La Cour des comptes a publié, le 6 novembre 2025, un rapport sur la gestion de l'établissement public du musée du Louvre sur la période 2018-2024.
De nombreuses acquisitions d'œuvres au détriment des travaux de restauration
Selon la Cour des comptes, entre 2018 et 2024, le musée a acquis 2 754 œuvres, dont moins d’une sur quatre sont exposées. Dans le même temps, il a pris du retard dans le rythme des investissements nécessaires à l’entretien et la mise aux normes de ses infrastructures, dont la dégradation s’est accélérée sous l’effet du haut niveau de fréquentation.
Le Louvre a dépensé :
- 105,4 millions d'euros (M€) sur ses ressources propres pour l’acquisition d’œuvres ;
- 63,5 M€ pour la rénovation des aménagements muséographiques.
Comparativement, il a mobilisé :
- 26,7 M€ pour la mise en œuvre des travaux d’entretien et de mise aux normes ;
- et 59,5 M€ pour la réalisation des travaux de restauration du palais au titre des monuments historiques.
Depuis la fin des années 2000, le musée a engagé une démarche de programmation du renouvellement de ses infrastructures techniques qui dataient pour la plupart des travaux du "Grand Louvre" (1989-1993). Cinq schémas directeurs ont été formalisés, relatifs :
- au renouvellement des équipements techniques (ascenseurs, escaliers mécaniques...) et électriques ;
- à la sécurité incendie ;
- à la sûreté ;
- à l’accessibilité des espaces du musée.
Selon les termes de la Cour, "si l’essentiel des études préalables a été réalisé au cours des dernières années, la mise en œuvre opérationnelle de ces schémas, sous la forme de travaux, est inégale et limitée."
Le projet "Louvre Nouvelle Renaissance"
Le projet "Louvre Nouvelle Renaissance" prévoit :
- un schéma directeur immobilier de rénovation visant à remettre à niveau les installations techniques, restaurer le palais en tant que monument historique et adapter le musée aux défis du changement climatique ;
- la création d’une entrée supplémentaire pour désengorger la pyramide et mieux orienter les flux de visiteurs dans les différentes ailes du musée ;
- la création de nouvelles surfaces (22 000 m2), destinées à accueillir la Joconde dans un espace spécifique et de nouvelles salles d’expositions temporaires.
Son coût est évalué à 1,15 milliard d'euros.
Selon les termes du rapport : "Malgré d’abondantes ressources, le musée, par défaut de hiérarchisation de ses nombreux projets, est confronté à un mur d’investissements qu’il n’est pas en mesure de financer."
La Cour recommande au musée de privilégier les investissements déterminants pour son avenir comme la remise à niveau des infrastructures techniques (en particulier de sûreté et sécurité) et la restauration du bâti.
Elle juge indispensable de redimensionner le budget consacré aux acquisitions, notamment en supprimant dans son décret statutaire la règle d’affectation aux acquisitions de 20% des recettes de billetterie.
