Le CEPII a publié, en novembre 2024, une analyse qui anticipe les conséquences de l'instauration des droits de douanes évoquée durant la campagne présidentielle par le candidat républicain Donald Trump.
Que propose Donald Trump ?
Donald Trump, élu le 5 novembre 2024, deviendra officiellement le 47e président des États-Unis le 20 janvier 2025. Il veut instaurer un nouveau protectionnisme en imposant des droits de douane sur les importations pour protéger les États-Unis de la concurrence extérieure. Ses objectifs sont de :
- “punir la Chine" pour ses pratiques déloyales ;
- rééquilibrer la balance commerciale du pays ;
- réindustrialiser le pays ;
- renforcer la sécurité nationale.
Pour atteindre ces objectifs, Donald Trump propose de rehausser de 10%, voire de 20% la protection douanière sur tous les produits en provenance de tous les pays. Il a annoncé une augmentation plus élevée, de 60%, sur les importations en provenance de Chine. Il envisage, grâce à cette manne, de supprimer l’impôt fédéral sur le revenu.
Quant au Mexique, il a pour idée de lui imposer une taxe de 200% sur les importations de voitures électriques produites par les entreprises chinoises installées au sud du Rio Grande, le fleuve qui sert de frontière entre les deux pays.
Le président élu a par ailleurs ajouté vouloir mettre en place, pour les pays qui abandonneraient le dollar dans les transactions internationales, un droit de douane de 100%.
Quelles conséquences possibles ?
Le CEPII utilise un modèle de prévision dans lequel les droits de douane sont appliqués en 2025 et les résultats sont reportés en 2030, peu après la fin du mandat de Donald Trump. Son analyse fait apparaître une diminution du produit intérieur brut (PIB) mondial de 0,5% et une "contraction du commerce mondial en volume de 3,3%".
Globalement, les principaux perdants des droits de douanes universels seraient les États-Unis et la Chine. À l'inverse, les principaux gagnants seraient les pays limitrophes des États-Unis, le Canada et le Mexique. La France verrait ses exportations baisser de 0,5% et son PIB de 0,1%. Pour l’Allemagne, le choc sur le PIB serait similaire mais légèrement plus fort sur les exportations (-0,6%).
Les recettes douanières des États-Unis atteindraient plus de 300 milliards de dollars, 480 milliards de dollars avec des droits de 20%, mais loin des 2 600 milliards de dollars perçues par l’État américain en 2023 avec l’impôt fédéral.
Cette guerre commerciale aurait aussi pour effet de faire baisser les salaires américains (de 0,9% pour les travailleurs non qualifiés et de 1,6% pour les travailleurs qualifiés) mais aurait aussi pour conséquence de faire augmenter les salaires mexicains (de 5% environ).
Une réorganisation des flux commerciaux
Les flux commerciaux mondiaux pourraient subir une réorganisation importante qui impliquerait une chute du commerce entre les États-Unis et la Chine : les exportations chinoises vers les États-Unis seraient plus faibles de 80,5% et les exportations américaines vers la Chine de 58%.
À l’horizon 2030, cette guerre commerciale ferait passer le déficit commercial de biens et services de l’Union européenne (UE) avec la Chine de 14,1 milliards de dollars à 75,4 milliards de dollars, celui du Mexique de 37,1 milliards de dollars à 65,2 milliards de dollars.
Sur le plan environnemental, cette situation pourrait conduire à une diminution des émissions mondiales de CO2 de 0,2%.