Interview de M. François Fillon, Premier ministre, à Europe 1 le 18 décembre 2008, sur la récession annoncée pour 2009 et le plan de relance de l'économie, la poursuite des réformes et le travail parlementaire concernant le lycée, l'audiovisuel et le travail le dimanche.

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Média : Europe 1

Texte intégral

J.-P. Elkabbach.- Monsieur le Premier ministre, bienvenue à Europe 1 et
bonjour F. Fillon. Le travail le dimanche, est-ce une réforme maudite ?
Cette nuit, à peine commencé, le débat a été arrêté à la demande de J.
-F. Copé. Est-ce qu'il a bien fait ?
 
D'abord, il ne s'agit pas du travail du dimanche, comme vous le savez,
il s'agit de permettre quelques dérogations, comme dans tous les pays
modernes, pour les zones touristiques, pour des endroits où il y a des
situations qui sont anormales et où les gens sont dans l'illégalité et
où les gens souhaitent travailler. Maintenant, il y a beaucoup d'
énervement à l'Assemblée. Ce n'est pas complètement anormal, on est à
la fin de l'année, le Parlement a beaucoup travaillé. On a voté 55
réformes depuis 18 mois. La gauche est passée, en particulier le Parti
socialiste, par des moments extrêmement difficiles ces dernières
semaines, chacun le sait, avec les tensions internes. Elle essaie de le
faire oublier avec une opposition qui tourne à l'obstruction. Je pense
qu'il faut que le calme revienne. On a en face de nous un véritable
problème qui est la relance économique. On a besoin de rassembler les
Français autour de cet objectif de la relance économique. On va
reprendre les débats tranquillement au mois de janvier, après que les
esprits se soient calmés.
 
Donc, J.-F. Copé a bien fait. Est-ce que cela ne vous arrange pas parce
que l'UMP...
 
Il a bien fait parce que, quand on en arrive à des situations où des
parlementaires de l'opposition s'en prennent physiquement à des
parlementaires de la majorité, alors qu'ils sont sensés représenter la
quintessence de la démocratie, du dialogue apaisé, je crois qu'il
valait mieux interrompre les débats.
 
Vous avez entendu tout à l'heure A. Montebourg qui disait que "c'est le
branle-bas de combat généralisé pour éviter des débats trop courts",
parce qu'ils ont le sentiment, dans l'opposition, que vous voulez
museler les droits de l'opposition au Parlement ?
 
Personne ne peut croire cela un seul instant. Nous voulons simplement
moderniser le fonctionnement du Parlement. Vous savez qu'avec la
réforme constitutionnelle, on a donné des pouvoirs considérables, des
pouvoirs nouveaux au Parlement. Le Parlement va pouvoir contrôler les
nominations du président de la République, le Parlement va avoir le
droit de résolution...
 
Vous voulez dire ça à propos de l'audiovisuel ?
 
A propos de l'audiovisuel et à propos de beaucoup d'autres
responsabilités. C'est une responsabilité nouvelle sur laquelle d'
ailleurs personne ne reviendra. Je suis prêt à prendre tous les paris
que vous voulez aujourd'hui. Le futur président de la République qui
irait devant le Parlement pour expliquer aux parlementaires qu'ils n'
auront plus le droit de donner leur avis sur la nomination du président
de France Télévisions ou du président d'EDF, il n'est pas né, ce
nouveau président de la République. On a donné un nouveau droit avec le
droit de résolution qui n'existait pas, le droit pour le Parlement de
contrôler...
 
Donc, vous ne voulez pas couper la parole, réduire au silence...
 
Non seulement, on ne veut pas couper la parole de l'opposition, mais on
veut lui donner plus de pouvoirs. C'est nous qui avons donné aux
socialistes la présidence de la commission des Finances, ce ne sont pas
les socialistes qui, quand ils étaient au pouvoir.
 
Cette nuit, ce qui a été dit, tout de suite, par le Parti socialiste,
c'est que "c'est une défaite pour N. Sarkozy", et donc pour vous son
Premier ministre ? Une défaite ?
 
S'ils se satisfont d'un délai qui va leur permettre d'attendre le début
du mois de janvier pour discuter du texte et si ça leur fait plaisir,
et si ça leur permet de panser leurs blessures, c'est très bien. Mais
pourquoi toujours évoquer la vie politique dans des termes guerriers ?
Est-ce que le Parti socialiste pourrait considérer que dénigrer son
pays en permanence - j'entendais madame Aubry sur votre antenne hier
mentir effrontément sur par exemple les moyens financiers que l'Etat
accorde aux universités, à la recherche dans notre pays, expliquer que
le plan de relance se limitait à 4 milliards d'euros quand il est de 26
milliards -, à quoi ça sert ? Cela ne grandit pas l'opposition et ça
n'aide pas le pays à sortir de ses difficultés.
 
Mais vous voyez que vous la traitez de "menteuse" !
 
Ah oui, ça, sans hésitation, parce que c'est ce qui s'est passé hier
sur votre antenne, monsieur Elkabbach.
 
Pourquoi vous et le président de la République, tenez-vous tellement à
ce texte symbolique sur le travail, dans certaines conditions, le
dimanche ?
 
D'abord parce que, avec le président de la République, on a une
obsession qui est le respect des engagements pris. Je me souviens d'
avoir souvent, sur votre antenne, parlé de la crise de confiance qui
avait conduit l'extrême droite au deuxième tour de l'élection
présidentielle en 2002. Cette crise de confiance, elle était due au
fait que les majorités ne respectaient jamais leurs engagements. Nous,
nous avons pris des engagements pendant la campagne présidentielle,
nous allons les respecter intégralement. Il se trouve qu'en plus, il y
a des situations qui sont tellement absurdes : les grands magasins
parisiens qui ne peuvent pas ouvrir le dimanche, des zones comme celle
de Plande-Campagne, près de Marseille, où les gens signent des
pétitions pour travailler le dimanche et où ils ne peuvent pas le faire
pour des raisons...
 
Donc, vous y tenez ?
 
.. ; les habitants de Lille qui vont faire leurs courses en Belgique
parce que les magasins y sont ouverts.
 
Donc, débat important et vote au mois de janvier...
 
Il y aura, en janvier, un débat et un vote sur ce texte qui, je le
rappelle d'ailleurs, est une proposition de loi parlementaire.
 
F. Fillon, cette fin d'année 2008, est-ce qu'elle marque une rupture
avec le début du quinquennat, la pause des réformes ?
 
Il n'y aura aucune pause des réformes. Il y a eu, je le disais, 55
réformes de voter. Je pense que c'est un record absolu. On va commencer
l'année 2009 par le vote du plan de relance de l'économie, enfin en
tout cas des mesures qui nécessitent une décision législative. On va
enchaîner avec le "Grenelle 2", qui est d'autant plus important que l'
on vient d'avoir un accord historique à Bruxelles sur la lutte contre
le réchauffement climatique. On va poursuivre avec une loi très
importante sur le logement, qui va permettre de multiplier par trois le
nombre de logements sociaux construits dans notre pays par rapport à ce
qui se faisait quand madame Aubry était au gouvernement. On va voter
une réforme de l'hôpital. On va voter une réforme de la sécurité
intérieure. On va aborder la réforme de la justice et du système
pénitentiaire. On va voter une loi de programmation militaire. On va
continuer la réforme de l'Etat et on va engager la réforme des
territoires. Si vous pensez que c'est une pause en matière de réforme !
 
En combien de temps ?
 
Eh bien, dans le premier semestre de 2009, c'est-à-dire avant l'été
2009. Donc, tous ces textes-là seront à l'ordre du jour avant l'été
2009.
 
C'est-à-dire que les réformes en cascade, au galop, vont continuer ?
 
Ce n'est pas en cascade, au galop, c'est que d'abord il y a une
urgence, parce que notre pays est en retard ; avant la crise économique
et financière, il devait rattraper ce retard. Maintenant, avec la crise
économique et financière, même si nous devons faire attention à un
certain nombre de tensions qui existent dans le pays et nous concentrer
sur les réformes qui sont les plus importantes pour la relance
économique, j'ai envie de dire que notre pays a encore plus besoin de
se transformer.
 
Mais vous allez prendre plus de temps sans doute ?
 
Cela dépend sur quel sujet. On a décidé, sur l'éducation et sur le
lycée, de prendre plus de temps parce qu'il y avait une incompréhension
généralisée. Dans le lycée, on est dans une situation très particulière
: au mois de septembre, il y a eu un accord presque unanime des
organisations syndicales sur les principes de la réforme du lycée.
 
Mais vous voyez que deux mois après, ça ne passe pas...
 
Et si trois mois après, ça ne passe pas, cela veut donc dire ...
 
Est-ce qu'il faut enterrer la réforme Darcos et le dire dès aujourd'
hui, au lieu de l'habiller autrement ?
 
Non, il ne faut certainement pas enterrer [la réforme Darcos] parce que
l'enterrer, cela voudrait dire que nous renonçons à améliorer les
performances du lycée et que nous renonçons à apporter une solution aux
150.000 jeunes Français qui sortent chaque année du système éducatif
sans rien. Donc, il n'est pas question de l'enterrer.
 
Mais ce ne sera pas la même réforme ?
 
On va rouvrir la concertation. Donc, si on rouvre la concertation, c'
est qu'on est prêts, comme je l'ai dit dès le début, à accepter qu'il y
ait des changements dans cette réforme. D'abord, elle n'est pas
comprise. Donc il faut reprendre le débat avec les organisations
syndicales, avec les organisations de lycéens, avec l'opinion.
 
Qu'est-ce qui a cloché dans ce système ?
 
Je pense que ce qui, aujourd'hui, cloche, c'est surtout qu'il y a une
tension très forte qui est liée à la crise, qui est liée aussi peut-
être à l'attitude d'une partie de l'opposition. Quand madame Aubry,
ici, dit que le Parti socialiste doit manifester avec les lycéens, c'
est clairement un choix qui en dit long.
 
Pourquoi, elle n'a pas le droit ?
 
Ce n'est pas qu'elle n'a pas le droit c'est que, je ne pense pas que ce
soit le rôle d'un grand parti politique de gouvernement que d'être dans
la rue. Le rôle d'un grand parti politique de gouvernement, c'est de
faire des propositions, c'est de débattre au Parlement, c'est de s'
opposer aux textes du Gouvernement s'il estime nécessaire de s'y
opposer, ce n'est pas de créer des tensions dans le pays au moment même
où ce pays a besoin de se rassembler.
 
Et les jeunes ont besoin de perspective, qu'on leur dise qu'il y a un
avenir, et qu'ils ne sont pas fichus ?
 
Évidemment qu'il faut leur dire qu'il y a un avenir, mais la meilleure
façon...
 
Et je dirais que c'est dans toute l'Europe et en France.
 
Il y a deux façons de leur dire qu'ils ont un avenir : la première
façon c'est de mettre en oeuvre le plan de relance dans les meilleurs
délais. Vous savez, dans la crise comme dans toutes les crises, il y a
des situations acquises qui vont être bousculées, c'est-à-dire qu'à la
sortie de la crise, il y a des pays qui étaient au premier rang qui
vont se retrouver au dernier rang, et il y en a d'autres qui vont
profiter de cette crise pour se moderniser et pour booster leur
économie. Toute la question c'est de savoir dans quel groupe la France
sera. Nous, nous avons décidé avec le plan de relance d'investir 26
milliards uniquement sur la modernisation du pays, parce que...
 
Mais alors, quel déficit pour 2009, un record absolu : 79 milliards d'
euros aujourd'hui !
 
On accepte, et vous savez combien je suis préoccupé par cette question
du déficit, j'ai accepté ce déficit et ce plan de relance uniquement
parce que les mesures qui sont dans le plan de relance ne sont que des
mesures pour l'année 2009 et pour l'année 2010. C'est-à-dire, que ce ne
sont pas des mesures récurrentes, ce ne sont pas des mesures qui
augmentent la masse récurrente des dépenses publiques. Donc, ça veut
dire que...
 
Donc, vous imaginez qu'on sortira de la crise quand ? Au milieu de
2010, avant ?
 
On sortira de la crise je l'espère à la fin de 2009 ou au début de
2010. Aujourd'hui, franchement, personne n'en sait rien, parce que ça
dépend pour une très large part de l'ampleur et de l'efficacité de la
reprise qui sera décidée par le nouveau gouvernement américain - et, de
ce point de vue on n'est pas servi par le calendrier politique, le
calendrier électoral américain, on est obligé d'attendre le 20 janvier
- mais enfin, en tout cas, c'est ça qui sera extrêmement déterminant.
 
Autrement dit, M. Fillon, je ne vous demande pas quel serait le taux de
stagnation de croissance, de décroissance en 2009 ?
 
Il y a une chose qui est sûre, c'est que depuis le début de cette
crise, la France par rapport aux autres pays européens résiste plutôt
mieux ; on a connu un troisième trimestre qui était un trimestre
légèrement positif en termes de croissance...
 
Et alors, pour 2009 qu'est-ce que ça donnerait ?
 
Pour 2009, je pense que aucun pays européen n'évitera la récession.
Nous, nous espérons être très proches de l'équilibre, on a fait des
prévisions entre 0,2 - 0,3 - 0,5. Est-ce qu'on sera un petit peu en
dessous ? C'est très difficile à dire aujourd'hui. En tout cas, on voit
que, à la fois, notre système financier, notre économie résistent
plutôt mieux que la plupart des grands pays européens, ça aussi c'est
une chose qu'il ne faudrait reconnaître, parce que ça permettrait plus
rapidement aux investisseurs français et aux ménages français de
retrouver le moral.
 
Quand les Français vont-ils voir, concrètement, les effets ou les
premiers effets de votre premier plan de relance ?
 
Ils vont le voir très très vite, dans le premier trimestre de 2009,
puisque, 75 % des 26 milliards que j'évoquais tout à l'heure seront
investis en 2009 ; ça veut dire que vous avez des travaux qui étaient
stoppés, qui vont démarrer en 2009. Je vais prendre un exemple : il y a
quatre lignes de TGV qui étaient prévues d'être réalisées sur 10 ans
dans notre pays, elles seront réalisées sur deux ans. Il y a 100.000...
 
Mais on ne va pas voir des résultats dès 2009 ?
 
Mais il y a des travaux qui vont commencer, par exemple, sur la ligne
LGV-Ouest, il y a des travaux qui vont commencer dès 2009 ; il y a
100.000 logements supplémentaires qui vont être construits en 2009,
tout ça c'est du travail pour les Français.
 
F. Fillon, est-ce que vous allez préparer pour mars ou avril, un
deuxième plan de relance ?
 
Pour le moment, ce n'est pas du tout d'actualité. Il faut d'abord
mettre en oeuvre celui-là.
 
Mais vous ne l'excluez pas ?
 
Non, je n'exclue rien, on a décidé avec le président de la République
d'être extrêmement pragmatiques, extrêmement réactifs, de s'adapter à
la situation économique. Je pense que le plan de relance que nous avons
proposé est de nature à permettre le redémarrage de l'économie
française en 2009.
 
Les banques, que vous avez bien aidées, elles tardent à jouer le jeu,
et quand elles s'activent elle ne perdent pas de vue leurs marges.
Avez-vous l'intention de les rappeler à l'ordre ?
 
Il y a deux choses : d'abord, on pourrait commencer par reconnaître que
les banques françaises s'en sortent pas si mal ; il n'y a pas eu de
faillite de banque dans notre pays, il n'y a pas de banques dont l'
Etat, à l'exception de Dexia, dont l'Etat est obligé de reprendre le
contrôle comme c'est le cas en Grande-Bretagne, comme c'est le cas dans
beaucoup d'autres pays. Donc, il faut je pense d'abord saluer le fait
que les banques françaises sont plus plutôt solides et qu'elles vont
plutôt mieux...
 
D'accord, mais on vient de voir qu'elles ont fait aussi plutôt des
bêtises avec B. Madoff ?
 
Oui, enfin, elles... ça c'est tout le système de régulation que la
France demande de pouvoir modifier.
 
D'accord, et ce sont les épargnants... vous ne craignez pas que ce
soient les épargnants qui casquent ?
 
Je crois qu'il y aura très peu d'épargnants concernés ? J'ai écouté
Europe 1 ce matin avec attention, et d'ailleurs les choses étaient très
bien expliquées ce matin ; il y a très peu d'épargnants qui seront
concernés par cette affaire, l'immense majorité des épargnants français
a fait confiance à des produits dans les banques qui sont des produits
solides, et puis les banques vont prendre leurs propres
responsabilités. Maintenant, ce qui s'est passé avec cette affaire
Madoff montre bien que, ce que ce que nous réclamions avec le président
de la République, c'est-à-dire, un changement des règles de régulation
internationale est une nécessité absolue. Voir un homme, respecté de
tous, extraordinairement compétent, dit-on, mettre tout son talent au
service de la fraude plutôt qu'au service de la production de richesse,
est un vrai scandale !
 
Il y a urgence à réguler, à contrôler, à ne plus laisser faire des
bonshommes comme Madoff ?
 
Absolument.
 
Et il y en a probablement d'autres. Est-ce que, à cause de la crise,
qui va durer, vous ferez de 2009 - on dit une année de tensions, de
déficit, de chômage, etc., peut-être de récession -, une année sociale,
de justice sociale ?
 
Non seulement...
 
Est-ce que c'est possible ?
 
Mais, une des grandes décisions qui a été prise en 2008 par la
majorité, c'est la création du Revenu de solidarité active qui va
entrer en vigueur en 2009...
 
Ça ne suffit pas !
 
Attendez ! C'est une révolution, ça veut dire que plus de 4 millions de
ménages français qui sont ce qu'on appelle "des travailleurs pauvres",
vont recevoir des compléments de revenus qui vont, à la fois, les faire
sortir de cette pauvreté, et en même temps les inciter à accroître leur
charge de travail. Le Revenu de solidarité active, ça va être un des
instruments les plus forts de la justice sociale. J'ajoute que, quand
on sait que on va construire en 2009 trois fois plus de logements
sociaux que dans les années 1997-2000, ça sera une année de solidarité,
une année de justice sociale.
 
Ce qui est important dans ce que vous dites ce matin, c'est que, alors
que beaucoup de gens pensent qu'il y a un seuil de récession, de
stagnation de l'économie, on ne réforme plus. Vous, vous dites : on
continuera à réformer, on va sélectionner, on prendra du temps, on
cherchera des compromis mais on réformera. Alors une question, F.
Fillon, Premier ministre, est-ce que le président de la République vous
associe à la préparation et à la décision du prochain "ajustement" du
Gouvernement ?
 
 Mais on parle avec le président de la République de ces sujets tous
les jours, mais vous comprendrez que ça ne soit pas sur Europe 1, et
malgré toute l'amitié que j'ai pour J.-P. Elkabbach...
 
Non, non...et pour toute l'équipe.
 
...que ce sujet sera évoqué.
 
Mais est-ce que cet ajustement il aura un sens technique ou politique ?
 
Vous le verrez bien. Vous savez bien que les remaniements n'arrivent
jamais quand la presse les attend et les commente.
 
C'est vous qui avez dit "remaniement", moi j'ai dit "ajustement", vous
avez dit "remaniement".
 
J'ai dit "les remaniements n'arrivent jamais quand la presse les attend
et les commente".
 
D'accord, c'est donc janvier, on ne les attend pas...
 
C'est donc une indication que je vous donne.
 
Voilà, très très bien. Qu'est-ce que être Premier ministre d'un tel
président de la République ?
 
C'est extrêmement confortable parce que, comme je l'ai souvent
expliqué, ça consiste à avoir un président de la République qui est
engagé, dont vous ne risquez pas comme c'était le cas par le passé, de
le voir vous retirer son soutien au milieu des réformes, et je pense
que c'est une des raisons pour lesquelles nous avons pu conduire à son
terme autant de réformes en 2008.
 
J'allais oublier de vous poser une question, sur l'audiovisuel : il va
y avoir une grève le 5 janvier, décidée par les syndicats. Les
syndicats s'inquiètent sur le financement et l'avenir de la télévision
publique. Ce financement repose en partie sur la taxe et la publicité
des télévisions privées. En 2009, la pub n'en peut plus, elle va être
en panne. Ne faut-il pas toucher à la redevance, l'augmenter, un peu ?
 
On a pris un engagement vis-à-vis de France Télévisions : France
Télévisions aura les moyens de mettre en oeuvre le cahier des charges
que nous avons négocié...
 
Sans venir mendier à Matignon ou à Bercy ?
 
Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'en 2009, il y aura les ressources
liées à la taxe sur la publicité, il y aura les ressources liées à la
taxe sur les mobiles et sur l'Internet, et il y aura les compléments de
l'Etat...
 
Vous ne touchez pas à la redevance si la pub ne rentre pas ? C'est la
question.
 
Nous avons...Mme Albanel, a annoncé hier à l'Assemblée nationale qu'il
y aurait en 2009 un groupe de travail, avec des parlementaires, un
groupe de travail avec des professionnels, qui allait réfléchir à la
modernisation de la redevance.
 
Ah, donc, ça peut bouger. Merci beaucoup, merci d'être venu.
 
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 18
décembre 2008