Selon l'avis relatif au fonctionnement concurrentiel du secteur de l’intelligence artificielle générative publié le 28 juin 2024 par l'Autorité de la concurrence : "Les bénéfices de l’IA générative ne se matérialiseront que si l’ensemble des ménages et des entreprises ont accès à une diversité de modèles adaptés à leurs cas d’usage. Il est dès lors essentiel que le fonctionnement concurrentiel du secteur soit favorable à l’innovation et permette la présence d’une multiplicité d’acteurs."
Des avantages concurrentiels pour les grandes entreprises du numérique
L'Autorité de la concurrence affirme que, dans le domaine de l'IA générative, les grands acteurs du numérique ont un "avantage immense sur leurs concurrents".
Ils ont un accès privilégié aux différents éléments permettant de développer l'IA :
- une puissance financière leur permettant de conclure notamment de nombreux partenariats ;
- un accès facilité à la puissance de calcul nécessaire ;
- un accès privilégié à un large volume de données (par exemple, Alphabet avec YouTube) ;
- la capacité d’attirer les meilleurs talents.
C'est plus particulièrement le cas d'Alphabet (conglomérat regroupant les activités de Google) et de Microsoft qui sont "intégrés verticalement et de manière conglomérale sur toute la chaîne de valeur", c'est-à-dire qu'ils possèdent tous les éléments nécessaires à la conception de l'IA : composants informatiques, données issues de leur moteur de recherche, services cloud, produits et services pour les usagers...
L'Autorité s'inquiète de la pratique de ventes liées, avec l’intégration d’outils d’IA générative sur certains supports comme les smartphones : "ce type de pratiques pourrait consolider durablement le secteur de l’IA générative autour d’entreprises numériques déjà dominantes"
Les recommandations de l'Autorité de la concurrence
L’Autorité formule une série de recommandations (ne nécessitant pas d’initiative législative au niveau français ou européen) pour favoriser la dynamique concurrentielle du secteur, notamment :
- rendre plus efficace le cadre réglementaire applicable au secteur (à droit constant) ;
- en cas d’atteinte à la concurrence, mobiliser les outils rapides et efficaces du droit de la concurrence et du droit des pratiques restrictives de concurrence ;
- encourager l’innovation en assurant un meilleur accès à la puissance de calcul ;
- assurer un équilibre entre juste rémunération des ayants-droits (éditeurs, agences de presse...) et accès des développeurs de modèles aux données nécessaires pour innover ;
- renforcer la transparence sur les prises de participations des géants du numérique.
