Dans une note du 10 mai 2023, le Haut-Commissariat au Plan présente les derniers chiffres du commerce extérieur français. En 2022, le pays continue d’importer plus de produits qu’il n’exporte, affichant un déficit commercial record de 163,6 milliards d’euros. Cela représente quasiment le double du déficit commercial de 2021 (85 milliards d’euros).
Un solde commercial négatif pour deux tiers des produits
Selon le Haut-Commissariat au Plan, la consommation intérieure est "très largement insatisfaite par la production nationale". Sur les 9 781 produits étudiés dans cette note, les deux tiers (environ 67%) sont en déficit commercial en 2022.
Le nombre de produits en déficit commercial de plus de 50 millions d’euros a augmenté de 22% (hors dépenses énergétiques), passant de 884 produits en 2019 à 1 079 en 2022. Il s’agit, par exemple, de certains produits agroalimentaires comme le saumon et les chips ou encore d’équipements de la vie courante comme les téléphones portables, les brosses à dent, les aspirateurs... Ces produits représentent à eux seuls 81% du déficit total de la France.
Les produits de l'industrie agroalimentaire affichent néanmoins des résultats positifs en 2022 (5,6 milliards d'euros d'excédent), de même que les produits agricoles, largement tiré par la forte exportation des céréales (+10 milliards d'euros en 2022).
Le Haut-Commissariat au Plan constate que la situation du commerce extérieur français continue de se dégrader avec toutes les zones géographiques du monde, malgré l’adoption de mesures depuis 2017 pour améliorer la compétitivité et l’attractivité de la production nationale (réduction de l’impôt sur les sociétés, loi Pacte…). La note suggère de mettre en place des outils mieux ciblés, filière par filière, produit par produit, pour redresser le commerce extérieur.
Une envolée de la facture énergétique et un déficit croissant des produits manufacturés
Cette dégradation du commerce extérieur s’explique en partie par la hausse de la facture énergétique et la forte dépréciation de l’euro vis-à-vis du dollar observée depuis février 2022. Ainsi, le déficit commercial en matière d’énergie dépasse les 115 milliards d’euros en 2022. Il est majoritairement causé par à la reprise économique mondiale suite à la crise du Covid-19 et par la forte augmentation des prix des énergies fossiles (gaz et pétrole) liée à la guerre en Ukraine.
La note mentionne également une aggravation du solde commercial de l’électricité (-7,4 milliards d’euros). Les difficultés rencontrées par le parc nucléaire français en 2022 ont amené la France, historiquement exportatrice nette d’électricité (2,6 milliards d’euros d’excédent en 2021) a augmenté ses importations en 2022.
Le déficit commercial français s'est, par ailleurs, nettement dégradé en raison des produits manufacturés (-78,5 milliards d’euros en 2022). D’après la note, la profonde désindustrialisation que connaît la France depuis 40 ans a entraîné "un phénomène de repli productif". En 20 ans, la part de marché de la France à l’export a chuté de 5,2% en 2001 à 2,4% en 2022. En comparaison, la part de marché à l’export de l’Allemagne concernant les biens s’établit à 6,5%, soit un niveau presque trois fois supérieur à celui de la France.