L'étude de la Direction générale des entreprises (DGE), publiée le 8 janvier 2025, démontre, au niveau national, une augmentation des importations de semi-conducteurs depuis 2010 pour atteindre, en 2022, 7 milliards d'euros alors que la production nationale est estimée à 5 milliards d'euros.
Plus globalement, au niveau mondial, sur les trois dernières décennies, le secteur a connu une croissance continue (7% en moyenne annuelle), en réponse à la hausse de la demande d'appareils électroniques liée à la numérisation des économies.
Mais, l'étude relève une évolution dans l'organisation de la production depuis les années 2000 avec une production plus externalisée et faisant appel à davantage de sous-traitance, notamment pour répondre au rythme rapide des évolutions technologiques et au cycle de vie de plus en plus court des produits.
À quoi servent les semi-conducteurs ?
Les semi-conducteurs sont des matériaux qui ont des propriétés physiques spécifiques permettant la fabrication de circuits électroniques et de cellules photovoltaïques. Ils sont principalement utilisés pour le stockage de données (38%), les communications sans fil (29%), l’électronique industrielle (10%), l’électronique grand public (8%) et les communications filaires (6%).
Un marché encore largement dominé par l'Asie de l'Est et les États-Unis
La "dépendance" de l'Union Européenne (UE) est forte par rapport aux États-Unis et à l'Asie de l'Est (Japon, Corée du Sud, Taïwan, Chine et Singapour).
La production des semi-conducteurs est largement dominée par l’Asie (80% de la production mondiale) tandis que les États-Unis occupent la première place pour la conception et la vente de produits finis (48% des ventes).
Les niveaux d'investissement en Europe restent très inférieurs à ceux des acteurs asiatiques et américains. Plusieurs raisons sont évoquées par le document :
- coût important des sites de fabrication (entre 10 et 20 milliards de dollars pour une usine de production) ;
- plus faible capacité d'investissement, au niveau national et européen, notamment en matière de recherche et développement.
Comment renforcer les capacités de l'Europe ?
Au niveau national et européen, des "plans de soutien massifs" ont été déployés, dont le European Chips Act, entré en vigueur en 2023, qui vise à atteindre les 20% du marché mondial d'ici 2030 (contre 10% aujourd'hui).
Au niveau national, les dépenses privées en recherche et développement ont fortement progressé en quatre ans ans passant, pour la France, de 1,1 à 1,6 milliard de dollars. Par ailleurs, la part de la production nationale de semi-conducteurs reste modeste (11% de la production européenne) même si la production française est passée de 3,4 à 5 milliards d'euros entre 2020 et 2022.
Sur le plan macroéconomique, cette dépendance des Européens aux acteurs mondiaux des semi-conducteurs apparaît toutefois "limitée" en comparaison avec leur dépendance énergétique de 8 à 15 fois supérieure.
En revanche, les dangers résident davantage dans les risques de "goulets d'étranglement" en approvisionnement de semi-conducteurs qui pourraient affecter le secteur industriel et commercial, comme cela a été le cas, par exemple, lors de la fermeture du marché chinois pendant la crise sanitaire du Covid-19.