En 2015, près de 10 millions de français se sont vu prescrire des antalgiques (antidouleurs) opioïdes. La prescription d’opioïdes a augmenté de 150% entre 2006 et 2017, selon un rapport de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) publié en février 2019.
Mises en ligne en mars 2022, les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) s’inscrivent dans la continuité du travail de prévention initié par la feuille de route 2019-2022 "Prévenir et agir face aux surdoses d’opioïdes" publiée par le ministère des solidarités et de la santé.
La dangerosité des opioïdes
Dès 2019, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) appelle les gouvernements à prendre des mesures urgentes pour lutter contre la "crise des opioïdes" qui s’étend dans le monde. Aux États-Unis, notamment, le surdosage lié aux opioïdes a provoqué près de 100 000 décès entre avril 2020 et avril 2021. En France la mortalité est moindre, de l’ordre de quelques centaines de décès par an.
La classification des opioïdes
Les opioïdes sont classés sur la liste I des substances vénéneuses ou sur la liste des stupéfiants. Le tramadol, la poudre d’opium et la codéine appartiennent à la liste I. Ils sont indiqués pour les douleurs d’intensité modérée à sévère. Les médicaments opioïdes classés stupéfiants (et assimilés) sont disponibles exclusivement sur prescription médicale réalisée sur ordonnance sécurisée. Leur prescription, limitée à quatre semaines, n’est pas renouvelable.
Certes, la Haute Autorité de santé reconnaît l’utilité des opioïdes pour traiter la douleur, notamment lorsque celle-ci est sévère ou aiguë.
Toutefois, la HAS rappelle aux médecins la dangerosité de tels traitements en cas de mésusage ou de surdosage ainsi que la nécessité de respecter strictement les règles de prescription. En effet, les surdoses ou la mauvaise utilisation peuvent causer de nombreux effets secondaires tels que des somnolences, des troubles respiratoires ou même des décès.
Prévenir les effets néfastes des opioïdes
Face à ces constats, la Haute Autorité de santé établit des recommandations pour chaque situation où des opioïdes peuvent être prescrits.
Par exemple, dans le cas du traitement de la douleur chronique non cancéreuse, la HAS recommande de ne prescrire d’antalgiques opioïdes qu’en dernier recours. Ils doivent également être évités en cas de douleurs musculosquelettiques ou de migraines.
Dans le cas de douleurs cancéreuses, les traitements antalgiques doivent être adaptés aux situations cliniques. L’évaluation psychologique, sociale et familiale du patient doit être régulière afin de prévenir des effets néfastes.
Pour les femmes enceintes, les opioïdes doivent être utilisés avec précaution si la grossesse est proche du terme. La HAS leur préfère la morphine. Dans le cas des femmes allaitantes, l’utilisation d’opioïdes ne devrait pas excéder trois jours.
Globalement, la HAS préconise que les traitements à base d’opioïdes soient prescrits de façon progressive, avec des réévaluations régulières en début de traitement afin d’ajuster la posologie et de surveiller l’apparition d’effets indésirables.