Déclaration de M. François Baroin, ministre de l'outre-mer, sur la décentralisation et la défiscalisation appliquées aux collectivités territoriales d'outre-mer, Paris le 21 novembre 2005.

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Circonstance : 88ème congrès des maires et des présidents des communautés de France à Paris du 22 au 24 novembre 2005-journée outre-mer le 21

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Avant toutes choses, Mesdames, Messieurs, je voudrais me tourner vers vous, Madame HIDALGO, d'abord pour vous dire le plaisir que j'ai d'être à vos côtés autour de cette table, et, en tant qu'interprète auprès de M. Bertrand DELANOE, pour vous remercier de l?accueil de la mairie de Paris et d'avoir partagé ce déjeuner très intéressant avec bon nombre de collègues maires de l'Outre-mer.
C'est toujours une grande qualité d'accueil, c'est une belle tradition républicaine. C'est un moment qui est apprécié, sachez-le, par les élus ultras marins et c'est donc aussi l'occasion de vous dire chaleureusement et très respectueusement toute la reconnaissance que nous avons de pouvoir passer ces moments utiles, fraternels, d'entraide, et constructifs pour l'avenir.
J'aurai l'occasion, vous le savez, Monsieur le Président, dans quelques instants, de recevoir les uns et les autres au ministère de l'Outre-mer, c'est-à-dire chez vous, pour tenir un discours qui peut-être mettra en perspective le sens de l'action que j'ai l'honneur de mener auprès du Président de la République et du Premier ministre pour l'Outre-mer pour les années qui viennent.
J'ai écouté les collaborateurs qui m'accompagnent, dont j'ai compris qu'ils pouvaient rester à mes côtés puisqu'ils ont utilement et précisément posé des questions ce matin et je m'en réjouis.
Je me suis fait passer les thématiques. Elles sont -et je crois que c'est important de le rappeler parce que nous avons une exigence commune - je crois que c'est cela, le message - de lutter contre les idées reçues qui concernent l'Outre-mer. D'abord il n'y a pas un Outre-mer, il y a des Outre-mer. Il y a autant de spécificités, de politiques publiques à mener qu'il y a de territoires au sein de la République française. Cette marque de respect de l'identité de chacun des territoires est un élément fondamental qui permet à l'Etat d'avoir une position d'écoute dans une logique de pacte de confiance.
Ensuite, dans les idées reçues, je le dis très franchement, j'ai toujours été très heurté par la classification de l'Outre-mer dans le développement des niches fiscales. Et c'est bien la raison pour laquelle nous nous sommes beaucoup battus avec les élus, aux côtés du Premier ministre, avec l'ensemble des parlementaires, dont il faut bien reconnaître qu'ils appartiennent aussi bien à la gauche qu'à la droite, pour maintenir ce qui n'est pas une niche fiscale, mais des conditions indispensables de développement économique et de rattrapage économique.
Il y a un modèle ultra marin que l'on mesure peu et qui pourtant a servi de référence vis-à-vis de la législation, des dispositifs législatifs appliqués en métropole.
Prenons la décentralisation. Elle est très directement inspirée des relations existant depuis toujours entre l'Etat et les collectivités territoriales d'Outre-mer.
Prenons l'exemple de la défiscalisation. Elle a servi de modèle à la mise en place des zones franches dans les banlieues. Est-ce que quelqu'un aurait aujourd'hui le courage de dire que les zones franches dans les banlieues sont des niches fiscales ? Non, c'est une politique publique indispensable pour le rattrapage économique dans des zones où les difficultés sociales, où le taux de chômage, où les contrats de production de logements sociaux et où l'accompagnement notamment de nos jeunes dans les politiques publiques d'éducation sont des contraintes indispensables et des paramètres en adéquation.
Eh bien, en Outre-mer, c'est exactement cela. Les problèmes sont ceux de la métropole mais multipliés par deux ou trois. Le taux de chômage est tout de même deux à trois fois plus important que la moyenne nationale. Le retard, qui a été évoqué en matière de production de logement social, est une exigence de tous les instants. La démographie dynamique qui nous pousse à nous projeter vers l'avenir pour la construction d'écoles, pour réfléchir à des postes d'instituteurs, pour la création des collèges, pour le développement de l'enseignement supérieur, font partie des missions de l'Etat.
La continuité territoriale, l'implication?, la mobilité territoriale également, fait partie des perspectives que nous devons offrir à nos jeunes.
Et puis il y a la santé. Et puis il y a le développement des infrastructures. Et puis il y a des entraides. Et puis il y a l'adaptation de ces politiques publiques selon que l'on se trouve dans une logique d'insularité ou qu'on se trouve dans une partie continentale ultra marine.
Mais il y a, au-delà de cela, des valeurs qui sont celles de l'Outre-mer, qui sont des valeurs magnifiques, que nous avons pu vivre ensemble - je me tourne vers les représentants de la mairie de Fort-de-France et des élus de la Martinique - de grande solidarité, d'immense courage et d'avoir toujours un regard droit et fixé vers l'avenir quelle que soit la douleur. Et bien, ces valeurs-là, nous devons aussi nous en servir comme un modèle ultra marin pour peut-être rappeler - on l'a oublié, ici, en métropole - qu'il y a quelque chose qui nous rassemble et ce quelque chose, c'est peut-être une certaine forme de courage individuel et qui se transforme également en une forme de courage collectif et qui fait partie des outils pour l'avenir, sujet qui nous rassemble encore plus, les valeurs d'un Pacte républicain auquel nous sommes tous, les uns et les autres, profondément attachés.
C'est tout cela que j'aurai l'occasion de décliner tout à l'heure au ministère en vous remerciant à nouveau, Madame, Monsieur le Président, d'avoir consacré beaucoup d'heures et d'efforts pour accompagner beaucoup d'hommes et de femmes, maires, maires adjoints, conseillers municipaux.
Et je voudrais dire pour conclure que je me sens un parmi vous. Je suis moi-même maire de Troyes, président des Maires de l'Aube, et ces préoccupations politiques de proximité sont une exigence des actions de l'Etat pour des terres si lointaines et en même temps si proches et qui honorent la République.
J'étais heureux de pouvoir vous le dire ici à l'hôtel de ville de Paris. (Source http://www.amf.asso.fr, le 25 novembre 2005)