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© Tupungato / Stock-adobe.com

Outre-mer : comment lutter plus efficacement contre la vie chère ?

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

Depuis des décennies, la vie chère est à l’origine de crises récurrentes dans les outre-mer. Elles dérivent parfois vers la violence ou des blocages, comme en Martinique à l’automne 2024. Un rapport du Sénat fait le point sur le coût de la vie outre-mer.

Le Sénat a publié le 3 avril 2025 un rapport d’information sur la vie chère dans les départements et régions d’outre-mer (DROM). Il en analyse les causes dans trois domaines clés (les produits du quotidien, les dépenses automobiles, le fret maritime et aérien) et propose des solutions immédiates et durables.

Des surcoûts aux causes multiples

Les écarts de prix avec l'Hexagone se creusent depuis 2010, surtout aux Antilles. Ils varient en moyenne :

  • de 30% à 41% sur l’alimentation (45% en Polynésie française, 70% à Saint-Pierre-et-Miquelon et 78% en Nouvelle-Calédonie) ;
  • de 10% à 15% sur les véhicules neufs et de 20% à 25% sur les pièces détachées ; certaines pièces voient leur prix quadrupler. La Polynésie française affiche des écarts encore plus marqués.

Or les revenus sont plus faibles dans les outre-mer, qui enregistrent les taux de pauvreté les plus élevés de France. En 2021, les cinq DROM abritent 3% de la population française et 24% des personnes en grande pauvreté.

Les tarifs du fret, quant à eux, reviennent à la normale après la crise liée au Covid-19. La cherté de la vie outre-mer s’explique par l’étroitesse des marchés, la faible concurrence, la dépendance aux importations, les barrières à l’entrée, les coûts d’approche (fret, frais de livraison, douane) et l’éloignement des pôles économiques mondiaux. L’octroi de mer, une taxe spécifique aux DROM, augmente aussi les prix ; il représente environ 5% du prix final.
 

Un plan d’action global et structurel

Le rapport appelle à éviter plusieurs écueils : chercher un coupable unique, alourdir la dépense publique, suradministrer, se référer constamment à l’Hexagone et négliger la faiblesse des revenus. Il préconise :

  • d’améliorer la connaissance du fonctionnement des marchés afin d’apporter les réponses les plus justes et de rétablir la confiance. Il s’agit notamment de contraindre les entreprises à publier leurs comptes, de renforcer la précision des données, d’accélérer le partage d’informations entre administrations, d’informer les consommateurs et de revoir la gouvernance en matière de lutte contre la vie chère ;
  • d’atténuer l’impact de l’éloignement en modernisant les infrastructures portuaires et aéroportuaires outre-mer, en mettant à niveau l’ensemble des services douaniers et en clarifiant les aides au fret ;
  • d’optimiser les taxes à la consommation. Cela suppose de réduire les effets de l’octroi de mer sur les prix, de ne pas appliquer aux DROM la réforme des certificats d’économie d’énergie et d’exclure de la directive sur la taxe carbone européenne le transport routier dans les régions ultrapériphériques ;
  • de garantir la concurrence en appliquant les lois en vigueur, en améliorant la mise en œuvre des boucliers qualité prix destinés à garantir à tous l’accès à des produits courants, en affinant le droit de la concurrence outre-mer et en ajustant le prix des carburants ;
  • de donner la priorité à l'intégration économique régionale.