La Commission nationale indépendante Harkis (CNIH) a publié, le 16 septembre 2024, les données chiffrées du bilan des réparations depuis juin 2022. Plus de 16 000 personnes ont été indemnisées.
La reconnaissance en février 2022 du préjudice subi par les harkis
Fuyant l'Algérie et les représailles du Front de libération nationale (FLN), près de 65 000 d’entre eux seraient arrivés en France entre juin et septembre 1962. Pourtant, ce n’est qu’avec la loi du 23 février 2022 que les harkis obtiennent, de la part de la France, une reconnaissance officielle des préjudices subis.
La loi reconnaît non seulement l’engagement des harkis dans le conflit mais aussi la responsabilité de l'État dans les conditions indignes de leur rapatriement et de leur accueil en France, après les accords d’Évian du 18 mars 1962.
À partir du mois de juin 1962, six camps d’internement sont ouverts en France. À ces structures s’ajoutent trois prisons désaffectées. Certains harkis sont dirigés vers des chantiers de forestage. Les structures d’accueil sont souvent isolées géographiquement et régies par un règlement intérieur qui impose, dans certains lieux, de lourdes restrictions aux libertés individuelles.
L’enfermement et le manque de socialisation des harkis vivant dans ces structures d’accueil entraînent des difficultés psychologiques, des actes de violences liés au traumatisme de la guerre, au déracinement, à l’alcoolisme et à une ségrégation scolaire des enfants.
Le bilan des indemnisations depuis juin 2022
La création de la Commission répond à un triple impératif pour les harkis :
- leur manifester la reconnaissance de la République ;
- leur accorder les réparations prévues par la loi ;
- recueillir leurs paroles.
La réparation des préjudices n’est pas instruite directement par la Commission mais par l’Office national des combattants et des victimes de guerre.
Entre juin 2022 et septembre 2024, la Commission a reçu 20 743 dossiers (recours compris). 16 333 personnes ont été indemnisées, pour un montant global proche de 140 millions d’euros. Cela représente un montant d’indemnisation de 8 567 euros par personne. L’âge moyen des personnes indemnisées est de 65 ans et 9 mois.
Par ailleurs, la Commission rédige chaque année un rapport d’activité au Premier ministre dans le but d’honorer la mémoire des personnes harkis, moghaznis et personnels supplétifs et assimilés engagés au service de la France lors de la guerre d’Algérie. Y figure notamment une restitution de la synthèse de l’écoute de leur parole.