. Au contraire, le " passeport mobilité " a pour vocation de contribuer à compléter utilement l'éventail de formation universitaire offert à l'étudiant réunionnais en lui permettant de poursuivre plus facilement la continuation de son cursus universitaire en direction des autres collectivités de l'outre mer ou de la métropole, je pense, particulièrement, à la filière médecine.
Avec le " passeport mobilité ", je souhaite qu'il vous soit donné le moyen de mieux vivre votre mobilité universitaire ou professionnelle. Il doit être pour vous une chance supplémentaire de réussite.
Votre jeunesse est la première richesse de votre île. Je veux vous aider à prendre en mains votre avenir, vous aider à accéder à l'emploi, à des fonctions qui exigent des qualifications et à des métiers que vous choisirez librement ou que vous avez déjà choisis. Tel est notamment le sens que je donne à l'égalité économique entre l'outre-mer et la métropole.
(Source http://www.outre-mer.gour.fr, le 31 juillet 2002)