L'étude de la Direction générale des finances publiques (DGFiP) sur les revenus et patrimoines des foyers les plus aisés publiée en janvier 2025, s'est concentrée sur les 0,1% des foyers recensés comme appartenant à la catégorie des très hauts revenus (THR) et des très hauts patrimoines (THP).
L'objet de l'étude est d'évaluer comment ces catégories ont évolué ces 20 dernières années dans un contexte de crises financière et sanitaire, selon le type de fortune et comparativement au reste de la population.
74 500 foyers concernés
L’étude de la DGFiP distingue deux catégories parmi les foyers les plus aisés :
- les très hauts revenus (THR), soit les 0,1% de foyers dont le revenu fiscal est supérieur à 463 000 euros par an ;
- les très hauts patrimoines (THP), soit les 0,1% de foyers dont le patrimoine immobilier, est supérieur à 2,7 millions d’euros. En précisant que l'étude porte sur la période 2003 à 2016 avant que l'impôt sur la fortune immobilière (IFI) ne remplace l'impôt sur la fortune (ISF).
Au total, ces deux catégories représentent 74 500 foyers qui se répartissent à parts égales entre les THR et les THP. À noter que 6 900 foyers sont présents dans les deux catégories. Les THR concentrent 3% de l’ensemble des revenus et les THP 2% de l’ensemble du patrimoine immobilier.
Une des caractéristiques marquantes pour les foyers THR est la multiplicité de leurs sources de revenus (capitaux mobiliers, traitements et salaires, pensions et retraites, bénéfices non commerciaux, revenus fonciers), tandis que pour 90% de la population les revenus sont constitués de traitements et salaires et de pensions et retraites.
En 2022, les foyers THP détenaient 187 milliards d’euros de patrimoine immobilier pour une contribution à l'impôt sur le patrimoine de 1,5 milliard d'euros (IFI ou taxes foncières). S’ils contribuent à hauteur de 64,3% au montant total de l’IFI, seuls 26,7% des THP y sont soumis.
L'étude dresse un profil sociodémographique de ces foyers : plutôt situés en Île-de-France, plus âgés que le reste de la population et plus souvent mariés ou pacsés.
Quelle évolution sur vingt ans ?
Sur une vingtaine d’années (de 2003 à 2022), l’étude observe une augmentation plus rapide des revenus pour les foyers THR que pour les autres foyers (+119% contre +46%). Les variations, surtout liées aux évolutions législatives, sont plus impactantes pour les revenus les plus élevés qui ont vu leur imposition baisser.
Quant au patrimoine moyen des foyers THP, il a presque doublé sur la période 2003 et 2016 (de 5,2 milliards d’euros à 10,2 milliards d’euros) avec une progression moyenne annuelle plus élevée que les autres foyers (+5,4% contre +4,2%). Après le passage à l'IFI, en 2017, le patrimoine immobilier moyen des foyers THP a continué d’augmenter (+18%).
En calculant l'indice de Gini, employé pour mesurer statistiquement l'inégalité des revenus et des richesses au sein d'une population, l'étude montre le rôle des THR dans l'augmentation des inégalités.
Parmi les facteurs de renforcement des inégalités, l’étude évoque la période de la crise sanitaire pendant laquelle certains secteurs d’emploi ont été stimulés (industrie de santé ou du digital, métiers du tertiaire télétravaillables…) quand d’autres se sont trouvés fragilisés (travailleurs indépendants, statuts non-salariés, tourisme...).