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© Sophie Animes- stock.adobe.com

Réacteurs nucléaires de nouvelle génération : la filière EPR face à des "risques persistants"

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

Surcoûts, retards, incertitudes... La conception de l'EPR de Flamanville a connu des "dérives", quand les EPR à l'étranger ont subi nombre de dysfonctionnements techniques. La Cour des comptes fait le point sur ce programme dans un rapport publié le 14 janvier 2025.

Le groupe Électricité de France (EDF) prévoit de poursuivre à l'international la promotion du réacteur pressurisé européen (EPR).

Pourtant, que cela soit en Chine (Taishan), en Finlande (Olkiluoto), au Royaume-Uni (Hinkley Point et Sizewell) ou en France (Flamanville), les EPR achevés ou en cours de construction font face aux mêmes problèmes : augmentation considérable des coûts, dysfonctionnements techniques, modification fréquente des référentiels techniques et réglementaires.

Selon un rapport de la Cour des comptes sur la filière EPR, l'accumulation de risques et de contraintes pourrait engendrer un "échec du programme EPR2".

Flamanville : retards, surcoûts et "rentabilité médiocre"

L'EPR de Flamanville 3 a subi un retard de douze ans pour un coût total à terminaison estimé à 23,7 milliards d'euros (Md€), par rapport à un devis initial de 3,3 Md€. La Cour des comptes souligne une rentabilité prévisionnelle "médiocre".

Sur l'hypothèse d'un facteur de charge de 85%, c'est-à-dire du rapport entre la puissance maximale théorique installée du réacteur et la production effectivement réalisée, l'usine ne dégagerait selon la Cour des comptes une rentabilité de 4% en termes réels qu'avec un prix de vente de l'électricité de plus de 122 €/MWh. Une rentabilité atteignant 2% est difficilement envisageable pour des prix de vente de moins de 90 €/MWh.

La Cour des comptes déplore qu'EDF ait refusé de fournir les chiffres concernant la rentabilité prévisionnelle de Flamanville 3, en dépit d'une recommandation de 2020.

Ce n'est pas un cas isolé. Les EPR au Royaume-Uni, en Finlande ou en Chine subissent une augmentation considérable des coûts et des retards systématiques. Sizewell connaît déjà des retards avant même la décision d'investissement.

EPR2 : une maturité technique "insuffisante"

Fin 2023, la maturité technique du programme EPR2 était "insuffisante" pour envisager un passage de la conception initiale à la conception détaillée. Si le jalon a été franchi en juillet 2024, la Cour des comptes suggère une révision des coûts et délais en intégrant les raisons et les conséquences de ce report.

Le programme reste "marqué par un retard de conception, une absence de devis abouti et de plan de financement, alors qu'EDF est très fortement endettée". La rentabilité prévisionnelle est inconnue. Lorsque les conditions de financement du programme seront arrêtées, une année supplémentaire au minimum sera nécessaire afin d'obtenir leur approbation par la Commission européenne.

La Cour des comptes fait ainsi deux nouvelles recommandations sur le programme EPR2 :

  • retenir la décision d'investissement du programme jusqu'à la sécurisation du financement et l'avancement des études de conception détaillée conforme à la trajectoire visée pour le jalon du premier béton nucléaire (étape correspondant aux travaux de construction de l'enceinte de confinement, généralement en béton armé) ;
  • s'assurer de la rentabilité de tout nouveau projet international afin qu'il ne retarde pas le calendrier du programme EPR2 en France.