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Solitude en France : des territoires davantage touchés par l'isolement

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

Chaque année depuis 2010, la Fondation de France publie un rapport sur les solitudes en France. Le rapport permet de mieux comprendre en quoi la géographie française peut produire ou endiguer l’isolement. Certains territoires comme les zones rurales et les quartiers défavorisés sont plus particulièrement touchés.

Le rapport 2023, réalisé par la Fondation de France et publié par le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc) en février 2024, propose une approche territoriale et spatiale des solitudes et du lien social. Il pointe particulièrement l’importance de fréquenter certains lieux pour réduire l’isolement ainsi que le rôle majeur des acteurs et des actrices de terrain dans le maintien du lien social.

Une personne interrogée sur cinq indique se sentir régulièrement seule (21%). Parmi elles, 83% souffrent de cette situation, un chiffre en progression de 4 points par rapport à 2020.

Un sentiment de solitude plus marqué sur certains territoires

Certains territoires favorisent l’isolement et la solitude. Les zones rurales "économiquement fragilisées par la désindustrialisation et le chômage de masse comptent parmi les territoires où les relations sociales sont les plus affaiblies". Le manque de services au quotidien et de transports a des effets sur la mobilité des jeunes. Les personnes âgées sont nombreuses à souffrir de solitude. Selon un rapport de 2019 sur la solitude des personnes âgées en France, la moitié environ des personnes âgées vivant en milieu rural ne sortent pas quotidiennement de leur domicile et un quart d’entre elles passent des journées entières sans parler à personne.

Certains lieux urbains sont aussi particulièrement concernés tels que les quartiers prioritaires. Cinq millions et demi de personnes habitent ces quartiers. Le rapport révèle, dans ces zones, un taux de pauvreté trois fois plus élevé que la moyenne et un taux de chômage une fois et demi supérieur. "Ces habitants, et surtout les femmes, ont tendance à rester plus souvent à leur domicile que les autres catégories de la population et quand ils sortent, c’est souvent pour demeurer dans leur secteur". Ainsi, souligne le rapport, "cette immobilité contribue à restreindre dans l’espace et dans le temps les activités quotidiennes et freine, par là même, l’entretien de relations sociales denses et diversifiées". 

La pauvreté facteur principal d’isolement

Globalement, sur la période 2022-2023, le taux de personnes isolées reste stable, passant de 11% en 2022 à 12% en 2023. Cette proportion grimpe à 18% en 2023 pour les ouvriers, soit 5% de plus qu’en 2022. La densité des contacts s’est également affaiblie en un an chez les professions intermédiaires (+3 points) et les employés (+3 points). 

Pour les personnes au foyer, c’est le mouvement inverse qui s’observe et la reprise de la sociabilité se poursuit. Elles restent toutefois toujours plus isolées que la moyenne générale (16%, soit +4 points par rapport à l’ensemble de la population).

Les personnes les plus précaires sont toujours les plus isolées, en particulier les personnes au chômage dont le taux d’isolement est bien supérieur à celui du reste de la population. L’isolement relationnel des personnes disposant de faibles ressources reste stable. Toutefois, elles sont toujours plus exposées que les autres catégories de la population à cette situation : 14% d’entre elles sont isolées au début de l’année 2023, soit 3 points de plus que l’ensemble de la population.