Dans des observations publiées le 8 décembre 2025, la Cour des comptes dresse un état des lieux nuancé du programme des cités éducatives et avance des pistes d’amélioration.
Une démarche innovante au service de la réussite éducative
Piloté par l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) et la Direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO), le dispositif répond aux difficultés scolaires et d’insertion professionnelle dont souffrent les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). Il repose sur une gouvernance locale (la "troïka") qui associe la préfecture, les services académiques et la commune. Il bénéficie d’une dotation budgétaire pour financer l’ingénierie et les actions éducatives.
Il cherche avant tout à coordonner les mesures déployées par l’éducation nationale, les collectivités locales et la préfecture. Il est expérimenté dans 80 territoires dès 2019. Il en couvre 210 en 2023, soit 2,6 millions d’habitants, avec un budget global annuel de 135 millions d’euros (M€). En mai 2025, le gouvernement annonce la labellisation de 40 cités supplémentaires, ce qui portera à environ 380 M€ les moyens consacrés par l’État à cette politique depuis 2019.
Des atouts et des fragilités
Les cités éducatives permettent de décloisonner les acteurs locaux (construction de partenariats) et favorisent notamment l’ouverture de l’éducation nationale sur son écosystème local. La Cour note cependant que :
- le calendrier resserré de labellisation des cités éducatives a laissé peu de temps aux équipes pour établir un diagnostic partagé et des plans d’action répondant aux enjeux. Le programme s’est étendu par vagues successives sans que l’expérimentation ait été évaluée ;
- les critères de labellisation, initialement sélectifs, ont été assouplis dans l’objectif affiché de généraliser le dispositif. Ils peuvent désormais cibler des projets très aboutis, et pas seulement les territoires les plus en difficulté ;
- au niveau national, le portage politique interministériel et administratif s’est affaibli au fil des années ;
- le succès des cités éducatives dépend du contexte local, de l’équilibre au sein de la gouvernance et de l’implication des ressources humaines face au surcroît de travail induit. Les crédits spécifiques du programme se substituent parfois à ceux du droit commun ;
- les dotations des cités éducatives, qui représentent 15% du budget de la politique de la ville en 2024, ont augmenté avec l’extension du programme. Leur attribution présente des disparités et ne reflète pas toujours les besoins des populations les plus en difficulté. L’absence d’évaluation harmonisée limite l’adaptation des financements, pourtant nécessaire pour soutenir l’innovation et la mobilisation du droit commun.
Afin de renforcer l’efficacité du dispositif, le rapport préconise :
- de mettre en place des conventions interministérielles nationales susceptibles d’appuyer la dynamique locale des cités éducatives ;
- d’instaurer un principe de dégressivité des financements à l’occasion des renouvellements de label.