Quelles sont les formes et les fonctions de la monnaie ?

Questions économiques et sociales

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L’essentiel

La monnaie a d'abord porté sa propre valeur intrinsèquement : elle pouvait prendre la forme de marchandise (comme une denrée) ou bien de métal précieux. À partir du XVIIIe siècle, la monnaie devient un instrument de plus en plus abstrait avec l'introduction de la monnaie papier. Aujourd'hui, cette monnaie fiduciaire coexiste avec la monnaie scripturale, inscrite sur des comptes bancaires qui détient de la valeur symbolique principalement. Malgré ces différentes formes, la monnaie conserve ses usages d'intermédiaire des échanges, d'unité de compte et de réserve de valeur, quand bien même elle a vu ses formes évoluer au cours du temps. 

En détail

La monnaie est une institution sociale de tout premier ordre. Elle constitue un pouvoir d'achat qui représente un pouvoir économique et politique. Concrètement, la monnaie répond à trois fonctions essentielles

  • intermédiaire des échanges ;
  • unité de compte ;
  • réserve de valeur.

Intermédiaire des échanges, car elle est utile aux échanges économiques entre les agents, elle se substitue à l'usage du troc. Unité de compte, parce qu'elle est une unité commune à partir de laquelle on peut quantifier la valeur d'un bien. Et enfin, réserve de valeur, parce qu'elle permet de transférer de la valeur dans le temps.

Avant que les pièces de monnaie ne soient frappées, les échanges se réalisaient par l'échange de denrées ou de marchandises entre elles (le troc), qui faisaient office de monnaie. Par exemple, une bête contre un outil fabriqué. Au début, certains produits particulièrement rares, comme le sel, ou des objets symboliques, comme des coquillages, ont également servi de monnaie. Le terme de monnaie marchandise est alors employé. 

Les premières pièces de monnaie métalliques, qualifiées de monnaies à valeur intrinsèque, sont constituées par les espèces frappées avec du métal précieux et dont la valeur est celle du métal qu'elles contiennent. Si la datation des premières monnaies métalliques est imprécise, l'état actuel des découvertes archéologiques semble trouver les premières traces de cette monnaie vers le milieu du premier millénaire avant notre ère. Cette forme de monnaie subsiste actuellement à travers les pièces de collection, alors que la valeur métallique des pièces en circulation aujourd'hui est négligeable.

Ainsi, la monnaie à valeur intrinsèque est remplacée par la monnaie fiduciaire, constituée de pièces et de billets dont la valeur n'est plus fixée par la valeur matérielle qu'ils contiennent mais par la confiance que l'usager donne à leur valeur inscrite.

La monnaie scripturale fait son apparition avec la création des comptes bancaires. Il s'agit d'une écriture inscrite sur une ligne de compte. La monnaie scripturale peut être transformée en monnaie divisionnaire ou fiduciaire.

Le paiement par carte bancaire, chèque, virement bancaire, titre interbancaire de paiement (TIP) constituent des instruments de paiement. Ils ne doivent pas être confondus avec la monnaie. Ces instruments servent de support à la monnaie et en sont le véhicule. Leur destruction n'entraîne pas la destruction de la monnaie.

Les monnaies électroniques constituent un cas particulier. Certains auteurs ne les qualifient pas de nouvelle forme de monnaie. Elles s'inscrivent dans le processus de numérisation de la monnaie scripturale.

La quantité de monnaie en circulation dans une zone déterminée est nommée masse monétaire. Elle est nettement plus large que la somme des pièces, billets et dépôts bancaires. Cet indicateur est utilisé dans la conduite de la politique monétaire, il se compose en trois agrégats :

  • M 1 : la monnaie fiduciaire plus la monnaie scripturale ;
  • M 2 : M 1 plus les comptes sur livrets et crédits d'une durée inférieur ou égale à deux ans ;
  • M 3 : M 2 plus les Sicav, fonds communs de placement et les titres de créance ayant une échéance inférieure ou égale à 2 ans.

En vidéo

  • Pourquoi l’Union européenne a-t-elle adopté une monnaie unique ?

    Je crois que l'adoption d'une monnaie unique par l'Union européenne correspondait à la quintessence même du projet, puisque le projet d'emblée, dès le Traité de Rome, s'appuyait sur l'idée d'un marché unique, d'un marché commun et d'une concurrence généralisée et donc marché unique, concurrence, ça suppose une fixation des prix à la fois prédéterminés et relativement stables, et parmi les éléments qui perturbent les fixations de prix, il y a les évolutions du change.

    Donc, assez naturellement, les fondateurs de l'Union européenne et de ce qui était au départ le marché commun, s'étaient dit, on va faire en sorte qu'il y ait une monnaie, sinon au départ, une monnaie commune ou tout au moins un taux de change fixe entre les différentes devises de la zone européenne, de façon à éviter les à-coups liés aux heurts autour du change.
    Et puis, progressivement, le système s'est mis en place.
    Donc, il y a eu le SME en 1979, dans un contexte de change flottant dans l'ensemble de la planète.

    Et comme ça fonctionnait plus ou moins bien, les gens se sont dit on va aller un peu plus loin et donc on va faire la monnaie unique, l'euro, à partir du Traité de Maastricht.
    Ce qui est intéressant aussi, c'est deux choses complémentaires.

    La première, c'est qu'il y avait chez François Mitterrand et Helmut Kohl l'idée aussi que, avec une monnaie européenne, appuyée sur le primat politique français et le primat économique européen, on pourrait créer une sorte de rivale du dollar.

    Ce qui avait incité en particulier Margaret Thatcher à refuser le projet.
    Et la deuxième chose, c'est que dans la vie quotidienne des Européens, ça facilitait les voyages, le tourisme et les investissements.

    C'est-à-dire que quand vous êtes Allemand et que vous investissez en Europe du Sud, vous savez que vous retirerez une certaine somme en euros, quoi qu'il arrive, quelle que soit la politique qui est menée en Europe du Sud, alors qu'avant, vous étiez toujours sous la menace d'une dévaluation éventuelle, ruinant une partie de vos efforts.

  • Qu’est-ce que l’euro a changé pour les Européens ?

    Alors, je crois que pour les citoyens, ça leur a apporté, d'une part, une lisibilité assez grande sur l'avenir.

    La deuxième chose c'est que pour avoir la même monnaie, il faut avoir le même taux d'inflation.
    Et le plus simple, quand on décide d'avoir le même taux d'inflation, c'est de ne pas voir d'inflation.

    Donc ça a apporté notamment aux pays d'Europe du Sud une nouvelle vision de l'économie et une rupture avec la longue période d'inflation qui avait été celle de l'Après-guerre, ce que des ministres de l'Économie et des Finances français appelaient le dirigisme inflationniste.
    Il y a moins d'inflation.

    Et puis, la troisième chose, c'est que je crois que ça a apporté aussi une forme d'identification physique du projet européen.

    On a la même monnaie quand on va depuis les pays baltes jusqu'à Athènes, en passant par Madrid ou Amsterdam.
    L'Europe, ça existe.
    Il y a une formation concrète de ça, il y a une formulation concrète de cette existence qui est le fait qu'on a la même monnaie.

    Comme les Américains, du Texas à la Californie, ont la même monnaie.
    Dans les rapports qu'ont les Français à l'euro, ce qui me frappe, c'est deux choses :  la première chose, c'est que, ils ont été longtemps convaincus que le passage à l'euro avait augmenté l'inflation et avait constitué une perte de pouvoir d'achat assez sensible pour eux.
    Il y avait une espèce de slogan qui disait les prix ont été maintenus en euros.
    Les prix sont passés du montant affiché en francs au montant équivalent en euros.
    En revanche, les salaires ont été divisés par 6,5.

    Et donc il y a eu au départ un doute.
    Un doute qui traduisait d'ailleurs les résultats du référendum de Maastricht.

    C'est-à-dire que le oui l'avait emporté d'une courte tête.
    Mais je pense que maintenant les Français sont très attachés à l'euro pour deux raisons :
    la première raison, c'est que c'est assez pratique quand on fait du tourisme que d'aller dans les pays voisins sans avoir à changer de la monnaie et à prendre des risques.
    Parce que si la monnaie change, on ne sait pas très bien combien ça va coûter à la fin des fins.
    Et puis, je pense que fondamentalement, ils se sont aperçus que c'était quand même, malgré ce qu'ils avaient pensé initialement, une sauvegarde sur leur pouvoir d'achat.

    Même si les Français estiment que le pouvoir d'achat est devenu un véritable enjeu, ils attribuent à l'euro plutôt un élément de sauvegarde de ce pouvoir d'achat, que ça a été plutôt un élément positif pour eux.

    Et je pense que les partis qui, à un moment donné, faisaient campagne pour la sortie de la zone euro, ont compris que ce n'était pas un bon angle d'attaque dans la vie politique actuelle.

  • Quel avenir pour l’euro dans l’économie mondiale ?

    Je crois qu'il y avait d'abord l'enthousiasme au départ, c'était l'enthousiasme de H. Kohl et de F. Mitterrand au sommet d’Évian, donc de refaire une monnaie qui serait en capacité de rivaliser avec le dollar puisque le dollar était devenu sans contrôle, sans rival, que l'or avait disparu pour essayer de contraindre la politique américaine, on allait faire de l'euro le moyen de contraindre les Américains à avoir une politique un peu plus sage.
    Ça, ça reste un espoir.

    Et de temps en temps, il y a un certain nombre de pays qui disent mais si, pour embêter les États-Unis, on va choisir une autre monnaie de référence et après tout, pourquoi pas l'euro ?

    Je pense que ça, la crise grecque en particulier, a éloigné cet horizon.
    Mais la crise grecque aussi a montré un autre chose.
    C'est l'attachement des pays qui sont membres de la zone euro à l'avenir de la zone euro et au maintien de la zone euro.

    En juillet 2012, les dirigeants européens se sont trouvés face à la question fondamentale est ce qu'on continue ou est ce qu'on divorce ?
    Et ils ont décidé de continuer en demandant à Monsieur Draghi de faire en sorte que l'euro survive.

    À partir de ce moment-là, c'était le « Whatever it takes ».
    Et donc, ça a apporté à l'euro une sorte de vision de long terme, c'est-à-dire que « Whatever it takes », on sauvera l'euro.

    Donc l'avenir de l'euro est assez garanti, à mon avis.
    Le dernier élément, c'est que la question qui se pose c'est est-ce que la zone euro va s'étendre et est-ce que la zone euro va devenir véritablement l'Union européenne ou est ce qu'il va y avoir une Europe à deux vitesses ?

    Ceux qui sont dans la zone euro et ceux qui sont à l'écart ?
    Je pense que la zone euro va progressivement s'étendre, même si le candidat actuel le plus entreprenant, c'est la Bulgarie et que un certain nombre de pays disent qu'il faut peut-être un peu avant de récupérer la Bulgarie, digérer la Grèce et préparer la digestion de l'Italie.

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