Texte intégral
Mesdames et messieurs,
Je vous remercie de votre accueil.
Votre présence, si nombreux aujourdhui, démontre lengagement associatif et professionnel au service de la Justice des mineurs. Parmi vous, beaucoup de juges des enfants. Cest un très beau titre, beaucoup plus beau que celui de juge des mineurs.
Vous savez combien le Président de la République sest engagé en faveur de la jeunesse. Il a pris en grande considération le travail que vous effectuez en apportant des réponses précises à la lettre ouverte que vous lui aviez adressée alors quil était candidat à lélection présidentielle.
Jai déjà effectué des visites, rencontré les représentants associatifs et syndicaux des professionnels de la Justice, je vais vous recevoir très bientôt madame la Présidente de lAFMJF.
Nous savons à quel point vous avez été stigmatisés, suspectés de laxisme, vos conditions de travail se sont détériorées. Ces dernières années, il nétait pas indispensable dêtre magistrat, greffier, fonctionnaire, pour sentir la blessure suite aux attaques qui vous ont été réservées. Conscients du rôle structurant de la Justice pour la vitalité de la démocratie, épine dorsale de toute la République, nous avons éprouvé la violence de ces attaques. Les professionnels de lenfance effectuent un travail extraordinaire, votre dévouement est grand, connu et reconnu par lensemble de la population même. Ces attaques ont pu faire planer un doute que lon va dissiper.
Des questions se posent sur les objectifs et les valeurs qui sous-tendent la justice des mineurs, sur la façon déduquer et de juger les mineurs aujourdhui; lattente de la société envers les éducateurs, les juge, les associations est forte. Ces questions sont encore plus aiguës quand il sagit des mineurs isolés.
Sur quelles valeurs repose la Justice des mineurs ? Celles énoncées dans lordonnance de 1945 : lautorité, la sanction proportionnée, la volonté de ramener les mineurs vers les règles de la société, léducation, la protection judiciaire de la jeunesse. Je ne crains pas la répression mais je travaillerai darrache-pied pour la prévention et pour léducation. La Justice des mineurs doit offrir des solutions diversifiées pour assumer les paris et les défis de lambition de léducation. Dans la mise en cause de ces principes il y a une idée âpre et douloureuse : lidée rampante que les enfants de ce pays ne seraient pas nos enfants, mais des mineurs, les enfants des autres. Cette idée est désastreuse. Nous allons oser affirmer, en nous appuyant sur lhistoire et lintelligence de ce pays, que lenfance est un univers particulier, complexe qui appelle des compétences. Il ny a pas détanchéité entre léducation et la sanction doù la cohérence dune Justice spécifique pour les mineurs, qui repose sur la diversité des solutions apportées. Lindividualisation de la réponse judiciaire vaut pour les mineurs et les majeurs mais prend sa pleine signification pour les mineurs. Nous avons le souci de respecter les valeurs de lordonnance de 1945 mais aussi de viser lefficacité. Le Président de la République sest aussi engagé pour lefficacité dune Justice spécifique pour les mineurs qui na pas besoin pour y parvenir de se maquiller en tribunaux de majeurs.
Parmi les réponses existantes, on sait que 80% des mineurs confrontés à l'autorité judiciaire, à la justice ou aux éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse, ne récidivent pas; pourtant le milieu ouvert a perdu des moyens considérables.
Cest sur ces valeurs que je mappuierai pour toutes les décisions à venir.
Ma méthode sera une démarche découte, de rencontre, de dialogue, de sollicitation des professionnels confrontés à cette jeunesse en déshérence. Cest systématiquement que je viendrai vers vous, je privilégierai les exemples de terrain, je préférerai toujours les exemples qui réussissent sur le terrain plutôt quune accumulation de législation irréfléchie qui fragilise luvre de justice.
Je compte sur vous. Il sagit de ramener lenfant dans la société.
Jai lu vos propositions, jy ai trouvé des éléments intéressants que je prendrai en considération : dire rapidement si le jeune est coupable ou innocent et, une fois le verdict posé, faire en sorte que le travail éducatif puisse effectuer son uvre. Il nous faut apprécier mieux limpact de vos interventions et les modalités de prise en charge de ces jeunes. Ces réponses doivent être améliorées, il y a nécessité de travailler avec les Conseils généraux. Il y a lieu dévaluer le fonctionnement des CEF et voir comment renforcer le suivi en milieu ouvert chaque fois que cela est nécessaire. Il faut penser à laprès, la sortie des CEF, voir comment le travail des éducateurs, des travailleurs sociaux est constructif.
Je regarderai avec attention les solutions à apporter au problème du FIJAIS [fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions sexuelles] que vous avez signalé. Jentends travailler avec tous les acteurs de la Justice des mineurs : juges des enfants, protection judiciaire de la jeunesse, associations, avocats, assesseurs des tribunaux pour enfants. Il y a un certain nombre de réponses à apporter pour le meilleur fonctionnement du service public de la Justice.
Je ferai établir un audit des besoins des ressources humaines, je demanderai un état des lieux sur les délais de prise en charge des mineurs dans les milieux ouverts. Si nous trouvons le bon rythme de travail, je suis sûre que nous réussirons, que nous mettrons un terme aux agressions inutiles, aux brutalités absurdes : remobiliser la protection judiciaire de le jeunesse, les énergies, intelligences accumulées, expériences additionnées, nous mobiliserons tout cela de façon à ce que ce service public retrouve le lustre dun droit juste qui sache faire confiance aux magistrats, qui accepte le principe du contradictoire et qui comprenne que linstitution judiciaire apporte des garanties démocratiques au justiciable. Cest ce que nous attendons dans une démocratie pour un service public de la Justice. Je compte sur votre combativité, sur votre enthousiasme. Je me battrai pour le faire revivre.
Je compte sur vous pour quensemble, nous parvenions à faire des enfants de ce pays, en danger ou délinquants, des citoyens libres et responsables.
Merci.Source http://www.justice.gouv.fr, le 6 juin 2012
Je vous remercie de votre accueil.
Votre présence, si nombreux aujourdhui, démontre lengagement associatif et professionnel au service de la Justice des mineurs. Parmi vous, beaucoup de juges des enfants. Cest un très beau titre, beaucoup plus beau que celui de juge des mineurs.
Vous savez combien le Président de la République sest engagé en faveur de la jeunesse. Il a pris en grande considération le travail que vous effectuez en apportant des réponses précises à la lettre ouverte que vous lui aviez adressée alors quil était candidat à lélection présidentielle.
Jai déjà effectué des visites, rencontré les représentants associatifs et syndicaux des professionnels de la Justice, je vais vous recevoir très bientôt madame la Présidente de lAFMJF.
Nous savons à quel point vous avez été stigmatisés, suspectés de laxisme, vos conditions de travail se sont détériorées. Ces dernières années, il nétait pas indispensable dêtre magistrat, greffier, fonctionnaire, pour sentir la blessure suite aux attaques qui vous ont été réservées. Conscients du rôle structurant de la Justice pour la vitalité de la démocratie, épine dorsale de toute la République, nous avons éprouvé la violence de ces attaques. Les professionnels de lenfance effectuent un travail extraordinaire, votre dévouement est grand, connu et reconnu par lensemble de la population même. Ces attaques ont pu faire planer un doute que lon va dissiper.
Des questions se posent sur les objectifs et les valeurs qui sous-tendent la justice des mineurs, sur la façon déduquer et de juger les mineurs aujourdhui; lattente de la société envers les éducateurs, les juge, les associations est forte. Ces questions sont encore plus aiguës quand il sagit des mineurs isolés.
Sur quelles valeurs repose la Justice des mineurs ? Celles énoncées dans lordonnance de 1945 : lautorité, la sanction proportionnée, la volonté de ramener les mineurs vers les règles de la société, léducation, la protection judiciaire de la jeunesse. Je ne crains pas la répression mais je travaillerai darrache-pied pour la prévention et pour léducation. La Justice des mineurs doit offrir des solutions diversifiées pour assumer les paris et les défis de lambition de léducation. Dans la mise en cause de ces principes il y a une idée âpre et douloureuse : lidée rampante que les enfants de ce pays ne seraient pas nos enfants, mais des mineurs, les enfants des autres. Cette idée est désastreuse. Nous allons oser affirmer, en nous appuyant sur lhistoire et lintelligence de ce pays, que lenfance est un univers particulier, complexe qui appelle des compétences. Il ny a pas détanchéité entre léducation et la sanction doù la cohérence dune Justice spécifique pour les mineurs, qui repose sur la diversité des solutions apportées. Lindividualisation de la réponse judiciaire vaut pour les mineurs et les majeurs mais prend sa pleine signification pour les mineurs. Nous avons le souci de respecter les valeurs de lordonnance de 1945 mais aussi de viser lefficacité. Le Président de la République sest aussi engagé pour lefficacité dune Justice spécifique pour les mineurs qui na pas besoin pour y parvenir de se maquiller en tribunaux de majeurs.
Parmi les réponses existantes, on sait que 80% des mineurs confrontés à l'autorité judiciaire, à la justice ou aux éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse, ne récidivent pas; pourtant le milieu ouvert a perdu des moyens considérables.
Cest sur ces valeurs que je mappuierai pour toutes les décisions à venir.
Ma méthode sera une démarche découte, de rencontre, de dialogue, de sollicitation des professionnels confrontés à cette jeunesse en déshérence. Cest systématiquement que je viendrai vers vous, je privilégierai les exemples de terrain, je préférerai toujours les exemples qui réussissent sur le terrain plutôt quune accumulation de législation irréfléchie qui fragilise luvre de justice.
Je compte sur vous. Il sagit de ramener lenfant dans la société.
Jai lu vos propositions, jy ai trouvé des éléments intéressants que je prendrai en considération : dire rapidement si le jeune est coupable ou innocent et, une fois le verdict posé, faire en sorte que le travail éducatif puisse effectuer son uvre. Il nous faut apprécier mieux limpact de vos interventions et les modalités de prise en charge de ces jeunes. Ces réponses doivent être améliorées, il y a nécessité de travailler avec les Conseils généraux. Il y a lieu dévaluer le fonctionnement des CEF et voir comment renforcer le suivi en milieu ouvert chaque fois que cela est nécessaire. Il faut penser à laprès, la sortie des CEF, voir comment le travail des éducateurs, des travailleurs sociaux est constructif.
Je regarderai avec attention les solutions à apporter au problème du FIJAIS [fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions sexuelles] que vous avez signalé. Jentends travailler avec tous les acteurs de la Justice des mineurs : juges des enfants, protection judiciaire de la jeunesse, associations, avocats, assesseurs des tribunaux pour enfants. Il y a un certain nombre de réponses à apporter pour le meilleur fonctionnement du service public de la Justice.
Je ferai établir un audit des besoins des ressources humaines, je demanderai un état des lieux sur les délais de prise en charge des mineurs dans les milieux ouverts. Si nous trouvons le bon rythme de travail, je suis sûre que nous réussirons, que nous mettrons un terme aux agressions inutiles, aux brutalités absurdes : remobiliser la protection judiciaire de le jeunesse, les énergies, intelligences accumulées, expériences additionnées, nous mobiliserons tout cela de façon à ce que ce service public retrouve le lustre dun droit juste qui sache faire confiance aux magistrats, qui accepte le principe du contradictoire et qui comprenne que linstitution judiciaire apporte des garanties démocratiques au justiciable. Cest ce que nous attendons dans une démocratie pour un service public de la Justice. Je compte sur votre combativité, sur votre enthousiasme. Je me battrai pour le faire revivre.
Je compte sur vous pour quensemble, nous parvenions à faire des enfants de ce pays, en danger ou délinquants, des citoyens libres et responsables.
Merci.Source http://www.justice.gouv.fr, le 6 juin 2012