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© Florian Calvat - stock.adobe.com

Territoires ruraux : comment adapter les politiques publiques à la diversité des campagnes ?

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

Les territoires ruraux regroupent aujourd’hui 33% de la population française sur 88% de la superficie du pays, soit 21,5 millions d’habitants répartis dans 30 710 communes. La France rurale est-elle encore uniquement une France agricole ? Un récent rapport appelle à se défaire du "prisme de l'urbain pour penser les campagnes".

L'Agence nationale de cohésion des territoires (ANCT) a publié le premier rapport annuel du conseil scientifique de France ruralités.
Remis le 27 mai 2025 à Françoise Gatel, ministre déléguée auprès du ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation, chargée de la ruralité, ce rapport traite des relations entre représentations des ruralités et politiques publiques dans les territoires ruraux.

Changer de regard sur les ruralités

Le rapport invite à changer de regard sur les ruralités en tenant compte davantage de leur diversité et de leurs spécificités. Il retrace l'évolution des représentations de la "campagne", et les politiques publiques dont elle a fait l'objet.

À la suite de l'exode rural qui a débuté à la fin du XIXe siècle, les espaces ruraux ont longtemps été réduits à leur simple dimension agricole. Selon le rapport : " [...] les campagnes sont réduites à leur rôle productif : elles sont considérées comme un secteur économique à développer et non comme un espace à aménager – sauf à accroître la production agricole."

Dans la seconde moitié du XXe siècle, la démocratisation de l'automobile a permis l’extension des déplacements et engendré le phénomène de "rurbanisation", dénommé par la suite "périurbanisation". Cette période est marquée par l’essor des lotissements pavillonnaires et celui des zones commerciales et d’activités.

D'après le rapport, la vision d'une partie de la recherche universitaire ainsi que des nomenclatures officielles, telle le zonage en aires urbaines de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), ont contribué à instaurer l’idée d’une société devenue intégralement urbaine.

Le poids de ce "prisme urbain" a conduit à définir les espaces ruraux en creux, en opposition à la ville.

Plus récemment, le concept de "France périphérique" oppose les métropoles aux territoires périurbains et ruraux. Or, toutes les métropoles ne se portent pas bien, les grandes villes cumulant souvent concentration de richesses et surreprésentation des ménages pauvres…

Le conseil scientifique de France ruralités appelle à ne pas considérer les territoires ruraux uniquement comme des espaces "fragiles" ou "en manque" (d’emplois, de services, ou encore de mobilités) mais à reconnaître leurs spécificités, leurs atouts et leurs dynamiques propres.

Le rapport souligne que "leur rôle apparaît d’autant plus central dans un contexte de transition écologique, où la maîtrise des ressources naturelles et la préservation des écosystèmes deviennent des enjeux centraux pour l’action publique."

Adapter l’action publique aux enjeux des nouvelles ruralités

Sans formuler de "recommandations prescriptives", le rapport invite les pouvoirs publics à :

  • ne pas cultiver le mythe de la fracture entre villes et campagnes mais à valoriser, au contraire, les interactions et les complémentarités entre ces espaces ;
  • reconnaître la pluralité des territoires ruraux en adaptant les outils de l’action publique aux spécificités locales (en tenant compte de la diversité des trajectoires démographiques, économiques et sociales) ;
  • placer les ruralités au cœur de la transition écologique (en valorisant leurs ressources naturelles et agricoles, et en intégrant leur rôle dans les stratégies environnementales et énergétiques).