Déclaration de Mme Michèle Demessine, secrétaire d'Etat au tourisme, sur le succès des Logis de France, reposant notamment sur l'existence d'une charte de qualité, la mise en place du réseau de réservation informatique RESINFRANCE, les possibilités de créations d'emploi dans le secteur du tourisme grâce au passage aux 35 heures, Brive, le 11 octobre 1999.

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Circonstance : Congrès national des Logis de France, à Brive, le 11 octobre 1999

Texte intégral

Madame la Présidente
Mesdames, Messieurs

C'est un grand plaisir pour moi d'être parmi vous, aujourd'hui, dans cette très belle ville de Brive, et je voudrai, dans un premier lieu, vous remercier, Madame la Présidente, pour m'avoir invitée à participer à votre congrès.

Vous m'offrez ainsi l'occasion de vous féliciter et, à travers vous, de féliciter l'ensemble des membres du réseau national des Logis de France pour le dynamisme de votre association qui fête, cette année, son 50ème anniversaire.

Félicitations, donc, pour ce demi-siècle d'existence passé à fédérer les énergies pour parvenir à construire cette formidable chaîne dont chaque maillon participe de l'image d'une France où la qualité de sa gastronomie et le charme de ses hôtels-restaurants n'est pas un vain mot.

Premier mouvement professionnel ayant, dès 1949, élaboré une charte de qualité, les Logis de France sont, aujourd'hui, une référence incontournable pour la clientèle touristique française et étrangère, qui, attirée par votre enseigne verte et jaune, sait qu'elle trouvera, en passant la porte des établissements qui l'arborent, un accueil et des services d'une très grande qualité.

Cet engagement en faveur de la qualité... La volonté et la ténacité avec lesquelles vous avez réussi à mobiliser et à aider, au travers de votre association, des milliers d'hôteliers et restaurateurs indépendants désireux d'adapter leurs prestations à l'évolution des attentes de leur clientèle... Mais, également, le souci que vous avez eu d'associer à cette action les collectivités territoriales et les chambres consulaires... expliquent, sans doute, l'ascension exceptionnelle qu'a connu votre mouvement depuis qu'il a vu le jour, en Auvergne.

C'est, en fait, très exactement, du Pays du Velay que l'idée est partie, faisant ensuite, au fil du temps, boule de neige, jusqu'à ce que vous parveniez à créer, par un travail rigoureux et une exigence constante de progrès, cette grande chaîne de compétences qui, avec les Logis d'Europe, s'impose comme la première chaîne de l'hôtellerie indépendante dans le monde, et constitue, à mes yeux, un dispositif d'avenir... Presqu'un exemple pour l'ensemble des hôteliers et des restaurateurs indépendants.

Et c'est cette démarche volontaire exemplaire et résolument moderne que je tenais à saluer par ma présence, parmi vous, aujourd'hui. Et ce, d'autant que, comme vous le savez, la fédération des acteurs du tourisme en faveur d'une plus grande qualité de l'offre française est, pour moi, une condition indispensable, non seulement au développement de l'économie touristique dans notre pays, mais également si nous voulons continuer d'offrir le meilleur de notre savoir-faire à nos concitoyens et à tous nos visiteurs étrangers.

La qualité : c'est en effet déjà un peu l'image de marque de la France. Mais cela peut l'être encore davantage si nous conjuguons nos efforts.

Elle est, en tout cas, ce sur quoi nous devons pouvoir nous appuyer pour conforter notre place de 1ère destination touristique au monde, dans un contexte où chacun a l'occasion de constater combien la concurrence internationale se fait de plus en plus vive, notamment avec l'intrusion du commerce en ligne.

C'est pourquoi, à la veille de ce passage symbolique en l'an 2000, qui nous ouvrira les portes du 3ème millénaire, je tenais à vous féliciter pour l'ardeur que vous mettez à renforcer la qualité de votre enseigne et vous encourager à poursuivre dans cette voie...

Je pense là, tout particulièrement à cette nouvelle démarche de contrôle-qualité que vous avez souhaité initier, en faisant désormais appel à un opérateur extérieur... Démarche qui, à mon sens, ne peut qu'améliorer l'image des Logis de France, tout en permettant à vos 3.682 professionnels-adhérents de moderniser encore davantage leur offre, puisque vous avez souhaité que la mise en place de ce dispositif - auquel, d'ailleurs, j'ai souhaité que mon ministère apporte un soutien financier - s'accompagne d'un plan formation.

Mais je pense aussi à cette nouvelle grille que vous êtes en train d'élaborer pour l'an 2000 et qui mettra l'accent sur la qualité de la Table Logis de France, favorisera la synergie entre chaque maillon de votre chaîne et prendre en compte les nouvelles technologies, tant en terme de communication qu'en terme d'équipements.

Cette grille 2000 favorisera également une meilleure prise en compte de l'évolution des aspirations des hommes et des femmes d'aujourd'hui... Et, là encore, je ne peux que vous en féliciter.

Je tiens également à souligner votre implication active aux deux groupes de travail " Qualité-Environnement " et " Marques et Labels ", animés par l'Agence Française d'Ingénierie Touristique (A.F.I.T.).

L'engagement de votre fédération dans ces deux groupes de travail, toute votre participation, depuis 1998, à la campagne " Bonjour ", constitue - je dois le dire - une richesse et un apport considérable à la réflexion que j'ai engagé pour mettre la qualité de l'accueil au cur des préoccupations du secteur d'activités, dont j'ai la charge, depuis maintenant un peu plus de deux ans.

Cette qualité de l'accueil, vous l'avez d'ailleurs mise, vous-mêmes, au cur de votre congrès, en lui consacrant, ce matin, une table-ronde, et je m'en réjouis. Tout comme je me réjouis de tout ce qui vient d'être dit sur la nécessité d'intégrer les nouvelles technologies pour mieux commercialiser vos produits hôteliers.

L'essor considérable de ces nouvelles technologies est, en effet, un enjeu de taille, pour le secteur du tourisme, et je partage l'idée qu'il nous faut investir pleinement ce domaine et apprendre à tirer le meilleur de la puissance de communication que nous offre, par exemple, un outil comme Internet.

Le développement de l'outil informatique et les nouvelles habitudes de consommation de nos concitoyens, mais aussi de nos amis étrangers, sont autant d'éléments dont les acteurs du tourisme se doivent de tenir compte si nous voulons faire face aux défis de l'avenir, et notamment à cette multiplication des flux touristiques internationaux annoncés par l'Organisation Mondiale du Tourisme.

Cet enjeu, vous l'avez bien compris et intégré, comme en témoigne la centrale de réservation grand public que vous avez mise en place depuis le 1er janvier de cette année et vous encourager dans le projet qui est le votre de créer un site Logis de France sur le net.

En témoigne également, la décision que vous avez prise de diffuser encore plus largement votre guide, qui devient désormais gratuit, en passant son tirage de 180.000 à plus de 500.000 exemplaires.

Le Logis de France, dont la notoriété dépasse largement nos frontières puisque vous êtes programmés par pas moins d'une centaine de Tour Opérateurs à travers le monde, trouveront là - j'en suis certaine - un dispositif encore plus efficace pour assurer leur promotion auprès des différents publics.

Par ailleurs, vous avez pris, avec raison, des dispositions pour que l'ensemble des adhérents de votre Fédération puissent accepter les Chèques-Vacances comme titre de paiement.

Cela contribue aujourd'hui, à la fois à la bonne fréquentation de vos établissements par les touristes français, mais aussi à un accès plus large de nos concitoyens à des vacances de qualité.

Comme vous le savez, j'ai souhaité que les salariés des PME-PMI puissent, eux aussi, désormais, bénéficier de cette aide au départ en vacances. Depuis l'adoption de la loi entérinant cette extension, ce sont 7, 5 millions de salariés supplémentaires, ainsi que leur famille, qui peuvent y accéder... Et je suis convaincue que cela ne manquera pas d'avoir des conséquences sur votre activité.

Contribuer à répondre aux besoins et aux attentes de nos concitoyens et de nos visiteurs étrangers, tout en essayant de favoriser le développement de l'économie d'un secteur créateur d'emplois et de richesses, est, d'ailleurs, tout ce qui guide mon action.

C'est le sens, par exemple, de cette extension des chèques-vacances, mais c'est le sens également de mesures, telles que celles concernant le classement des meublés ou encore la réforme du classement des restaurants de tourisme, qui vous intéresse plus directement, car cette mesure, gérée en concertation avec les professionnels et combinée à une politique de label, constitue un véritable outil de reconnaissance de la qualité et de la diversité de la cuisine française, en enrichissant l'image d'une France - pays de la gastronomie.

Mais c'est aussi le sens de la mise en place du réseau de réservation informatique RESINFRANCE, dans lequel - profitant de l'occasion qui m'est donnée aujourd'hui - je souhaitais vous encourager vivement à prendre place, en complément des actions de promotion que vous menez.

En effet, ce système de réservation national constitue une évolution importante dans la stratégie de présence et de communication de la France auprès de ses principaux marchés, notamment parce que Maison de la France en fait l'un de ses outils de référence.

Comme vous le savez, RESINFRANCE fonctionne déjà, depuis plusieurs mois et facilite, indéniablement, auprès du grand public, la commercialisation mais également la lisibilité de l'offre du tourisme français et, surtout, de ce qui en fait sa richesse. J'entends par-là: sa diversité... Une diversité que vous incarnez également en étant présent sur tout le territoire français.

Mais si je tiens à souligner la contribution que vous apportez à l'aménagement du territoire et au développement local, par la valorisation de toutes les régions où vous êtes représentés, je voudrais cependant - si vous me le permettez - vous inviter à réfléchir à une plus grande ouverture de votre enseigne à l'hôtellerie traditionnelle des villes.

En effet, si l'on voit apparaître une hôtellerie de chaîne en périphérie, la petite hôtellerie de centre-ville doit aujourd'hui se dynamiser pour répondre à une demande plus forte de tourisme culturel et de tourisme urbain. Il lui faudra donc se moderniser et intégrer des réseaux comme le votre peuvent l'y aider.

Dans cette démarche, comme dans d'autres, les services de mon administration seront à vos côtés.

Mais pour l'heure - et ne pas être trop longue - je ne saurai conclure sans rappeler combien, pour moi, la qualité de l'offre touristique française - que depuis maintenant un demi-siècle vous défendez - est inséparable de la qualité des hommes et des femmes qui la servent.

Vous qui êtes, pour la plupart, responsables d'établissements d'une quinzaine ou d'une vingtaine de chambres, et assurez, en moyenne, une soixantaine de couverts par jour, savez combien les hommes et les femmes qui travaillent dans le tourisme sont parfois soumis à des horaires difficiles, alors même qu'ils uvrent dans un domaine où il est en permanence question de sourire, de bonheur et d'épanouissement individuel.

Pour ma part, en tout cas, je sais l'investissement et les sacrifices que ces métiers requièrent.

C'est pourquoi, tout comme la qualité et la diversification de nos produits touristiques, la qualité des emplois de ce secteur est pour moi une priorité... Et ce, d'autant que j'entends, souvent, lors de mes déplacements sur le terrain, les restaurateurs et les hôteliers déplorer de manquer de main d'uvre.

Améliorer l'image des métiers du tourisme devient, dès lors, une nécessité.

L'initiative que j'ai prise en faveur de l'amélioration des conditions de travail et de vie des saisonniers devrait y contribuer, au même titre que tous les efforts que nous pourrons accomplir pour permettre aux salariés de pouvoir se former tout au long de leur carrière.

Mais je tenais, plus particulièrement à vous dire, aujourd'hui, combien je crois que le mouvement de réduction du temps de travail, dans lequel la société tout entière s'engage, constitue une chance pour le secteur du tourisme.

D'abord, parce qu'avec les 35 heures, nos concitoyens auront davantage de temps libéré et on peut légitimement penser que cela ne sera pas sans conséquence sur l'activité touristique et les loisirs, notamment en ce qui concerne le tourisme de proximité.

Ensuite, parce que la mise en place de la réduction du temps de travail peut - je le pense sincèrement - améliorer sensiblement cette qualité des emplois et donc l'image de ces métiers, dont je viens de parler, même si, bien évidemment, je ne sous-estime pas les difficultés que celle-ci entraînera dans vos entreprises.

C'est pourquoi, je me réjouis de voir les professionnels du secteur s'engager progressivement dans cette voie de la réduction du temps de travail...

A titre d'encouragement, je citerai les premiers résultats d'une enquête menée, ici même, dans le LIMOUSIN, auprès d'un panel représentatif du secteur de l'hôtellerie-restauration, et qui fait apparaître que le passage aux 35 heures ne constitue pas un handicap pour ces entreprises.

Ces premiers résultats révèlent en effet que, grâce au soutien apporté par le gouvernement, leur mise en uvre, dans ces entreprises, permettrait d'augmenter de 20 % le nombre d'emplois, en conservant la même masse salariale, voire en la diminuant de 1 à 2 %. Ce qui aurait pour conséquence d'améliorer, du même coup, la rentabilité.

Alors, bien sûr, cela impliquera un effort pour repenser l'organisation du travail... Mais, là encore, dans cet effort, vous pouvez êtres assurés que les services de l'État sont là pour vous accompagner.

Pour vous soutenir, j'ai d'ailleurs souhaité lancer une action pilote dans 8 départements - action, dans laquelle s'inscrit l'enquête dont je viens de parler .

L'idée est justement d'analyser comment, dans les entreprises de l'hôtellerie et de la restauration, au plus près du terrain, ce passage aux 35 heures pourra se faire, et, surtout, par quelles mesures nous pourrons les y aider afin qu'elles en tirent le meilleur bénéfice.

Cette analyse fine de la situation - au plus près de vos entreprises, j'y insiste - permettra, en effet, de définir les besoins d'investissement nécessaire à la modernisation d'un secteur essentiel à l'économie touristique de notre pays.

C'est, en tout cas, comme cela que je le conçois... et, pour cela, que j'ai souhaité, d'une part, la relance d'un fonds de garantie en faveur de la modernisation de la petite hôtellerie, et d'autre part, que les Contrats de Plan, dont nous discutons actuellement pour définir la politique à mettre en uvre dans les régions pour les 7 ans à venir, fassent une véritable place au développement du tourisme et de vos entreprises.

Mais, dès mon arrivée - comme vous le savez - j'ai souhaité répondre à une demande forte de votre profession : celle de mettre en place un nouveau dispositif sur la redevance audiovisuelle.

Ce dispositif - dont j'ai le plaisir de vous annoncer qu'il est en vigueur depuis le 1er septembre dernier - prévoit un abattement de 30% sur la redevance pour chacun des postes de télévision, du 3ème au 30ème poste, puis un abattement de 35 % à partir du 31ème... Ce qui devrait alléger d'autant les charges des hôteliers.

Dans le même esprit, le Gouvernement, conscient que la taxe professionnelle pèse d'une manière pénalisante sur un secteur employant énormément de main d'uvre, a décidé - comme vous le savez - de supprimer progressivement la fraction des salaires sur laquelle cette taxe était jusqu'à présent imposée.

Et ce n'est pas là - je le crois - une moindre mesure, puisque l'impact pour l'hôtellerie et la restauration se ressentira, dans sa montée en charge, par des économies significatives, pour chacune des entreprises.

C'est encore parce que j'entends bien les besoins soulevés en matière d'évolutions réglementaires, qu'après avoir travaillé sur le problème qui m'avait été soumis à propos de la redevance audiovisuelle, mon administration planche actuellement sur l'évolution du Code des Débits de Boisson, ou encore sur le problème de la sécurité des parkings d'hôtels.

Et croyez bien que j'entends également la demande de réduction de la T.V.A. qu'expriment les restaurateurs.

Comme vous le savez, sur le plan européen, comme au niveau national, les réflexions se poursuivent, cependant - si vous le permettez - je voudrai vous dire que je pense sincèrement que, dans ce secteur à forte intensité de main d'uvre, il est bien plus important de continuer de travailler sur le poids des charges sociales et financières, qui freinent la création des emplois nécessaires pour développer l'activité des entreprises.

Car là est bien l'enjeu, aujourd'hui, autant pour le pays, que pour le secteur du tourisme qui est - j'en suis convaincue - un formidable vivier d'emplois:

Dans ce secteur, ce sont, en effet, des centaines de milliers d'emplois qui doivent et peuvent être créés... Des centaines de milliers d'hommes et de femmes qui peuvent être embauchés et mettre, ainsi, leur expérience, leurs compétences et leur savoir-faire au service de la qualité du tourisme français!

Et ce, d'autant que tout, dans le contexte actuel, tout nous y invite, à commencer par les excellents résultats encore enregistrés cette année.

D'ailleurs, pour finir, je souhaiterai associez tous les Logis de France au premier bilan de la saison touristique 1999, qui, visiblement, aura été un bon cru.

Cette saison n'est, en effet, pas encore terminée, que, déjà, nous avons battu le record établi, l'an dernier, avec plus de 70 millions de visiteurs étrangers... Et, tout laisse à penser que les célébrations de l'an 2000 en France, qui se dérouleront sur l'ensemble du territoire, pendant plus de 12 mois, profiteront encore à notre économie touristique nationale.

Je souhaite, pour ma part, que ces festivités nous permettent encore de démontrer la qualité de l'accueil français. Cette qualité que les Logis de France ont été des premiers à incarner.

Je vous souhaite donc, à toutes et à tous, un très bon anniversaire et que ce passage à l'an 2000 confirme encore votre succès.

Je vous renouvelle encore toutes mes félicitations pour la volonté que vous mettez à fédérer vos énergies et vous assure, une nouvelle fois, que vous pourrez me trouver à vos côtés dans toutes les initiatives que vous entreprendrez pour développer encore la qualité de votre offre, notamment dans vos efforts d'adaptation aux mutations technologiques.

Je vous remercie et encore: " Joyeux anniversaire! "
(Source http://www.tourisme.gouv.fr, le 21 octobre 1999)