L'Inspection générale de l’environnement et du développement durable (Igedd) a publié le 8 juillet 2025 un rapport sur le Plan eau Mayotte 2024-2027. Il tire les enseignements de la mise en œuvre du plan en 2024 et précise ses objectifs pour les années à venir.
Une pénurie structurelle d'eau potable
La crise de l’eau à Mayotte s’explique par :
- une ressource essentiellement superficielle, sensible aux sécheresses ;
- des infrastructures de production et de distribution sous-dimensionnées (nombreuses fuites…). Les habitants se voient imposer des tours d’eau (coupures tournantes) ;
- une forte croissance démographique ;
- une planification territoriale de l’eau peu structurée ;
- le manque d’expertise locale.
L’assainissement souffre des mêmes lacunes (couverture incomplète du réseau collectif). Les réseaux d’eau potable et d’assainissement ont été développés depuis la décennie 1980 et remis à niveau dans les années 2010 pour une population de 150 000 habitants. Or, ils en desservent aujourd’hui près de 350 000. 30% des Mahorais ne sont pas raccordés à l’eau potable.
Le cyclone Chido, qui a frappé l’île en décembre 2024, a endommagé les écosystèmes et les infrastructures, fragilisant encore plus sa sécurité hydrique.
Garantir le droit fondamental d'accès à l'eau
L’État installe en 2023 une cellule interministérielle de crise qui valide le Plan eau Mayotte (PEM) 2024-2027. Amplifiant le contrat de progrès signé pour Mayotte dans le cadre du Plan eau DOM (Pedom), il constitue une feuille de route pour répondre à l’urgence et tendre vers un système de gestion de l’eau plus robuste, équitable et résilient face aux défis démographiques et climatiques.
Le PEM prévoit :
- la modernisation des infrastructures ;
- le renforcement des capacités humaines et organisationnelles. Il s’agit de structurer une ingénierie locale pérenne pour assurer la maîtrise d’ouvrage, le suivi des projets et la gestion quotidienne du service ;
- l’adaptation au changement climatique. Le plan anticipe une raréfaction croissante de la ressource et intègre des mesures destinées à en limiter l’impact.
Pour une gestion durable de l'eau à Mayotte
Le PEM doit notamment viser à :
- diversifier les sources d’approvisionnement en eau (eaux souterraines, dessalement, eaux non conventionnelles) ;
- assurer un accès continu à l’eau potable en renforçant le stockage et les capacités de distribution ;
- moderniser les installations existantes ;
- consolider la planification territoriale ;
- favoriser la structuration d’une ingénierie locale durable ;
- mieux communiquer sur les avancées du PEM afin de maintenir la confiance du public et la mobilisation des partenaires ;
- réviser les schémas directeurs d’eau potable et d’assainissement en vue d’un raccordement complet de la population d’ici 2050 ;
- élaborer un modèle économique intégrant l’autofinancement local, la participation des aménageurs à l’extension des réseaux, ainsi qu’un prix de l’eau et de l’assainissement juste, socialement acceptable et soutenable.