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Droits des victimes : quelle perception de la criminalité en Europe ?

Temps de lecture  4 minutes

Par : La Rédaction

Chaque année, en Europe, plus d’une personne sur quatre est victime de harcèlement et des millions de personnes sont victimes d’agressions physiques. Un rapport publié le 19 février 2021 par l’Agence européenne des droits fondamentaux dresse un état des lieux de la perception de la criminalité par la population européenne.

Le rapport "Criminalité, sécurité et droits des victimes" de l'Agence européenne indique que 6% des Européens, soit 22 millions de personnes, ont été victimes de violences physiques en 2019. Les données montrent que le harcèlement fait encore plus de victimes : environ 110 millions d’Européens ont été harcelés en 2019, ce qui représente plus d’une personne sur quatre.

L'Agence des droits fondamentaux de l'UE a mené une étude en 2019 sur 35 000 habitants de l’UE, du Royaume-Uni et de la Macédoine du Nord. Il s’agit de la première enquête menée au niveau européen sur l’expérience de la population générale en matière de crimes et de droits fondamentaux.

Des catégories de population plus touchées

Certaines personnes sont plus visées que d’autres selon des critères comme l'appartenance à une minorité ethnique, l’orientation sexuelle ou le handicap.

Les violences physiques touchent plus les jeunes de 16 à 29 ans : un jeune sur quatre en a fait l’objet ces cinq dernières années, alors que la population globale est moins touchée (une personne sur dix).

Concernant le harcèlement, trois jeunes sur cinq (61%) ont été harcelés lors des cinq dernières années, contre plus d’une personne sur quatre (27%) toutes catégories d’âges confondues. Il en va de même pour les individus non-hétérosexuels (57%), n’ayant pas la nationalité du pays où ils habitent (54%), nés dans un autre État membre (51%), hors de l’UE (49%), ou encore handicapées (50%).

Le rapport indique aussi que les violences physiques sont réalisées majoritairement par des hommes. En revanche, les hommes sont plus souvent agressés par des inconnus dans un lieu public que les femmes. Celles-ci sont le plus souvent agressées dans leur domicile par des personnes qu’elles connaissent déjà, y compris par des membres de leurs familles. Les femmes  subissent des séquelles psychologiques dans 69% des cas. L’étude révèle par ailleurs que 83% des femmes âgées de 16 à 29 ans évitent de se rendre dans certains lieux ou quartiers par crainte d'être agressées ou harcelées.

Chaque 25 novembre, est célébrée la Journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes.

Symbole des inégalités femmes-hommes, ces violences sont multiples.

Elles sont physiques, sexuelles, verbales, psychologiques ou encore économiques.

Ces violences se manifestent partout : sphère privée, publique, scolaire, professionnelle.

Elles se sont étendues à la sphère numérique avec le cyber-harcèlement.

L’ampleur de ce phénomène a longtemps été occultée, entraînant l’isolement et la honte des victimes.

Les premières enquêtes sur le sujet sont publiées dans les années 1990.

Une enquête de 1997 révèle les multiples agressions subies par les femmes au sein de leur couple .

Chaque année, 50 000 femmes sont victimes de viol, un acte majoritairement commis par un proche et passé sous silence.

D’autres études confirment le niveau élevé des violences subies par les femmes au sein du couple, pouvant aller jusqu’à la mort.

Face à ces violences, un important arsenal législatif s’est peu à peu constitué.

Depuis les années 1990, plusieurs lois pénalisent les violences faites aux femmes et améliorent leur prise en charge.

Plusieurs plans de lutte contre les violences commises à l'encontre des femmes ont été adoptés.

Ils visent à protéger les victimes et leurs enfants et prévenir toute forme de violence .

Outre une réponse pénale, des dispositifs ont été créés : numéro unique 3919, plateforme de signalement en ligne, etc.

En 2017, le mouvement #metoo encourage les femmes à dénoncer les viols et agressions sexuelles qu’elles ont subis.

En 2019, le gouvernement a organisé un Grenelle des violences conjugales pour renforcer la protection des victimes .

À l’origine de ce Grenelle, un constat.

En France, une femme meurt tous les deux jours sous les coups de son conjoint ou de son ex-conjoint.

Le nombre de victimes tuées au sein du couple, très majoritairement des femmes, reste élevé chaque année.

Mieux défendre les victimes

Le rapport de l'Agence européenne contient des orientations destinées aux dirigeants politiques européens, qui devraient compléter la stratégie de l’UE en matière de droits des victimes. Le rapport propose aux États membres quatre séries de recommandations :

  • assurer l’accès à la justice en transmettant aux victimes les informations d'une manière compréhensible, le soutien et la protection nécessaire mais aussi en leur permettant de participer aux procédures pénales (démarches en lignes) ;
  • offrir une aide ciblée en se focalisant sur les groupes de populations les plus touchés pour mieux les protéger ;
  • mieux aider les femmes par une approche plus sensible au genre, en terme de sanctions juridiques, d’éducation, de protection et d’aide relative au droit des victimes (le rapport souligne l’importance de la prévention des violences physiques et du harcèlement sexuel à l’égard des femmes qui passe par l’éducation des hommes) ;
  • faciliter le signalement des crimes à l'encontre des personnes plus âgées, moins éduquées ou ayant des difficultés financières (la société civile ou les services de santé devraient pouvoir signaler les cas de criminalité, informer les victimes de leurs droits et les diriger vers les services d’aide compétents).