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© Mirsad / Stock-adobe.com

Viginum : des cas d'ingérences étrangères en ligne détectés lors des élections de 2022

Temps de lecture  4 minutes

Par : La Rédaction

Depuis sa création en juillet 2021, le nouveau service de l’ État chargé de la vigilance et de la protection contre les ingérences numériques étrangères (Viginum) a détecté 84 phénomènes douteux sur les plateformes numériques, dont une soixantaine durant la période des élections françaises de 2022.

Le service chargé de la vigilance et de la protection contre les ingérences numériques étrangères (Viginum) a rendu public, le 25 octobre 2022, son premier rapport annuel.

Cinq ingérences numériques étrangères détectées durant les élections 2022

Les périodes électorales étant des moments particulièrement propices aux ingérences numériques étrangères, Viginum a consacré la majeure partie de son activité opérationnelle à la protection des élections présidentielles et législatives de 2022.

Au cours de sa première année d'activité, le service a détecté 84 phénomènes potentiellement liés à des ingérences numériques étrangères, dont 60 lors des élections de 2022. 12 ont fait l'objet d'investigations approfondies et cinq ont été caractérisés comme des ingérences numériques étrangères. 

En mars 2022, Viginum a constaté la propagation rapide sur les réseaux sociaux de contenus inexacts ou trompeurs évoquant le recours par le gouvernement français à des machines à voter d'une société canadienne accusée, par des courants activistes nord-américains, d’avoir participé à une fraude électorale au détriment de l'ex-président américain Donald Trump.

Viginum a conduit de nombreuses autres opérations afin de sécuriser le débat public numérique entourant des événements internationaux tels que le référendum sur l'accession à la pleine souveraineté de la Nouvelle-Calédonie, la guerre en Ukraine ou encore l'action de la France au Sahel.

Qu’est-ce qu’une ingérence numérique étrangère ? 

Pour être caractérisé d'ingérence numérique étrangère, un phénomène inauthentique doit combiner :

  • une atteinte potentielle aux intérêts fondamentaux de la Nation (intégrité du territoire et défense nationale, politique étrangère, préservation des intérêts économiques, industriels...) ; 
  • un contenu manifestement inexact ou trompeur ;
  • une diffusion des contenus artificielle ou automatisée, massive et délibérée ;
  • l’implication d'acteurs étrangers (étatique ou non étatique).

Des manipulations d'information qui se propagent sur Internet

Les campagnes de manipulation de l’information, organisées par l'étranger et visant à déstabiliser les États, se multiplient avec l'explosion des usages d'Internet et des réseaux sociaux. Face à la montée en puissance de ces menaces pour la démocratie, la France a décidé de renforcer son dispositif de lutte contre la manipulation de l’information, à l’instar de plusieurs États et institutions internationales (G7, OCDE...). 

Par un décret du 13 juillet 2021, le gouvernement a créé un service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères (Viginum), rattaché au Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), au sein des services de la Première ministre. Il a pour mission de détecter et de caractériser ces campagnes de manipulation de l’information en ligne qui visent à nuire aux intérêts fondamentaux de la France. 

Un second décret du 7 décembre 2021 lui confère l’autorisation de collecter, exploiter et traiter de façon automatisée les données à caractère personnel sur les plateformes en ligne. L'action de ce service est suivie par un comité d'éthique et scientifique, présidé par un membre du Conseil d'État et secondé par un membre de l'Arcom (autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique).

Le service Viginum, qui emploie une quarantaine d'agents, explore les contenus publiquement accessibles sur les plateformes en ligne pour repérer des "phénomènes inauthentiques" (comptes suspects, contenus malveillants, comportements anormaux ou coordonnés) qui seraient susceptibles de révéler une ingérence numérique étrangère.