Texte intégral
La démocratie a besoin d'être modernisée, ça c'est une évidence.
L'imbrication des fiscalités et des compétences, les pesanteurs administratives, l'incapacité à trouver des solutions aux problèmes quotidiens de nos concitoyens, engendrent un vote protestataire important et une forte abstention aux différentes élections, qui peuvent déboucher sur une remise en cause de notre démocratie.
Jacques Chirac, dans son discours de Rennes, a voulu prévenir le risque et inviter les élus à s'engager résolument sur les chemins de la modernisation de notre vie politique.
Celle-ci passe d'abord par le renouveau de la démocratie locale.
De nombreuses expériences, notamment à l'étranger, ont montré l'efficacité des maires dans le combat contre l'insécurité, tant pour la prévention que pour la répression. Qu'attendez-nous pour nous en inspirer ?
La démocratie locale
L'Education nationale, qui ne parvient pas à innover autrement qu'en multipliant les circulaires administratives, a également beaucoup à espérer d'une implication des élus pour ouvrir l'école sur le monde, y développer les activités culturelles et sportives, orienter l'enseignement vers les métiers d'avenir. Pourquoi sommes-nous encore si frileux ?
Dans les bassins d'emploi, les élus municipaux, principalement au contact de leurs concitoyens, peuvent rapprocher efficacement les demandeurs d'emploi et les entreprises qui embauchent. Parce qu'ils connaissent les personnes en difficulté et leurs familles, peuvent mettre en oeuvre de nouvelles formes de solidarité, personnelles et non plus anonymes, dans lesquelles chacun s'engage à la mesure de ses moyens, en contrepartie de l'aide qu'il reçoit. Faut-il donc que la fracture sociale s'aggrave encore pour que nous en prenions conscience ?
Il est temps de faire confiance à la démocratie locale et de lui donner de nouveaux moyens d'action. Il est temps de la mettre en mesure de répondre à ces nouveaux défis.
La France a changé. Notre pays n'a plus rien à voir avec ce qu'il était au moment où ses grandes institutions locales ont été dessinées, 1871 pour les départements, 1884 pour les communes. La création des régions, en 1972, et la décentralisation, commencée en 1982, ont permis des adaptations nécessaires. Il faut maintenant aller plus loin et permettre aux collectivités qui le souhaitent d'épouser leur temps en mettant en place, sur une base volontaire, dans les agglomérations comme dans les bassins de vie ruraux, de nouvelles communautés élues au suffrage universel, sans pour autant créer un échelon de collectivité supplémentaire. Les Français trouveront alors des interlocuteurs pleinement responsables des affaires locales. Chacun paiera le même impôt et aura accès aux mêmes services, dans les mêmes conditions !
Au lieu de s'attaquer à ces questions, le Gouvernement et sa majorité préfèrent, sans respecter les droits du Parlement, imposer une réforme du mode de scrutin pour les élections régionales, dont le seul objectif est de renforcer le poids des extrémistes, en permettant aux listes du Front national de se maintenir au second tour. La fusion des listes entre les deux tours permettra également toutes les combines politiques. Le moment venu, le recours au Conseil constitutionnel s'imposera.
Il est clair que les Français ont entendu l'invitation du président de la République. Les responsables politiques doivent aussi comprendre la nécessité de restaurer une liberté trop souvent étouffée dans le carcan des structures, des réglementations, et par le conformisme qui, en persistant, désespère nos concitoyens d'entreprendre, de travailler et de créer.
Le service public doit évoluer lui aussi, par un retour aux sources qui rendra la priorité aux usagers : les Français en on assez de cette absence d'organisation du droit de grève qui, si on n'y prenait pas garde, finirait par atteindre sa légitimé même. Qu'est-ce qui empêche encore les partenaires sociaux de régler ce problème, qui n'existe plus nulle part ailleurs en Europe. En Espagne, le service minimum n'est-il pas inscrit dans la Constitution ?
Dès maintenant, un groupe de travail commun RPR-UDF-DL s'est mis en place. Il procédera rapidement à de nombreuses et larges auditions. Ses propositions permettront de concilier dans les faits l'exercice du droit de grève et le droit des usagers à circuler librement.
Ouvrir la vie politique
Enfin, le président de la République a eu raison d'insister sur l'ouverture de la vie politique, pour qu'elle soit à l'image de la nation, en faisant toute leur place aux femmes, aux jeunes et aux représentants des secteurs d'activité qui s'en trouvent aujourd'hui exclus, principalement au bénéfice des fonctionnaires et des retraités. Nul ne doit plus être privilégié pour l'accès aux fonctions électives, comme c'est actuellement le cas pour les fonctionnaires, qui peuvent indéfiniment retrouver leur emploi. Les mandats publics doivent s'exercer à temps plein quand leur importance le justifie. Le cumul des mandats doit impérativement englober des fonctions aussi importantes que les fonctions ministérielles, en évitant tout détournement de l'esprit de la loi par l'exercice de fonctions d'adjoint. Un véritable statut de l'élu doit être rapidement adopté.
L'ensemble de ces réformes permettra de refonder la morale publique.
Une société ne se réforme pas seulement par la loi, mais aussi et peut-être même, surtout, par l'action conjuguée de tous ceux, hommes et femmes de talent, qui n'attendent pas tout de l'Etat, mais d'abord de l'initiative individuelle et de l'engagement collectif, porté par une ambition commune.
Jacques Chirac a donc raison d'en appeler à la responsabilisation de tous pour construire l'avenir de notre pays.