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Ours dans les Pyrénées : comment en accueillir 350 dans les 30 prochaines années ?

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

Face à une situation parfois difficile entre partisans et opposants à l'ours dans les Pyrénées, un récent rapport compare les politiques menées en Espagne, en Italie et en Slovénie. Quelles pourraient être les pistes d'avenir pour mieux concilier l'augmentation du nombre d'ours dans les Pyrénées avec le maintien du pastoralisme ?

Le rapport de l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (IGEDD) et du Conseil général de l’agriculture, de l’alimentation et des espaces ruraux (CGAAER), rendu public le 1er décembre 2023 propose un bilan des mises en œuvre des recommandations des précédents rapports et une analyse comparative (parangonnage) de différentes politiques de l'ours dans trois pays européens : Espagne (Asturies et Catalogne), Italie (Trentin) et Slovénie. La comparaison porte sur trois thèmes : 

  • la dynamique de population et le suivi de l'espèce ;
  • les méthodes d'intervention (effarouchement, fixation, prélèvement, capture) ;
  • les mesures de protection des troupeaux et des ruchers. 

Des crispations en France

Face à "l’importance des dégâts sur les ruches, les cultures fruitières et vivrières ainsi que les déchets" (ordures), l'étude comparative constate que la coexistence de l'ours avec les activités humaines et agricoles est "sensible partout" mais ne constitue pas "systématiquement" un sujet politique.  

Les rapporteurs notent que les outils de protection sont identiques dans chaque pays : clôtures, chiens et bergers.

Le rapport souligne toutefois l'existence de spécificités françaises, dans les Pyrénées, notamment avec : 

  • une opposition à l'effarouchement (moyen sonores pour faire fuir un prédateur), en particulier des femelles gravides (en gestation) : conditions fixées dans l'arrêté du 4 mai 2023 ;
  • un nombre d’animaux tués ou blessés par les ours beaucoup plus important dans les Pyrénées que dans les autres pays étudiés (le pastoralisme spécifique à la France, la taille et le nombre des troupeaux sont un des facteurs) ;
  • des indemnisations versées aux bergers sans vérification de l’efficacité des mesures de protection. 

De nouvelles recommandations pour accueillir 350 ours

Selon le rapport, la population d'ours dans les Pyrénées pourrait atteindre 350 ours d'ici 2030, la population ursine en France étant de 76 ours en 2022 (dont 39 adultes). Il est nécessaire de s'y préparer et pour cela, le rapport formule quatre recommandations : 

  • revoir le protocole de gestion des ours de 2006 (en difficultés ou dangereux) pour l'adapter aux rencontres plus nombreuses entre le mammifère et le public ;
  • publier l’organisation fonctionnelle et territoriale et les procédures d’intervention des équipes d’urgence ;
  • décliner le plan d’action national dans une feuille de route annuelle ;
  • développer le portail internet de mise à disposition des informations afin que l’accès du public à l’information soit facilité.

Au début du XXe siècle, environ 150 ours bruns sont présents dans les Pyrénées.

Victime de la chasse et du braconnage, la population d’ours décline, jusqu’à ne représenter que 8 à 10 individus au début des années 1990.

Menacé d’extinction en France, l’ours est inscrit sur la liste des espèces protégées en 1981.

Il bénéficie également d’une protection prévue dans la directive européenne Natura 2000 "Habitats, faune, flore".

Pour freiner le déclin de l’espèce, plusieurs programmes de réintroduction d’ours slovènes dans les Pyrénées sont lancés entre 1996 et 2018.

Omnivore, l’ours a une alimentation majoritairement végétale. Il peut aussi consommer insectes et cadavres d’animaux.

Mais des attaques de troupeaux ont été constatées au fil des ans, principalement dans le département de l’Ariège.

Bien qu’occasionnelle, la prédation des ours provoque une vive tension chez les éleveurs et bergers dans un contexte économique déjà difficile.

Les chasseurs s’opposent également à leur présence, considérée comme une menace dans les zones de chasse.

À l’inverse, les associations de protection de la nature soutiennent leur réintroduction, jugée utile pour la biodiversité.

Comment concilier le maintien du pastoralisme et des activités de montagne avec la protection des ours ?

Les éleveurs et bergers soumis à des attaques d’ours bénéficient d’un régime d’indemnisations des dommages.

Des moyens de prévention des attaques existent : gardiennage, chiens de protection, clôtures, regroupement nocturne du troupeau.

Des actions de sensibilisation sur la présence d’ours et son suivi sont menées auprès du grand public, des élus et des acteurs locaux.

Le plan Ours 2018-2028 entend assurer la pérennité de l’ours dans les Pyrénées.

Selon le Réseau Ours Brun de l’Office français de la biodiversité, le nombre d’ours serait de 64 en 2020.