Déclaration de Mme Michelle Demessine, secrétaire d'Etat au tourisme, sur le bilan satisfaisant de la saison estivale, sur l'augmentation du budget du tourisme pour 2001 et sur la notion de tourisme durable , Paris, le 4 octobre 2000.

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Circonstance : Conférence de presse de rentrée à Paris, le 4 octobre 2000

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les journalistes,
Chers amis,
Permettez-moi tout d'abord de vous remercier d'être venus aujourd'hui. Comme maintenant depuis 4 ans, je viens vous présenter le bilan de la saison estivale et le projet de budget pour l'année 2001.
J'ai présenté tout à l'heure, comme il est d'usage après la saison d'été, une communication en Conseil des Ministres sur le bilan de cette saison en fonction des premiers éléments en notre possession.
Je peux ainsi vous indiquer que, non seulement, elle a été satisfaisante, mais que, dans une bonne partie de notre pays, elle a été une nouvelle fois en forte expansion : c'est le cas du tiers sud de la France, de l'Ile de France et de Paris.
L'augmentation du budget vacances des français liée aux effets positifs de la croissance sur le pouvoir d'achat des ménages contribue au bon résultat de cette saison, et va amplifier le dynamisme du secteur touristique sur notre économie : Pour les 6 premiers mois de l'année 2000, je peux vous annoncer aujourd'hui des recettes en augmentation de 7,4 % et un excédent de la balance des paiements en progression de 8 %. Cet excédent était de 91 milliards de francs en 1999. Le chiffre d'affaires annuel du tourisme est de 700 milliards de francs, soit 7,4 du PIB.
L'activité économique des entreprises de ce secteur confirme cette croissance. En une année, 35.000 emplois nouveaux ont été crées.
La fréquentation touristique a été exceptionnelle dans le tiers sud de la France, en Ile-de-France et sur Paris, où des recors ont, cette année encore, été atteint.
Ces résultats équilibrent des scores régionaux plus contrastés, notamment dus aux mauvaises conditions météorologiques de juillet et aux conséquences du naufrage de l'Erika.
Il faut en effet constater que les régions du littoral Atlantique, notamment la Bretagne et les Pays de Loire, ont connu à des degrés divers, une baisse de fréquentation sur la saison. Elle a été plus significative en juillet, également marqué cette année par des conditions météo peu favorables, le mois d'août s'étant avéré plus satisfaisant. Il faut ici souligner à nouveau l'exceptionnelle mobilisation de tous qui a permis de surmonter en grande partie les effets négatifs de ces événements. L'État y a pris sa part en mobilisant pour le tourisme des moyens financiers exceptionnels : 350 MF lors du CIADT de Nantes, et 420 MF dans le cadre d'avenants au contrats de plan. Ces mesures, complétées par des actions de soutien aux entreprises du secteur, par une campagne de promotion de la façade Atlantique et par le bon déroulement du pompage de l'Erika ont contribué à rassurer professionnels et touristes.
Pour la marée noire, un dispositif de suivi a été mis en place par le Gouvernement afin d'évaluer de façon plus précise les baisses d'activité constatées sur l'ensemble de la saison afin que les entreprises du secteur touristique ne soient pas pénalisées. Ces résultats devraient être disponibles dans les prochaines semaines.
Afin de les aider dans leur démarche, je suis intervenue auprès du FIPOL pour que les entreprises du tourisme bénéficient d'un formulaire simplifié pour faire leur déclaration auprès de cet organisme.
En ce qui concerne les hébergements, on note une amélioration du secteur des meublés et des résidences de vacances et une évolution positive de l'occupation de l'hôtellerie homologuée. Si les campings, du fait des conditions météo, ont enregistré des résultats moyens, en revanche les gîtes ruraux sont en croissance régulière.
Quant aux voyagistes, leurs ventes ont progressé de plus de 6% depuis le début de l'année.
En ce qui concerne la fréquentation étrangère, elle est stable ou en hausse par rapport à 1999, selon les régions et la provenance des touristes : inférieure pour les clientèles allemande et britannique, elle est en revanche en augmentation pour les néerlandais et les américains, et stable pour les belges et les italiens.
Globalement, la France devrait confirmer cette année sa place de première destination touristique mondiale.
Si la situation globale est donc, cette année encore, satisfaisante, il convient de prendre en compte un certain nombre d'évolutions et d'anticiper les réponses que notre pays doit apporter : la demande touristique des Français comme des étrangers se modifie vers plus de personnalisation, de qualité et d'exigence ; les rythmes de vie alternent plus rapidement entre travail et loisirs et imposent une offre et une distribution adaptées ; la concurrence est de plus en plus vive du fait de la croissance des transports aériens et de l'attractivité de nouveaux pays touristiques.
Ces nouvelles données exigent d'accentuer la qualification et la modernisation de notre offre touristique, principalement dans trois directions : la valorisation de notre patrimoine naturel et culturel et la promotion d'un tourisme durable et éthique, la qualité de nos équipements, notamment dans certaines stations touristiques dont le bâti et les normes de conforts devront être remis à niveau, et le secteur professionnel de l'hôtellerie-restauration, fortement contributeur d'emplois et qui doit être soutenu dans sa volonté d'adaptation aux mutations économiques et sociales et de qualification de son offre.
Un plan Emploi-Formation est à l'étude : il devrait notamment permettre de résoudre les difficultés de recrutement que la saison d'été que nous venons de vivre ont fait apparaître et qui sont fortement liées aux contraintes spécifiques qui s'attachent à ces professions. Ce plan complétera les mesures décidées par le Gouvernement en février dernier en faveur des travailleurs saisonniers dans les deux domaines prioritaires du logement et des droits sociaux.
Quant au tourisme durable - tourisme de qualité, facteur de développement économique local, soucieux d'équilibre et de diversité, de concertation et de cohésion sociale - il est maintenant reconnu comme un impératif pour inscrire dans la durée notre développement touristique.
C'est pourquoi le tourisme durable sera le thème principal de la réunion des Ministres du Tourisme qui se tiendra le 22 novembre prochain à Lille dans le cadre de la Présidence française de l'Union Européenne.
Le tourisme durable, c'est aussi un tourisme imprégné de sens et d'éthique. C'est ainsi que j'ai signé le 21 septembre dernier avec les principaux professionnels français du tourisme - tourisme récepteur et émetteur - un Code national d'éthique. Ce Code est le premier code national qui décline le Code mondial d'Éthique réalisé par les 132 pays membres de l'Organisation Mondiale du Tourisme. Il a pour but de promouvoir sur toute la planète un tourisme facteur de développement durable et respectueux de l'emploi, des libertés et des droits fondamentaux.
Mon ministère -administration centrale et organismes associés, ici présents- poursuivra en 2001 ces différents objectifs parmi beaucoup d'autres, grâce aux avancées du budget que je présenterai prochainement devant le Parlement. Ces principales caractéristiques vous sont fournies dans le dossier de presse. J'insisterai sur trois points :
Pour la troisième année consécutive, mon budget est en augmentation sensible : + 16 % et dépasse pour la première fois, la barre symbolique du demi-milliard de francs.

Deuxième élément marquant, les contrats de plan Etat-Région : engageant l'État et ses partenaires locaux pour 7 ans, un effort significatif a été fait pour mieux faire contribuer le tourisme à l'aménagement du territoire et au développement local. Un montant total de 788 millions de francs a ainsi été programmé pour le tourisme pendant cette période, auquel s'ajoute 109 MF pour une innovation spécifique aux régions de montagne : les conventions interrégionales de massif.
Il faut y ajouter les 420 MF pour trois ans des avenants aux CPER sur les tempêtes et la marée noire.
Le montant total des interventions du secrétariat d'État au tourisme pour les contrats de plan sera ainsi de 1,317 milliards de francs soit le quadruplement par rapport aux précédents contrats de plan de la période 1994-1999 (334 MF sur 6 ans).
Enfin, le droit aux vacances pour tous, est, vous le savez, une de mes priorités. C'est pourquoi le soutien au secteur social et associatif sera en augmentation de 40 % par rapport à l'année 2000, et permettra de soutenir notamment la progression de la Bourse Solidarité Vacances, l'action en faveur des personnes handicapées, et la réhabilitation du parc immobilier du tourisme social.
Comme vous le voyez, si j'insiste cette année devant vous, sur les valeurs que porte le tourisme (durabilité, éthique, qualité, intégration culturelle, rapprochement des peuples), c'est parce que je crois profondément que le tourisme est facteur de progrès social et constitue en fait au-delà de sa dimension économique, un véritable acte politique

(Source http://www.tourisme.gouv.fr, le 11 octobre 2000)