Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Le constat que vient de vous présenter Stéphane ROZES montre que nous devons redoubler d'efforts en faveur des PME. Elles constituent, en effet, un levier important pour l'exportation mais encore insuffisamment exploité.
Leur activité internationale est bien sûr une réalité mais l'analyse du sondage révèle que les PME se développent à l'international de manière empirique et au coup par coup. Comme nous l'avons vu, pour 58 % d'entre elles « exporter » c'est d'abord « répondre ponctuellement à des demandes de clients à l'étranger » et non pas mettre en œuvre une stratégie internationale. En outre, elles mènent leur activité exportatrice depuis la France, sans véritable implantation extérieure.
Pourtant, d'après le sondage, il n'existe pas de réticence culturelle ; mais il demeure une méconnaissance profonde des mécanismes.
Les freins à l'exportation reposent plus sur une image que sur des faits : c'est d'autant plus vrai pour les petites entreprises qui exportent peu ou pas.
Les chiffres, à cet égard, sont frappants : 57 % des entreprises entre 20 et 49 salariés pensent que l'activité internationale est faiblement accessible.
Pour résumer, il est clair que moins on connaît l'international, plus on pense qu'il est difficile d'y accéder. La réticence à l'égard de l'international relève donc davantage du domaine de la représentation que de l'expérience
Nous avons donc, avec l'ensemble des organismes d'appui, à entreprendre un important travail d'information auprès des PME afin de répondre à leurs attentes et de les convaincre qu'exporter est à leur portée.
A la première lecture de ce sondage, on ne peut que constater l'insuffisance de notoriété de notre dispositif d'appui à l'exportation. Mais il faut relativiser ce constat car :
* Plus de 60 % des PME interrogées ont indiqué n'avoir aucune intention de développement international et donc de fait ne connaissent pas notre dispositif d'appui,
* Mais surtout, et c'est un résultat remarquable, le taux de satisfaction des utilisateurs est très élevé (76 % pour la COFACE, 73 % pour le CFCE, 72 % pour les PEE...).
En ce qui concerne les zones sur lesquelles nos entreprises souhaitent se développer, la demande la plus forte concerne, et c'est logique, l'Europe de l'Ouest (48 %), puis l'Europe Centrale et Orientale (27 %). Il est important de noter que l'Amérique Latine séduit insuffisamment nos PME puisque seules 9 % d'entre elles envisagent de s'y développer.
C'est un axe de travail auquel je vais m'attacher. J'ai notamment prévu d'effectuer d'ici la fin de l'année plusieurs nouvelles missions, où je serai accompagné de PME, en Amérique latine : Colombie, Equateur, Paraguay début août puis le Brésil et le Mexique après l'automne.
Qu'attendent les PME de nous ?
Avant tout, des informations sur l'activité économique des pays dans lesquels elles souhaitent exporter.
Notre objectif c'est de rompre l'isolement des PME, de leur fournir le maximum d'indicateurs sur la situation des pays étrangers.
Quand on voit que 80 % des PME-PMI sont indépendantes et qu'elles ne réalisent que 15 % de leur chiffre d'affaires à l'exportation, on évalue le chemin qu'il nous reste à parcourir.
Alors que ces entreprises constituent un gisement d'emplois et de croissance non négligeable, un grand nombre de PME sont prêtes pour la bataille de l'exportation. J'en veux pour preuve que 37 % des entreprises interrogées chercheront à l'avenir à développer leur activité à l'international.
Que leur proposons-nous quand la moitié des PME interrogées ne savent pas à qui s'adresser ?
Nous devons faire en sorte qu'il y ait à l'avenir une centrale d'information, en relation avec le dispositif d'appui, d'accès simple et rapide sur les marchés et les clients pour toutes les PME. C'est le rôle du CFCE. C'est le sens de la réforme que j'ai engagée et c'est la mission prioritaire que j'ai fixée à son nouveau Directeur Général Jean-Daniel GARDERE.
Je suis convaincu que le CFCE est un maillon essentiel de notre dispositif d'appui.
Je vais de plus étudier lors de la table ronde que je réunis tout à l'heure, la mise en place d'un numéro d'appel afin que toute PME puisse être efficacement orienté vers le service à même de lui donner la réponse qu'elle recherche.
* Mesure complémentaire que j'ai déjà prise, c'est l'ouverture du site Internet du Commerce extérieur qui donne accès à des informations sur les marchés et échanges extérieurs, les appuis plus disponibles et les étapes d'une démarche à l'exportation, ainsi que des indications sur la recherche d'un emploi à l'export.
* Au delà, les DRCE vont avoir désormais une attitude plus offensive vis-à-vis des PME potentiellement exportatrices puisque ce sont les DRCE qui vont aller vers les PME plutôt que d'attendre que celles-ci viennent les voir.
J'ai ainsi décidé que dans quatre régions pilotes, les DRCE entament, en synergie avec les CCI, une procédure de détection systématique des PME potentiellement exportatrices pour lesquelles un suivi personnalisé sera réalisé.
Enfin, j'ai veillé à ce qu'il y ait bien effectivement un correspondant PME, dans chaque Poste d'Expansion Économique.
C'est donc au travers de ces actions, une véritable mobilisation de notre réseau que j'entends réaliser.
Je suis convaincu que nos PME vont disposer dans les mois à venir d'une information encore plus accessible et qui réponde à leurs attentes.
L'autre vecteur essentiel pour l'internationalisation des entreprises c’est Internet D'ores et déjà, 50 % des entreprises interrogées disposent ou disposeront très prochainement d'un accès à Internet. C'est à saluer car cela illustre la volonté des PME à s'adapter aux nouvelles technologies.
Pour elles, Internet est à la fois un outil pour mieux se faire connaître et une façon de commercialiser leurs produits ou services.
C'est pourquoi, dans le cadre du plan gouvernemental sur la société de l'information, j'ai décidé de lancer une action de promotion et de sensibilisation qui se traduit par un label : « les exportateurs sur la toile ». J'ai chargé le CFCE de piloter cette opération. Les DRCE seront les interlocuteurs des entreprises.
Je vous en ai déjà parlé. Il s'agit de délivrer sous des conditions strictes un label aux entreprises les plus innovantes en ce domaine. Une aide au financement réservée aux PME, accompagne ce dispositif.
Par ailleurs, pour que ce nouveau média accélère la circulation de l'information économique, nous avons avec Dominique STRAUSS-KAHN confié à Patrick LEFAS une mission de réflexion.
Nous disposerons très prochainement de ses conclusions qui devraient nous permettre de mieux guider les entreprises dans leur utilisation des sources d'informations économiques disponibles sur Internet.
Quant au développement du commerce proprement dit sur Internet, les travaux de Francis LORENTZ, comme ceux menés aux plans européen et international, doivent nous aider à dégager un cadre cohérent pour favoriser le développement des activités commerciales en assurant la confiance des entreprises et des consommateurs.
En marge de ce sondage, je souhaite vous faire part de 2 axes de réflexion sur les procédures d'aides à l'international dont nous allons débattre tout-à-l'heure.
J'envisage ainsi de proposer :
* d'une part, avec Dominique STRAUSS-KAHN dans le cadre de la réforme des protocoles financiers, la mise en place d'un fonds de garantie pour les PME qui investissent dans les filiales étrangères ;
* d'autre part, dans le cadre de l'assurance prospection, la mise en place d'un mécanisme d'avance pour les très petites entreprises.
Je voudrais également revenir sur un aspect très positif de ce sondage.
Je remarque en effet que les jeunes dirigeants sont particulièrement ouverts à l'international.
C'est parmi eux que se recrute le plus grand nombre d'entreprises ayant augmenté leur part de chiffre d'affaires à l'export ces dernières années : 56 % chez les moins de 30 ans contre 31 % chez les plus de 50 ans.
De la même façon, la prise de conscience de l'apport essentiel des technologies de l'information est plus sensible chez les jeunes.
Il faut que les jeunes chefs d'entreprise fassent profiter les plus anciens de leur expérience et de leur créativité. Dans mon esprit, l'opération « les exportateurs sur la toile » constituera une source d'échange efficace entre les entreprises.
Je voudrais conclure par deux remarques qui sont au cœur de mon approche.
La première, comme le disait mon collègue Christian SAUTTER dans un rapport, il y a quelques années, c'est que « l'informateur prime l'information ». C'est pourquoi, je m'attache autant à la nécessaire mobilisation de notre réseau.
La seconde, c'est que « les PME ne doivent pas chasser en solitaire ».
Or, ce sondage le montre bien, nos PME travaillent encore trop, et c'est naturel, au gré de leurs réseaux personnels.
Je vais donc également essayer de tout faire pour favoriser le rapprochement des hommes et des femmes gestionnaires, ingénieurs, chercheurs étrangers formés en France pour qu'ils deviennent les ambassadeurs de nos PME.
Je vous remercie et je suis prêt à répondre à vos questions.