En zone euro, l'inflation s'est stabilisée : en juin 2025, les prix ont augmenté de 2%, après 1,9% en mai 2025 et 2,2% en avril 2025… contre 10% en octobre 2022. Afin de mieux comprendre comment les prix s'ajustent lors d'une vague inflationniste, la Banque centrale européenne (BCE) s'est penchée en détail sur la période en question. Une note de la Banque de France, publiée le 3 juillet 2025, revient sur la méthode d'analyse de la BCE.
La crise inflationniste a affecté les modes d'ajustement des prix
Les prix alimentaires sont très suivis par les ménages. L’alimentation représente 20% du panier de consommation des ménages de la zone euro. Pour avoir des informations sur la transmission de la récente forte hausse du coût des matières premières sur les prix de l’alimentation, la BCE a eu recours, entre avril 2022 et fin 2024, à la technique du "moissonnage".
Qu’est-ce que la technique du "moissonnage" ?
La technique du web scraping (moissonnage) collecte quotidiennement des prix sur le web. La BCE l’a appliquée sur 100 000 produits alimentaires vendus couramment dans les supermarchés de quatre grands pays de la zone euro (Allemagne, France, Italie, Espagne) en se fondant sur les données publiées sur internet. Au total, 63 millions de relevés de prix de produits alimentaires ont été réalisés.
Le rythme d’inflation a varié au sein de la période :
- entre avril 2022 et mars 2023 : en moyenne, les prix de l’alimentation ont progressé de 1% chaque mois (forte inflation) ;
- entre avril 2023 et décembre 2024 : cette progression mensuelle n’a plus été que de 0,1% (stabilisation).
L’ajustement des prix alimentaire en période inflationniste est plus rapide :
- 8,6% des prix ont changé en moyenne chaque semaine lors de la période de forte inflation, contre seulement 5,5% après cette période ;
- deux tiers des changements de prix ont été des hausses au cours de la période inflationniste contre seulement la moitié lors de la période de stabilisation de l'inflation.
Un même produit change de prix en moyenne trois fois par an
La récente période inflationniste a donc été particulière, les hausses de prix ont été plus fréquentes que d'habitude, leur amplitude est cependant restée inchangée. Un choc de grande ampleur a alors tendance à se transmettre plus rapidement aux prix.
La Banque de France relève également que, sur l'ensemble de la période, environ 10% des prix alimentaires changent chaque semaine (promotions incluses). Un produit change en moyenne trois fois de prix sur un an. La variation du prix est de 15% en moyenne.
Chiffres clés
3 : c’est le nombre de fois qu’un produit change de prix en moyenne sur un an.
15% : c’est la hausse ou la baisse moyenne d’un prix lorsqu’il est révisé.
Tous ces résultats permettent à la BCE d'ajuster encore plus finement sa politique monétaire.
Comment l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) collecte-t-il les données de prix ?
L'Insee produit l'indice des prix à partir de relevés individuels effectués au plus près des achats des ménages. L'Insee a recours à deux séries de méthodes :
- 160 000 relevés de prix auprès de 30 000 points de vente, réalisés par des enquêteurs ;
- collecte de prix à partir de sources administratives comme pour le carburant.
Depuis 2020, l'Insee utilise également les "données de scanner" à travers lesquelles les enseignes de la grande distribution transmettent les informations sur 80 millions de produits, mais aussi le web scraping pour mesurer les prix des services de transport (500 000 relevés).