Texte intégral
Madame et Messieurs les Sénateurs,
Mesdames, Messieurs les Députés,
Monsieur le Président du Conseil Régional,
Monsieur le Président du Conseil Général, Monsieur le Maire,
Mesdames, Messieurs
C'est avec grand plaisir que je participe à Toulouse à l'inauguration de l'édition 1998 du SITEF consacrée à la société de l'information et à la conclusion du forum "Internet et PME/PMI" organisé par le Ministère chargé de l'Industrie et la Chambre de Commerce et d'Industrie de Toulouse. Les nouvelles technologies de l'information constituent un thème d'avenir mais pas un thème futuriste. La bataille est déjà largement engagée par les entreprises. Les pouvoirs publics ont, de plus en plus, un rôle d'impulsion et de coordination à jouer notamment pour les PMI.
Nous nous trouvons face à une formidable opportunité pour stimuler la croissance et créer des emplois. J'ai donc la volonté de mener une action déterminée pour faire résolument entrer les entreprises françaises dans la société de l'information.
Les enjeux des nouvelles technologies de l'information sont majeurs et concernent tous les aspects de notre vie sociale, culturelle et économique. Qu'il s'agisse d'éducation en mettant les richesses du multimédia au service de l'enseignement ou de santé avec la télémédecine, il n'y a guère d'activité dans notre société qui ne soit pas concernée.
Elles sont l'une des clés de la compétitivité et de la réussite dans une économie globalisée et mondialisée :
- tout d'abord, la clé des gains de productivité, générateurs de compétitivité sur le terrain des coûts (les réseaux internes de type intranet et externes de type internet accélèrent et intensifient les flux d'information, et permettent la mise en uvre d'une véritable fonction d'"intelligence économique" au sein de l'entreprise tout en économisant les investissements vains) ;
- ensuite, la clé d'une amélioration de la qualité, qui fidélise le client, dans les services comme dans l'industrie ;
- enfin, la clé d'une consommation nouvelle, grâce au commerce électronique ;
Mais, les technologies de l'information et de la communication ont une portée qui va également au delà de la simple logique de compétitivité :
- chaque entreprise retrouve des chances équivalentes sur tout le territoire. Les effets de rente liées aux localisations géographiques privilégies s'amenuisent ;
- elles permettent une optimisation de l'organisation du travail et ouvre ainsi la voie aux négociations avec les partenaires sociaux dans le cadre de la réduction du temps de travail.
Dans cette optique, en tenant compte des atouts dont la France dispose déjà, l'Etat peut jouer une rôle majeur :
- en favoriser le développement général des nouvelles technologies de l'information ;
- en soutenant leur diffusion plus spécifiquement dans les PME-PMI.
1) La politique du Ministère chargé de l'Industrie en faveur du développement général des technologies de l'information s'articule autour de quelques priorités :
Il y a bientôt un an, le Premier ministre, Lionel JOSPIN a lancé un programme ambitieux pour l'entrée de la France dans la société de l'information et annoncé des décisions essentielles pour y parvenir.
Le Ministère chargé de l'Industrie y participe pleinement et il me revient de dire aujourd'hui les orientations qu'avec Dominique STRAUSS-KAHN nous avons prises en faveur des entreprises.
- Soutenir le développement du commerce électronique
Le développement du commerce électronique constitue un des enjeux essentiels pour la compétitivité des entreprises et connaît une accélération avec la croissance rapide d'Internet, en raison de son faible coût et de sa couverture mondiale. Les systèmes propriétaires disparaissent au profit d'Internet, et le commerce inter-entreprises se complète d'une offre vers les particuliers. Ceci introduit un changement radical dans les conditions de concurrence en favorisant l'apparition de nouvelles règles du jeu pour les entreprises et notamment les PME/PMI qui disposent ainsi d'un accès plus facile aux marchés, notamment à l'exportation.
Dès 1997, le Gouvernement a mesuré l'importance de cet enjeu et le Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie a demandé à M. Francis LORENTZ un rapport sur le commerce électronique. Ce rapport a été rendu public en janvier dernier et a conduit en mai dernier à 10 mesures pour le développement du commerce électronique en France.
Si le développement d'Internet et du commerce électronique repose d'abord sur les initiatives du secteur privé, l'Etat a des responsabilités.
Il doit mettre en place un cadre juridique clair et stable pour les consommateurs et les prestataires de service, favorisant la compétitivité des entreprises tout en protégeant les droits des consommateurs, les libertés individuelles et en luttant contre les usages illicites des réseaux. De nombreux travaux sont en cours dans les administrations, les priorités portant notamment sur les problèmes de preuve et de signature électronique, la cryptologie, la protection des données individuelles et les conditions de mise en oeuvre des nouveaux systèmes de paiement sécurisés.
Des travaux importants sont entrepris au niveau européen et international. Pour y contribuer, la France, seul membre de l'Union à l'avoir fait, a déposé auprès de ses partenaires européens un mémorandum sur le commerce électronique, rappelant les grands principes sur lesquels devraient s'appuyer les réglementations européennes, et proposant des priorités pour les travaux à conduire.
Dans le domaine particulier de la gestion d'Internet, la gestion des noms de domaine qui permettent d'identifier les serveurs Web, l'action conjointe au niveau européen a prouvé son efficacité et permis de contester les positions initiales du gouvernement américain, permettant de mieux prendre en compte les intérêts européens. Ce point revêt désormais une importance stratégique en raison du développement du commerce électronique. Lors de la conférence internationale d'OTTAWA sur le commerce électronique, j'ai rappelé l'importance de cet enjeu à mes interlocuteurs et c'est avec satisfaction que j'ai noté la nomination de Mme Géraldine CAPDEBOSQ, Directeur de la stratégie de BULL, au sein de la nouvelle organisation américaine chargée de la gestion des noms de domaine sur Internet.
- Favoriser le développement d'une offre française dans les NTIC
Mais ces initiatives doivent être accompagnées par une stimulation de l'offre de nouveaux services : il m'est apparu nécessaire de donner dans ce domaine un nouvel élan. C'est pourquoi, avec Dominique STRAUSS-KAHN, je viens de mettre en place un grand programme, appelé précisément "société de l'information" et doté de 300 MF, destiné à soutenir le développement de nouveaux services innovants. Notre action dans ce domaine doit être forte : avec moi il ne s'agit pas seulement de bonnes intentions mais d'une réorientation majeure de mes moyens budgétaires.
Ce programme poursuit deux objectifs. Le premier concerne des projets d'expérimentation de nouveaux services qui permettront de tester la viabilité notamment économique de nouvelles applications et offres de contenus. Le second porte, plus en amont, sur des projets d'innovation technologique, dont la finalité est de contribuer à la création et au développement de nouveaux usages des technologies de l'information et de la communication. Parmi les thèmes de recherche concernés, je citerai :
- la cryptologie et les systèmes de paiement sécurisés pour le commerce électronique : un budget de 40 MF y est consacré en 1998 ; le porte-monnaie électronique, mais également la télévision numérique hertzienne, la télémédecine...
2) Le Ministère chargé de l'Industrie doit apporter des réponses spécifiques pour favoriser l'utilisation des NTIC et d'Internet dans les PMI
Enfin au delà du soutien à l'offre de services innovants, il est apparu nécessaire d'accélérer la diffusion de ces technologies dans le tissu des PMI qui sont encore trop peu présentes sur Internet. Le récent rapport que j'avais demandé à M. Jean-Michel YOLIN sur ce thème a mis en avant une certaine frilosité des PMI envers Internet et une récente étude de mes services vient de confirmer. Si plus de 90 % des grandes entreprises industrielles accèdent à Internet en France, elles ne sont plus que 15 % parmi les PMI. Pourtant, les PMI ont beaucoup à profiter de la " révolution Internet " qui représente pour elles une opportunité de développement incomparable :
- pour accéder à peu de frais aux marchés de l'exportation,
- pour assurer une veille technologique et un suivi précis de la concurrence donnant ainsi un contenu concret à l'intelligence économique,
- pour être en réseau avec ses clients et ses fournisseurs.
J'ai veillé à mettre en place un programme appelé "Internet-PMI" doté de 50 MF et qui sera reconduit en 1999 pour soutenir des projets innovants, individuels ou collectifs représentant des investissements significatifs de PMI sur les technologies d'Internet, notamment dans le commerce électronique. Dans ce programme, un appel à projets baptisé "Utilisation collective d'Internet dans les PMI" a été lancé au premier semestre et je souhaite qu'à l'issue de l'examen des dossiers déposés, une communication des meilleurs projets retenus puisse être faite à destination de l'ensemble des PMI françaises qui hésitent encore à se lancer dans cette démarche.
Il faut aussi veiller à la formation des hommes. Le Gouvernement a pris de nombreuses initiatives pour rendre Internet accessible au grand public. Pour ma part, j'ai demandé au Président de La Poste d'installer 1000 bornes Internet dans des bureaux de La Poste. J'ai par ailleurs souhaité que l'ensemble des écoles d'ingénieurs relevant du Ministère chargé de l'Industrie, les Ecoles des Mines, notamment celle d'Albi, et les Ecoles des Télécommunications mettent en place des sessions de sensibilisation et de formation aux technologies de l'information et à Internet à destination des PMI et de leurs cadres dirigeants. Ces écoles devront également assurer la formation des Assistants Techniques d'Industrie dans chaque Chambre de Commerce et d'Industrie afin de promouvoir ces technologies dans les entreprises.
Enfin, l'Etat, acteur majeur de la vie économique, doit, par son exemplarité, jouer un rôle d'entraînement pour accélérer l'entrée la France dans la société de l'information. Il doit montrer l'exemple en facilitant l'accès des citoyens et des entreprises à l'administration et aux services publics par Internet, et moderniser son fonctionnement par une mise en réseau de son administration. Cette dynamique de projets des pouvoirs publics parce qu'elle entraînera des initiatives des acteurs économiques locaux est essentielle pour accélérer le mouvement vers la société de l'information.
Le Gouvernement souhaite que les acteurs économiques français se mobilisent rapidement et fortement pour porter la France au meilleur niveau en Europe et dans le monde dans le domaine des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Cet effort collectif est indispensable pour que notre pays soit un acteur majeur dans la société de l'information et profite des créations d'emplois dans ce secteur.
Nous avons tous les atouts pour y parvenir : des technologies reconnues au plan mondial, des entreprises dynamiques, une recherche de grande valeur, une capacité d'innovation remarquable. Tout ce potentiel ne demande qu'à s'épanouir dans un contexte juridique économique et social qu'il faut rendre favorable. C'est la responsabilité de l'Etat mais c'est aussi celle des chefs d'entreprises.
(source http://www.industrie.gouv.fr, le 26 septembre 2001)