Conseil des ministres du 15 septembre 2004

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Auteur(s) moral(aux) : Secrétariat général du Gouvernement

Texte intégral

Le ministre de l'emploi, du travail et de la cohésion sociale a présenté un projet de loi de programmation pour la cohésion sociale.
Ce projet de loi traduit les principales mesures du plan de cohésion sociale présenté lors du conseil des ministres le 30 juin dernier. Il procède d'une démarche inédite consistant à traiter ensemble les grands problèmes qui mettent en péril la cohésion de notre pays. Certaines familles et certains quartiers cumulent des handicaps qui se nourrissent les uns les autres. Le Gouvernement doit agir simultanément sur tous les leviers et établir un cercle vertueux de la cohésion.
Le projet de loi de programmation pour la cohésion sociale crée de nouveaux instruments avec des moyens programmés sur cinq ans qui atteignent 12,8 milliards d'euros en valeur 2004. Le projet de loi s'articule autour de trois piliers : l'emploi, le logement, l'égalité des chances.
Le titre Ier du projet réunit les mesures de mobilisation pour l'emploi, selon quatre axes majeurs : l'accentuation de l'effort collectif en faveur des demandeurs d'emploi, une politique dynamique en faveur de l'insertion professionnelle des jeunes, notamment par une relance d'ampleur de la formation en apprentissage, la mise en oeuvre au profit des titulaires des minima sociaux d'un contrat d'avenir et diverses mesures en faveur du développement de l'activité économique et de la création d'entreprises. Les principales mesures du titre Ier sont les suivantes :
- création de 300 maisons de l'emploi, lieu de l'anticipation des besoins privés, publics, parapublics, de l'adaptation de la formation et de la relation entre le demandeur d'emploi et l'entreprise ; ces maisons seront un outil nouveau d'accompagnement des chômeurs ;
- accompagnement renforcé vers l'emploi pour tous les jeunes qui en ont besoin : 800 000 emplois leur seront proposés sur cinq ans, grâce, notamment, à la réforme complète de la formation en apprentissage ;
- mise en place, en cinq ans, d'un million de contrats d'avenir, destinés aux allocataires des minima sociaux, conjuguant temps de travail et temps de formation, et amélioration du revenu minimum d'activité ouvert aux titulaires de l'allocation spécifique de solidarité, qui est aligné sur le régime social des contrats de travail de droit commun ;
-simplification des contrats aidés, afin de dynamiser les politiques en faveur de l'emploi des personnes les plus éloignées de la vie professionnelle ;
- la création de micro-entreprises, voie privilégiée de sortie du chômage, et la consolidation des structures d'insertion par l'activité économique.
Le titre II du projet de loi organise un rattrapage en matière de logement social. Alors même que le marché est florissant, le logement social connaît aujourd'hui une crise aiguë dont les causes sont multiples : production insuffisante de logements locatifs sociaux, inadaptation du parc de logements aux caractéristiques et aux besoins des demandeurs, absence de feuille de route pour le mouvement HLM, dysfonctionnements du marché locatif privé et du système de financement et de production de logements (procédures paralysantes, foncier parfois inaccessible, parc privé peu mobilisé, faute de confiance des bailleurs).
Le projet de loi répond à cette crise de trois manières : par une relance de la production de logements locatifs sociaux, par un rattrapage en matière d'hébergement d'urgence et par des mesures, notamment fiscales, susceptibles de détendre le marché privé. Il prévoit la création d'établissements publics donnant à l'État les moyens de maîtriser le coût et la disponibilité du foncier. Il permet enfin le rétablissement de l'aide personnalisée au logement au profit des personnes occupant un logement HLM dont le bail a été résilié par une décision judiciaire pour défaut de paiement de loyer et de charges, lorsqu'elles signent avec l'organisme bailleur un protocole d'accord indiquant leurs engagements respectifs.
Sur cinq ans, le projet de loi permettra la réalisation d'un programme de 500 000 logements locatifs sociaux, la remise sur le marché de 100 000 logements vacants du parc privé, le renforcement du dispositif d'accueil et d'hébergement d'urgence, destiné à ceux de nos concitoyens qui n'ont pas de toit, afin d'atteindre 100 000 places.
Le titre III du projet de loi contient différentes réformes destinées à rétablir l'égalité effective des chances en s'attaquant à la source aux inégalités. Il prévoit :
- pour les enfants en grande fragilité dès la maternelle, la création de 750 équipes de réussite éducative en cinq ans, dotées chacune d'un million d'euros utilisables de manière souple, pour accompagner au total 225 000 enfants ; un effort en faveur de l'accueil et de l'encadrement des collégiens en difficulté sera engagé;
- des dispositions favorisant un meilleur retour à l'emploi des femmes après un congé lié à une grossesse et l'entière prise en compte de ce congé au titre du droit individuel à la formation ;
- une réforme de la dotation de solidarité urbaine : 120 millions d'euros supplémentaires par an pendant cinq ans seront attribués aux villes qui souffrent des charges socio-urbaines les plus importantes, parce qu'elles accueillent les familles les plus nombreuses et fragilisées et supportent des budgets importants pour la jeunesse, l'éducation et les équipements publics ;
- les bases légales permettant la mise en oeuvre de la politique engagée par le Gouvernement en matière d'intégration, avec, notamment, la création d'une Agence de l'accueil des étrangers et des migrations et la généralisation du contrat d'accueil et d'intégration.
[UD 2]