Déclaration de M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement, sur le bilan de la sécurité routière pour l'année 1999 et la campagne d'information gouvernementale destinée à améliorer la prévention routière, Paris, le 20 mars 2000.

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Circonstance : Présentation du bilan annuel 1999, à Paris, le 20 mars 2000

Texte intégral

Il y a un an, je vous présentais le bilan de la sécurité routière pour l'année 1998. Non seulement, il était mauvais mais pour la première fois depuis de nombreuses années, la situation s'était dégradée par rapport à l'année précédente.
En 1999, nous assistons à une amélioration. C'est plus de quatre cents vies qui ont été épargnées par rapport à 1998. Je puis aussi vous annoncer une baisse sensible du nombre de blessés graves : 2126 en moins par rapport à 1998.
Avec 124 524 accidents corporels, 8 029 morts, nous retrouvons des chiffres proches de 1997 même si la situation concernant les blessés graves est en amélioration non seulement sur 1998 mais aussi sur 1997.
Avant de parler de l'avenir, je souhaite d'abord faire quelques commentaires sur les chiffres de l'année passée et vous rappeler les grandes lignes des actions menées en 1999.
Plus de 400 vies sauvées en 1999, c'est un résultat encourageant qui marque bien le début d'un renversement de tendance.
Or, ce résultat a été obtenu dans un contexte de reprise économique notamment dans le secteur automobile. Cette reprise a eu pour effet d'augmenter sensiblement le nombre de véhicules et de kilomètres parcourus.
Par ailleurs, 1999 a aussi été une année particulièrement forte pour le tourisme en France. Je m'en réjouis avec ma collègue Michelle DEMESSINE : le territoire national a ainsi reçu 71 millions 400 000 visiteurs étrangers.
L'ensemble de ces éléments explique sans doute que la circulation sur le réseau national n'a jamais été aussi forte qu'en 1999, en augmentation de 4,2 % par rapport à 1998.
Dans ce contexte, faire baisser le nombre de tués et de blessés graves n'était pas un combat gagné d'avance.
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Les actions que nous avons menées en 1999, expliquent au moins pour partie, ce mouvement vers plus de sécurité sur les routes. Permettez-moi d'en rappeler les grandes lignes.
Le comité interministériel du 2 avril 1999, avec la présence du Premier ministre et celle d'Isabelle MASSIN, déléguée interministérielle à la Sécurité Routière, a notamment décidé d'améliorer l'efficacité des contrôles et des sanctions, de mettre en place des plans de prévention de risques routiers, j'y reviendrai et d'instaurer un contrôle de sécurité des nouvelles infrastructures.
La loi que j'ai fait adopter le 18 juin dernier, va faire en sorte que les conducteurs novices ayant commis une grave infraction au code la route puissent compléter leur formation. Cette loi doit permettre d'améliorer les conditions de l'enseignement de la conduite automobile, de lutter efficacement contre les vitesses excessives les plus importantes et de renforcer l'égalité de tous devant les contrôles. Cette loi était nécessaire. La France dispose désormais d'un dispositif juridique comparable à ceux des autres pays européens.
Je me permets de revenir sur l'une des deux mesures de cette loi qui sont d'application immédiate, c'est à dire la création d'un délit en cas de récidive dans l'année pour un excès de vitesse (plus de 50km/h par rapport aux vitesses autorisées).
Je vous informe que depuis la parution de la loi, plusieurs milliers de personnes (de l'ordre de 20 000) ont été interpellées par les forces de l'ordre après un excès de vitesse de plus de 50 km/h. Elles risquent donc une amende de 10 000 F et une perte de 4 points.
Elles risquent aussi d'être poursuivies pour le délit de récidive, si elles se font reprendre après un nouvel excès de vitesse de 50 km/h dans les 12 mois qui suivent la première condamnation.
Je veux maintenant évoquer les campagnes de communication que nous avons menées l'année dernière. J'ai voulu que leur ton soit plus direct, percutant, mettant le spectateur en face avec la réalité de l'accident. Il est bien évidemment impossible de mesurer avec précision leur impact mais, notamment en ce qui concerne le spot télé tourné par Raymond DEPARDON, qui a été diffusé 530 fois pendant 3 semaines sur l'ensemble des chaînes nationales, les réactions ont été très positives.
Nous avons aussi voulu que nos campagnes proposent des solutions et c'est le sens de celle consacrée au conducteur désigné, qui a été fort bien accueillie par les jeunes, et qui a été reprise, amplifiée par de très nombreuses associations.
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J'ai envie de dire qu'au cours de l'année écoulée, nous avons planté des jalons. Mais nous devrons poursuivre et amplifier notre action pour qu'une nouvelle étape soit franchie.
Mon objectif, celui du Gouvernement, vous le savez, est de diminuer de moitié par rapport à 1998, le nombre de tués sur les routes en 5 ans.
La situation actuelle est inacceptable.
Au côté d'informations plutôt encourageantes, d'autres sont très préoccupantes dans ce bilan 1999.
Le nombre de cyclomotoristes (petites cylindrées) tués sur les routes a encore augmenté cette année : 466 tués contre 418 l'année dernière.
307 cyclistes ont trouvé la mort sur la route contre 301 en 1998.
Le taux de tués en moto, c'est à dire le nombre de tués par million de moto continue à être quatre fois supérieur aux taux de tués en voiture même si en absolu le chiffre est resté stable (901 tués).
La vitesse reste une cause majeure des accidents. Les vitesses moyennes enregistrées sont en constante augmentation depuis plusieurs années et 1999 ne fait pas exception à la règle.
Je vais laisser la Direction de la Sécurité et de la Circulation Routières vous présenter le détail du bilan 1999 mais je voudrai terminer sur ce point en soulignant que pour le même nombre de kilomètres parcourus au volant, les femmes ont 2,6 fois moins de risque d'être tuées que les hommes, ont 2,5 fois moins de points retirés, sont 6,2 fois moins condamnées pour des délits. Si la majorité des femmes adoptent une conduire apaisée pourquoi les hommes n'y arriveraient-ils pas ?
J'en viens maintenant à nos projets pour 2000.
Le Premier ministre a décidé de faire de la sécurité sur la route la Grande Cause nationale de l'an 2000.
Grande cause nationale signifie pour moi, prise en compte par l'État mais aussi par les associations, par les entreprises, par tous, d'un problème majeur auquel il nous faut ensemble trouver les solutions.
Un collectif de treize associations s'est constitué et souhaite mener tout au long de l'année une action particulière pour susciter l'engagement personnel de chacun.
Nous voulons aussi construire un ensemble de partenariats avec les entreprises. La première cause de mortalité dans les accidents du travail, c'est l'accident de la circulation. La Caisse Nationale d'Assurance Maladie et les caisses régionales ont fait de la prévention du risque routier un de leurs thèmes prioritaires d'action. Le Premier Ministre tient à ce que dans ce domaine, les services de l'État soient exemplaires. Il a demandé par une circulaire publiée au Journal Officiel le 7 mars, à chaque service de l'État d'élaborer un tel plan.
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Nous allons aussi renouveler l'effort de communication mené l'an dernier. La semaine prochaine, nous vous présenterons un ensemble de témoignages réalisés avec Raymond DEPARDON qui seront diffusés prochainement sur TF1. Au-delà de l'émoi que suscite l'accident, que l'on soit un inconnu ou une vedette, ces témoignages rappelleront que les solutions existent et que la fatalité n'est pas la cause de l'accident. Des partenariats sont en cours de discussion avec d'autres chaînes de télévision pour organiser des émissions sur le thème de la sécurité routière.
La dernière semaine du mois d'octobre sera la semaine de la sécurité sur la route. Diverses manifestations seront organisées sur l'ensemble du territoire en collaboration avec le collectif d'associations dont je vous ai parlé tout à l'heure.
En parallèle à ces actions, les décisions prises aux CISR de 1997 et 1999 continuent, bien entendu, à être réalisées concrètement sur le terrain et à être développées. Je pense par exemple aux nouvelles glissières motards qui doivent être progressivement installées sur les points les plus sensibles du réseau national cette année.
Au-delà de tout cela qui reste essentiel, je voudrais qu'au cours de cette année 2000, nous obtenions ensemble que chacun de nos concitoyens se dise, "la sécurité sur la route, c'est mon affaire". Je sais l'intérêt que la presse porte à ce sujet. Je ne peux que souhaiter qu'elle s'associe largement à ce mouvement général de mobilisation
Je vais maintenant passer la parole à Jean CHAPELON, secrétaire général de l'Observatoire National Interministériel de Sécurité Routière, qui va vous présenter les traits saillants du bilan 1999.

(source http://www.equipement.gouv.fr. le 23 mars 2000)