La dette publique est attendue à 116% du PIB en 2025. Elle est en hausse quasi continue depuis 40 ans, avec des sauts particulièrement forts lors des crises, comme en 2009 lors de la crise financière et en 2020 lors de la crise sanitaire. Une note du Conseil d’analyse économique (CAE) explore la possibilité et les conditions d’une stabilisation de la dette et identifie des leviers budgétaires potentiels.
112, 127 ou 148 milliards d’effort à réaliser l’horizon 2032 ?
Stabiliser la dette ne signifie pas geler le niveau d’endettement au plancher actuel : ce niveau continue d’augmenter. Le Fonds monétaire international prévoit une dette à 130% du PIB en 2029 en l’absence d’effort particulier. Cette tendance s’explique surtout par le fait que la France emprunte aujourd’hui à des taux d’intérêt supérieurs à son taux de croissance, ce qui déclenche un effet "boule de neige" selon le CAE. Cet effet est encore plus marqué si le stock de dette est élevé.
La note du CAE fait le choix de ralentir la hausse du niveau de la dette et de la stabiliser à 124% du PIB à partir de 2032, le déficit public, lui, descendrait sous la barre de 3% dès 2029. Pour réaliser une telle trajectoire :
- un effort minimum de 112 milliards d’euros serait nécessaire. Il tient compte de l’effet d’une crise inattendue en cours de route ;
- en cas de hausse surprise des taux d’intérêt, l’effort nécessaire serait de 127 milliards d'euros ;
- l'effort serait de 148 milliards d’euros si on tient compte de la dynamique tendancielle des finances publiques (l’écart entre l’évolution des recettes et des dépenses à politique inchangée).
Les mesures envisagées par le CAE
Un ajustement d’une telle ampleur ne pourra pas être réalisé d’un coup, il risquerait de trop peser sur la croissance. Selon les experts du CAE, un arbitrage devra être fait entre les coûts d’une consolidation et les bénéfices d’un assainissement rapide. Ils préconisent de lisser l’effort sur six ans, avec 27 milliards d’euros à réaliser en 2026 (0,9 du PIB). L’effort diminuerait ensuite, car "il est toujours optimal de faire un effort plus important au début".
Afin d’atteindre les 112 milliards, l’organisme liste 170 leviers budgétaires suggérant jusqu’à 108 milliards (dont 35 du côté de l’État, 40 à la Sécurité sociale et 25 du côté des collectivités territoriales) de mesures potentielles du côté des dépenses, 111 milliards du côté des recettes et 45 milliards via des réformes structurelles.
Quelle est la dépense publique de la France dans le contexte européen ?
La France atteint en 2024 avec 57,3% du PIB le deuxième niveau le plus élevé des dépenses publiques de l’Union européenne, derrière la Finlande (57,8%) et devant l'Autriche (55,2%), le niveau moyen s’élevant à 49,2%. Selon le CAE, la différence avec les voisins européens est particulièrement marquée pour les dépenses de retraite, de santé et la protection sociale.
La note du CAE propose un ensemble volontairement descriptif, sans prise en compte des effets redistributifs, macroéconomiques ou sur la compétitivité et couvre l’État, les collectivités territoriales et la Sécurité sociale.
Le rapport conclut que "l’ajustement requis est réalisable, mais suppose de mobiliser simultanément de nombreux leviers […] selon les préférences collectives".