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Marché des semi-conducteurs : quelle dépendance des pays européens ?

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

Malgré la présence d'entreprises nationales dans le secteur des semi-conducteurs, la dépendance aux grands acteurs asiatiques et américains reste forte dans un marché de plus en plus stratégique et central. Une étude fait un état des lieux du marché mondial et évalue le niveau actuel de dépendance sur le plan national et européen.

L'étude de la Direction générale des entreprises (DGE), publiée le 8 janvier 2025, démontre, au niveau national, une augmentation des importations de semi-conducteurs depuis 2010 pour atteindre, en 2022, 7 milliards d'euros alors que la production nationale est estimée à 5 milliards d'euros

Plus globalement, au niveau mondial, sur les trois dernières décennies, le secteur a connu une croissance continue (7% en moyenne annuelle), en réponse à la hausse de la demande d'appareils électroniques liée à la numérisation des économies.

Mais, l'étude relève une évolution dans l'organisation de la production depuis les années 2000 avec une production plus externalisée et faisant appel à davantage de sous-traitance, notamment pour répondre au rythme rapide des évolutions technologiques et au cycle de vie de plus en plus court des produits.

À quoi servent les semi-conducteurs ?

Les semi-conducteurs sont des matériaux qui ont des propriétés physiques spécifiques permettant la fabrication de circuits électroniques et de cellules photovoltaïques. Ils sont principalement utilisés pour le stockage de données (38%), les communications sans fil (29%), l’électronique industrielle (10%), l’électronique grand public (8%) et les communications filaires (6%).

Un marché encore largement dominé par l'Asie de l'Est et les États-Unis

La "dépendance" de l'Union Européenne (UE) est forte par rapport aux États-Unis et à l'Asie de l'Est (Japon, Corée du Sud, Taïwan, Chine et Singapour).

La production des semi-conducteurs est largement dominée par l’Asie (80% de la production mondiale) tandis que les États-Unis occupent la première place pour la conception et la vente de produits finis (48% des ventes).

Les niveaux d'investissement en Europe restent très inférieurs à ceux des acteurs asiatiques et américains. Plusieurs raisons sont évoquées par le document : 

  • coût important des sites de fabrication (entre 10 et 20 milliards de dollars pour une usine de production) ;
  • plus faible capacité d'investissement, au niveau national et européen, notamment en matière de recherche et développement. 

Comment renforcer les capacités de l'Europe ?

Au niveau national et européen, des "plans de soutien massifs" ont été déployés, dont le European Chips Act, entré en vigueur en 2023, qui vise à atteindre les 20% du marché mondial d'ici 2030 (contre 10% aujourd'hui)

Au niveau national, les dépenses privées en recherche et développement ont fortement progressé en quatre ans ans passant, pour la France, de 1,1 à 1,6 milliard de dollars. Par ailleurs, la part de la production nationale de semi-conducteurs reste modeste (11% de la production européenne) même si la production française est passée de 3,4 à 5 milliards d'euros entre 2020 et 2022.

Sur le plan macroéconomique, cette dépendance des Européens aux acteurs mondiaux des semi-conducteurs apparaît toutefois "limitée" en comparaison avec leur dépendance énergétique de 8 à 15 fois supérieure.

En revanche, les dangers résident davantage dans les risques de "goulets d'étranglement" en approvisionnement de semi-conducteurs qui pourraient affecter le secteur industriel et commercial, comme cela a été le cas, par exemple, lors de la fermeture du marché chinois pendant la crise sanitaire du Covid-19.