Malgré l’omniprésence des écrans et des smartphones, les pratiques d’écriture ne disparaissent pas. C’est ce que montre une enquête du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc) menée en 2022 auprès de 1 500 jeunes âgés de 14 à 18 ans. L’enquête publiée en novembre 2023 et réalisée à la demande de l'association Lecture Jeunesse, explore les différents contextes d’écriture hors du cadre scolaire (usages fonctionnels ou de loisir), les modes rédactionnels employés (manuscrits ou numériques) ainsi que le profil des jeunes qui s'éloignent de cette pratique.
Un moyen de préciser sa pensée, d'exprimer des émotions
Même si 87% des jeunes entre 12 et 18 ans sont équipés de smartphones, la pratique de l’écriture est encore très présente parmi les 14-18 ans interrogés (92%). Au quotidien, cette pratique s’exprime sous différentes formes, qu’elles soient numériques ou manuscrites : rédiger des textos, des courriels, une liste de courses, des mémos, noter des pensées, écrire des mots à des amis…
81% des jeunes interrogés considèrent la pratique de l’écriture manuscrite utile, notamment pour mémoriser et pour repérer les fautes d’orthographe. L'écriture permet également de prendre le temps de choisir ses mots, de laisser une trace, de dépasser sa timidité.
Plus de la moitié du panel interrogé dit avoir eu recours à l’écriture manuscrite au moins une fois dans l’année pour rédiger une lettre, une carte, ou écrire sur un cahier.
En dehors des pratiques utilitaires, ou sociales, l’écriture est employée pour coucher ses propres pensées, ses idées, ses émotions (62%) ou dans une démarche artistique (rédaction d’histoires, de fictions, de chansons…)
La pratique numérique de l'écriture est appréciée pour son confort , sa rapidité, sa lisibilité, la possibilité d'un correcteur orthographique automatisé.
Une écriture plus créative chez les filles et plus utilitaire chez les garçons
Si la fréquence de l’écriture est identique chez les garçons et les filles, les pratiques d’écriture varient selon les sexes : plus utilitaires pour les garçons (rédaction de documents pour un employeur par exemple) et plus créatives pour les filles (moyen d’expression de l'intime, aide à la structuration de sa pensée…).
Toutefois, 33% des jeunes interrogés considèrent que l'écriture "ne sert à rien ou pas à grand chose".
Concernant les jeunes qui déclarent ne pas écrire (8% du panel), le Crédoc observe des situations récurrentes :
- une sortie précoce du cycle scolaire classique (orientation vers un Centre de formation d'apprentis, une école de la deuxième chance ou insertion sur le marché du travail) ;
- un faible intérêt pour la lecture ;
- une situation financière difficile ;
- des jeunes qui ne voient jamais leurs parents écrire.