Le rapport parlementaire sur l’autonomie alimentaire des outre-mer publié le 4 juillet 2023 étudie les raisons du recours massif aux importations de produits alimentaires dans ces régions ultrapériphériques (RUP) et les effets de cette dépendance sur le système agricole et les populations locales.
Une dépendance alimentaire généralisée
Malgré des caractéristiques géographiques propices à l’agriculture et à la pêche, les RUP françaises ont vu leur autonomie alimentaire se dégrader avec l’entrée dans le commerce mondial. Au cours des années 1970 et 1980, les outre-mer ont en effet eu recours à de nombreux produits importés, plus concurrentiels, au détriment des exploitations familiales.
Depuis, le déficit commercial des RUP ne cesse de se creuser. Entre 1995 et 2011, la dépendance des outre-mer aux importations est passée de 54% à 71%. En 2022, Mayotte et la Guyane ne produisent plus que le tiers de leur consommation et les autres territoires dépendent des importations à hauteur de 76% à 98%. Cette dépendance est renforcée par un modèle agricole intensif, destiné à l’exportation de denrées alimentaires (canne à sucre, rhum, bananes, ananas…)
Le rapport met en avant les effets délétères des choix économiques de ces dernières années sur les territoires insulaires. L’action nationale, doublée de l’appui et du contrôle européens, sont mis en cause. D’un côté, l’agriculture dans les RUP est pénalisée par les réglementations européennes interdisant l’utilisation de certains pesticides. De l’autre, le Programme européen d’options spécifiques à l’éloignement et à l’insularité (POSEI) vise à intensifier les productions – à contre-courant de la Politique agricole commune (PAC) qui s’oriente désormais vers une réduction de la production agricole européenne.
Renouer avec une production et une consommation locales
Pour retrouver une autonomie alimentaire, les outre-mer devront renouer avec la production et la consommation locales. Un défi d’autant plus grand que les pratiques des populations ultramarines ont évolué. La France importe 70% des poissons et fruits de mer consommés alors même que le pays dispose, grâce à ses outre-mer, de la deuxième Zone économique exclusive (ZEE) du monde. De plus, les populations locales ont progressivement aligné leurs habitudes alimentaires sur celles de la France métropolitaine.
D’autres défis sont listés dans le rapport dont :
- la réduction des friches et la limitation de l’urbanisation des terres agricoles pour préserver les surfaces de production ;
- le soutien aux jeunes qui se lancent dans la production agricole ultramarine ;
- l'appui à la recherche en matière de produits phytosanitaires.
Le savez-vous ?
Une étude de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) publiée le 11 juillet 2023, montre qu’entre 2015 et 2022, les écarts de prix des produits alimentaires entre la métropole et les départements d'outre-mer (DOM) se sont creusés.
En 2022, ils étaient de 42% entre la Guadeloupe et la France métropolitaine, 40% pour la Martinique, 39% pour la Guyane, 37% pour la Réunion et 30% pour Mayotte.
Les écart sont les plus marqués pour le café, le thé, le cacao, les eaux, les jus, les laitages et les produits sucrés (sucre, confiture, miel, chocolat, confiseries). Au contraire, les écarts sont plus réduits pour les poissons, les fruits, la viande, les pains et les céréales.