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Agriculture biologique : quel avenir à l'horizon 2040 ?

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

En 2023, l’agriculture biologique représente 14% des exploitations en France, 19% des emplois agricoles, 10,4% de la surface agricole utilisée et 6% des ventes de produits alimentaires. Le secteur du bio traverse une crise depuis 2022. Le point sur ses perspectives d’évolution.

Une étude publiée le 13 août 2025 par le ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire présente quatre évolutions probables de l’agriculture biologique (AB) française d’ici 2040.

Un secteur en perte de vitesse

Le marché des produits issus de l’AB progresse jusqu’en 2020, surtout à partir de 2012. L’année 2020 affiche une hausse des ventes de 10,2% en valeur, puis le marché du bio recule (-0,5% en 2021 et -4,6% en 2022) et s’établit à 12,1 milliards d’euros en 2023. Il stagne en valeur et recule en volume (-7% entre 2022 et 2023). L’inflation touche aussi les produits bio depuis quelques années (+7,7% en 2023, +4% en 2022).

Le nombre d’exploitations biologiques bondit de 13 000 en 2008 à plus de 60 000 en 2023. Depuis 2021, cette progression ralentit et les surfaces en conversion diminuent (-30% en 2023, alors que les surfaces certifiées ne croissent que de 3,2%).
 

Quatre trajectoires prévues

Le secteur bio peut :

  • devenir non prioritaire (scénario 1). De 2024 à 2030, la mondialisation, le commerce international et la compétition sur les marchés se poursuivent, contribuant à réduire le prix des aliments. Les préoccupations environnementales sont secondaires et les produits bio disparaissent de la grande distribution. À partir de 2030, les difficultés d’accès aux ressources stratégiques et les crises climatiques fréquentes perturbent les marchés. Le pouvoir d’achat des ménages baisse, les frontières se ferment. La faible disponibilité des intrants agricoles favorise les pratiques biologiques. En 2040, le label européen et les instances nationales de pilotage du secteur n’existent plus. Des collectivités locales élaborent de nouveaux cahiers des charges bio ;
  • être marginalisé (scénario 2). La multiplication des crises liées au changement climatique induit une prise de conscience des enjeux environnementaux. Des accords internationaux visent à réduire l’empreinte environnementale de l’économie. Les acteurs privés transnationaux de l’agroalimentaire accompagnent le déploiement d’itinéraires techniques plus ambitieux environnementalement mais moins exigeants que l’AB. La part de marché des produits de cette "troisième voie" augmente au détriment de l’AB ;
  • s’avérer compétitif et se généraliser (scénario 3). Un accord international est conclu en 2032 pour relever les défis en matière environnementale. L’AB constitue la référence pour la production agricole européenne, et la transition s’accélère. Le cahier des charges du bio européen s’assouplit et le secteur connaît un nouvel essor dès 2032 ;
  • tendre à prédominer (scénario 4). Dans un contexte de démondialisation, chaque bloc supranational (Union européenne, Amérique du Nord, Asie du Sud-Est...) tente de renforcer son autonomie stratégique. La prise de conscience environnementale s’amplifie en Europe. L’AB y devient la norme pour la production agricole, et la transition est encouragée. L’agriculture conventionnelle reste néanmoins majoritaire en 2040.

Selon l’étude, des leviers d’action peuvent stimuler le secteur bio à court ou plus long terme (prix, perception des labels, soutiens aux agriculteurs…).