Texte intégral
V. Parisot : Vous lancez une campagne pour que les 500 000 visiteurs attendus pendant le Mondial reçoivent le meilleur accueil possible. Cela veut dire que vous craignez des excès ?
M. Lebranchu : 500 000 personnes en peu de temps, c'est effectivement un risque que les professionnels, les bons professionnels mesurent avec nous. La première chose à dire est que déjà un certain nombre de produits ont été vendus sous le label France 98 alors que c'étaient des contrefaçons. Grâce aux douanes françaises et à la direction de la répression des fraudes, nous avons réussi à stopper ce type de commerce. Première chose. Seconde chose, nous allons faire une double opération : sensibiliser les commerçants au fait que c'est une grande fête et qu'il ne faut pas la gâcher, et qu'en plus, ce sera une grande fête d’image pour la France ; sensibiliser les visiteurs au fait qu'en France comme tout consommateur, ils ont des droits. Donc, deux brochures. Une pour nos commerçants-artisans, une pour nous, visiteurs. De telle manière qu'on n’ait pas à déplorer des chambres d'hôtel dont le prix serait multiplié par le nombre de buts de la Coupe du monde ou des petits repas vendus comme des grands repas de luxe. Tout cela est un problème qui n'est pas affolant parce que nous avons des dispositifs qui ont l'habitude d'être mis en place lorsqu'il y a des grandes arrivées début juillet ou début août, sur les autoroutes. Nous avons une opération qui fonctionne.
V. Parisot : Vous demandez aux commerçants de ne pas profiter de la situation, mais est-ce que vous avez les moyens d'éviter les dérapages ?
M. Lebranchu : Nous avons déjà repéré des produits qui sont des contrefaçons.
V. Parisot : C'est le rôle des douaniers, n'est-ce pas ?
M. Lebranchu : C'est les douaniers qui les ont trouvés, et c'est ensuite la concurrence et la répression des fraudes qui sont allés les repérer dans les différents magasins pour les retirer de la vente. Deuxième chose, nous avons les moyens de contrôler c'est-à-dire de rentrer dans un hôtel, de voir les prix affichés à l'extérieur et les prix pratiqués. Il suffit de regarder tel ou tel client qui sort et de faire un contrôle sur place. Il y aura un certain nombre d'opérations « coup de poing » qui seront faites et à la demande aussi des bons professionnels qui n'ont pas envie que des pratiques un peu bizarres viennent ternir leur image. Et nous avons aussi à regarder tout ce qui est vente ambulante autour des stades. De la nourriture va être vendue, des produits du terroir, des produits régionaux seront vendus autour des stades et nous tenons à ce qui soit vendu le soit sous de bonnes conditions, à des prix corrects et que ce ne soit pas des sandwiches de la veille qui empoisonnent les clients trois jours après. Voilà des choses simples mais qui pourraient faire que la fête soit gâchée.
V. Parisot : Vous demandez aussi aux commerçants de soigner l'image de la France, d'avoir le sourire avec les touristes ?
M. Lebranchu : Nous demandons même à certains commerçants qui avaient eu l’idée de travailler avec nous dans une grande association qui a été créée par les commerçants de la Seine-Saint-Denis - l’Association nationale des commerçants de la Coupe du monde - et qui ont l’intention de décorer les vitrines, de faire un accueil particulier, de faire un effort sur les langues, y compris d’embaucher pendant deux jours des intérimaires qui les aident à pratiquer des langues qu’ils n’ont pas l’habitude de pratiquer. Je pense que beaucoup de commerçants sont conscients que cette grande fête du football peut être une fête du commerce français et des produits français. Donc, il ne faut pas louper. Il ne faut pas laisser la porte ouverte à un certain nombre d'arnaques qui, comme tout à chacun le sait, se produit quand il y a trop de monde.
V. Parisot : Vous avez une idée de l'impact que peut avoir ce Mondial sur le commerce dans les villes qui accueilleront des matchs du Mondial ?
M. Lebranchu : C'est plus fort que la saison d'été sur les zones touristiques. C'est très concentré sur peu de jours. Donc, c'est vrai que c'est beaucoup plus difficile à gérer pour ces commerçants parce que la notion de stock pour le premier match en particulier, va être difficile à estimer. Est-ce que nos visiteurs, les supporters étrangers en particulier, vont vouloir se restaurer de tel ou tel type de façon ? On ne le saura qu'au bout de trois ou quatre manifestations. En plus, nous devons encourager nos commerçants parce que cela ne va pas être simple et ils ont besoin de soutien et aussi de barrières pour éviter que, ne pouvant répondre à une demande forte, ils ne soient concurrencés par des gens qui arrivent, comme on disait autre fois, sans patente.
V. Parisot : Vous évitez les contrefaçons. Vous ne craignez pas à quelques jours du Mondial, tout cela prenne une ampleur que vous ne pourriez pas gérer ?
M. Lebranchu : Nous espérons que non. Mais d'ores et déjà autant les équipes des douanes que la direction de la concurrence et de la répression des fraudes que tous nos services sont mobilisés pour être très présents sur cette opération au moment où va commencer la Coupe du monde. Nous avons décidé, pour ce qui est de Toulouse par exemple, qu'il y aura au village Occitan une présence des pouvoirs publics pour informer tout le monde de ce qui peut éventuellement se passer au cours de la manifestation. Donc, tout est prêt. Il y a une forte mobilisation pour que nous évitions les incidents de consommation qui peuvent être quelques fois des accidents graves et surtout pour que nous évitions que les commerçants, qui sont prêts à faire des efforts, se voient avec en face d’eux une concurrence déloyale, inattendue et dommageable.