Un rapport publié le 17 novembre 2025 par la Cour des comptes dresse un bilan contrasté de la maintenance du parc électronucléaire assurée par EDF de 2014 à 2024 et avance des pistes d’amélioration.
De plus en plus de travaux de maintenance
Les travaux visent à exploiter les installations en toute sûreté, à garantir la disponibilité des réacteurs et un niveau de production optimal et à permettre une durée de fonctionnement du parc supérieure aux 40 ans initialement prévus.
Les objectifs assignés au nucléaire civil ont changé. La deuxième programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), portant sur la période 2019-2028, envisageait la fermeture de 14 réacteurs. Le projet de PPE 2025-2035 prévoit de "poursuivre le fonctionnement des réacteurs électronucléaires après 50 ans puis 60 ans", tant que les exigences de sûreté sont respectées.
Les activités de maintenance s’intensifient. Leur coût annuel dépasse 6 milliards d’euros (Md€) courants (+28% par rapport à la période 2006-2014). Les crises et la durée accrue des arrêts pour maintenance et rechargement du combustible ont limité la disponibilité du parc à 74% en moyenne sur la période (contre 80% durant la décennie précédente).
L’alourdissement de la maintenance s’explique par :
- le vieillissement du parc. Il atteint un âge moyen de 40 ans en 2025 ;
- le rehaussement continu du niveau de sûreté exigé des réacteurs, qui complexifie les règles générales d’exploitation ;
- les projets industriels d’EDF. Le programme de "Grand Carénage" (2014-2035) regroupe des projets destinés à rénover et moderniser les centrales (réexamens périodiques, remplacement de composants…). Son coût est évalué à 100,8 Md€.
Les opérations, étalées dans le temps, surchargent les calendriers des visites de sites pour les dix prochaines années.
Des freins structurels persistent
Depuis 2014, EDF a su répondre à des crises majeures avec la détection fin 2014 d’un excès de concentration en carbone dans certains équipements, la crise sanitaire du Covid-19 ou encore la découverte en 2021 d’une corrosion sous contrainte (CSC) sur la tuyauterie de plusieurs réacteurs.
Pourtant, la maintenance se heurte à des contraintes qui pèsent sur la performance du parc :
- la difficile maîtrise des arrêts de tranche ;
- le renforcement des exigences de sûreté ;
- la perte de compétences des équipes (renouvellement générationnel important) ;
- la hausse du volume d’activités destinées à prolonger l’exploitation du parc.
Optimiser la maintenance des installations
Malgré les coûts induits, prolonger le parc nucléaire existant au-delà de 40 ans serait plus rentable et compétitif que la construction de nouveaux réacteurs, selon le rapport. Dans cette optique, la Cour préconise :
- de simplifier les règles générales d’exploitation ;
- de poursuivre le programme Start 2025 (Soyons tous acteurs de la réussite des arrêts de tranche), lancé en 2019 pour réduire la durée des arrêts ;
- de définir les activités critiques à réinternaliser ;
- de sécuriser la qualité de la sous-traitance ;
- d’affiner le suivi financier du Grand Carénage.