La politique de sortie des énergies fossiles au profit d'une mobilité électrique à l'horizon 2035, c'est-à-dire l'interdiction de la vente de véhicules neufs thermiques contenue dans le paquet climat "Fit for 55", implique de revoir en profondeur les plans de production de l'industrie automobile européenne.
Pour aider l'UE à devenir un moteur mondial de la production et de l'utilisation de batteries durables, la Commission européenne a publié en 2018 un plan d'action stratégique pour les batteries.
Dans un rapport sur la politique industrielle de l'UE en matière de batteries rendu public le 19 juin 2023, la Cour des comptes européenne souligne les faiblesses de la stratégie européenne :
- problèmes de disponibilité des matières premières nécessaires à la fabrication des batteries ;
- augmentation du prix de ces matières premières et de l'énergie ;
- concurrence mondiale susceptible de saper la compétitivité européenne.
La Cour recommande une mise à jour du plan d'action stratégique en accordant une attention particulière à la sécurisation de l'accès aux matières premières.
L'UE pourrait perdre la course aux batteries
Selon le rapport, 30 millions de véhicules électriques circuleront sur les routes européennes d'ici 2030 et ce nombre augmentera rapidement après 2035 avec l'interdiction de production de nouvelles voitures à moteur thermique.
En dépit des initiatives prises, la chaîne de valeur des batteries dans l'UE reste fortement dépendante des approvisionnements étrangers et sera confrontée à brève échéance, en particulier à partir de 2030, à une pénurie de matières premières pour batteries, affirme la Cour.
Cela s'explique par les effets conjugués de :
- l'augmentation de la demande mondiale, principalement due à l'électrification du transport routier ;
- l'approvisionnement incertain en matières premières provenant de l'UE, caractérisé à la fois par son insuffisance et son manque de souplesse (délais de mise en route et d'exploitation des projets miniers, manque de recyclage des batteries en fin de vie).
Selon le communiqué de la Cour du 19 juin 2023, "les batteries ne doivent pas devenir le nouveau gaz naturel de l'Europe. Il faut éviter qu'elle se retrouve dans la même situation de dépendance : il en va de sa souveraineté économique."
Quelles initiatives européennes ?
Le 16 mars 2023, la Commission a publié une proposition de règlement sur les matières premières critiques avec des objectifs d'autosuffisance. Puis, le 14 juin 2023, le Parlement européen a adopté le texte qui impose le recyclage et la réutilisation des batteries.
Malgré un soutien financier accru
Dans le cadre de la politique industrielle européenne, la Commission a approuvé deux projets importants d'intérêt européen commun (PIIEC) en décembre 2019 pour l'un et en janvier 2021 pour l'autre. Trois États membres (Allemagne, France, Italie) réunissent, à eux seuls, 87% (pour le premier projet) et 83% (pour le deuxième) des aides d'État autorisées.
Au cours de la période 2014-2020, des subventions et des garanties de prêts dépassant 1,7 milliard d'euros ont été accordées au titre du budget de l'UE. Viennent s'y ajouter des aides d'État atteignant les 6 milliards d’euros entre 2019 et 2021.