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Batteries électriques : des freins à la capacité de production de l'UE

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

Les batteries électriques sont devenues un impératif stratégique pour l'Union européenne (UE). Mais, la Chine a une longueur d'avance avec 76% de la capacité de production mondiale (contre 7% pour l'UE). Cruciale pour la souveraineté économique et l'atteinte des objectifs environnementaux, l'industrie européenne de la batterie reste à concrétiser.

La politique de sortie des énergies fossiles au profit d'une mobilité électrique à l'horizon 2035, c'est-à-dire l'interdiction de la vente de véhicules neufs thermiques contenue dans le paquet climat "Fit for 55", implique de revoir en profondeur les plans de production de l'industrie automobile européenne.

Pour aider l'UE à devenir un moteur mondial de la production et de l'utilisation de batteries durables, la Commission européenne a publié en 2018 un plan d'action stratégique pour les batteries.

Dans un rapport sur la politique industrielle de l'UE en matière de batteries rendu public le 19 juin 2023, la Cour des comptes européenne souligne les faiblesses de la stratégie européenne :

  • problèmes de disponibilité des matières premières nécessaires à la fabrication des batteries ;
  • augmentation du prix de ces matières premières et de l'énergie ;
  • concurrence mondiale susceptible de saper la compétitivité européenne.

La Cour recommande une mise à jour du plan d'action stratégique en accordant une attention particulière à la sécurisation de l'accès aux matières premières.

L'UE pourrait perdre la course aux batteries

Selon le rapport, 30 millions de véhicules électriques circuleront sur les routes européennes d'ici 2030 et ce nombre augmentera rapidement après 2035 avec l'interdiction de production de nouvelles voitures à moteur thermique.

En dépit des initiatives prises, la chaîne de valeur des batteries dans l'UE reste fortement dépendante des approvisionnements étrangers et sera confrontée à brève échéance, en particulier à partir de 2030, à une pénurie de matières premières pour batteries, affirme la Cour.

Cela s'explique par les effets conjugués de :

  • l'augmentation de la demande mondiale, principalement due à l'électrification du transport routier ;
  • l'approvisionnement incertain en matières premières provenant de l'UE, caractérisé à la fois par son insuffisance et son manque de souplesse (délais de mise en route et d'exploitation des projets miniers, manque de recyclage des batteries en fin de vie).

Selon le communiqué de la Cour du 19 juin 2023, "les batteries ne doivent pas devenir le nouveau gaz naturel de l'Europe. Il faut éviter qu'elle se retrouve dans la même situation de dépendance : il en va de sa souveraineté économique."

Quelles initiatives européennes ?

Le 16 mars 2023, la Commission a publié une proposition de règlement sur les matières premières critiques avec des objectifs d'autosuffisance. Puis, le 14 juin 2023, le Parlement européen a adopté le texte qui impose le recyclage et la réutilisation des batteries.

Face au réchauffement climatique, l’Union européenne s’est fixé un objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050.

Il s’agit de réduire les émissions de CO2 responsables de la pollution atmosphérique.

Dans l’UE, les transports représentent plus de 25% des émissions de CO2.

Dans ce secteur, l’usage de la voiture contribue pour plus de 60% à cette pollution.

Parmi les mesures de neutralité carbone, l’UE a acté l’interdiction de la vente de voitures neuves - essence et diesel - à partir de 2035.

Objectif : privilégier l’usage de véhicules électriques et hybrides rechargeables, jugés beaucoup moins polluants.

La mobilité électrique passe par un développement massif des batteries qui pose plusieurs questions.

L’amélioration de l’autonomie des batteries, leur temps de charge et l’accès à un nombre de bornes de recharge suffisant.

Le coût d’achat du véhicule électrique, dont la batterie constitue une part importante.

Le marché des batteries, largement dominé par la Chine, dotée d’importantes réserves de matières premières, dont le lithium.

Leur fabrication et leur exportation depuis la Chine qui alourdissent l’empreinte carbone, tout comme leur recyclage.

Face à la concurrence chinoise, l’UE tente de rattraper son retard en développant sa propre production de batteries électriques.

50 projets d'usines de batteries lithium-ion sont annoncés d'ici à 2030 en Europe.

En juin 2023, la France a inauguré sa première usine produisant des batteries pour voitures électriques.

Malgré un soutien financier accru

Dans le cadre de la politique industrielle européenne, la Commission a approuvé deux projets importants d'intérêt européen commun (PIIEC) en décembre 2019 pour l'un et en janvier 2021 pour l'autre. Trois États membres (Allemagne, France, Italie) réunissent, à eux seuls, 87% (pour le premier projet) et 83% (pour le deuxième) des aides d'État autorisées.

Au cours de la période 2014-2020, des subventions et des garanties de prêts dépassant 1,7 milliard d'euros ont été accordées au titre du budget de l'UE. Viennent s'y ajouter des aides d'État atteignant les 6 milliards d’euros entre 2019 et 2021.