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Zone euro : la Banque centrale européenne augmente son taux principal à 4,5%

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

La Banque centrale européenne (BCE) a, pour la dixième fois d'affilée, relevé ses taux directeurs. La BCE se montre satisfaite du niveau atteint dans un cycle de hausse des taux sans précèdent. Toutefois, si la politique de lutte contre l'inflation porte ses fruits, la stagflation guette l'économie européenne.

La prise de décision était particulièrement difficile cette fois-ci pour la BCE. Balancée entre une inflation certes en baisse mais toujours élevée et des signes économiques peu encourageants (baisse de l'activité économique en zone euro, crise sur le marché immobilier), la BCE a finalement tranché en décidant la dixième hausse consécutive des taux en zone euro, portant, à compter du 20 septembre 2023, son principal taux de refinancement à 4,5%.

Une inflation qui recule mais…

Après avoir initialement sous-estimé le choc inflationniste, la BCE a lancé, il y a un an, un cycle inédit de hausse des taux qui a eu des effets manifestes : la distribution de crédit, tout comme l'expansion de la masse monétaire ont nettement freiné, ce qui peut contenir la dépréciation monétaire à venir. Le taux d'inflation, lui, sous l'effet de la résorption du choc de demande après la pandémie, l'amélioration des chaînes de livraisons internationales et la détente sur les marchés de l'énergie, a connu une baisse significative : après un pic à 10,6% en octobre 2022, le taux d'inflation a reculé à 5,2% en août 2023 (après 5,3% en juillet), la valeur cible de 2% entrant progressivement dans la ligne de mire de la BCE. 

La situation est toutefois plus compliquée car l'effet de la baisse des prix de l'énergie commence à s'affaiblir et l'inflation la plus ressentie, celle de l'alimentation, l'alcool et le tabac, se situe toujours à 9,7% en août 2023 (après un pic à 15,5% en mars 2023) sur une base annuelle. C'est aussi pour cette raison que la BCE table sur une inflation moyenne de 5,6% en 2023, 3,2% en 2024 et 2,1% en 2025, selon ses projections.

…des tensions sur les prix qui peuvent s'accentuer

La BCE, qui n'a pas d'objectif de croissance comme son homologue américain, la Réserve fédérale américaine (Fed), voit également que l'économie européenne est menacée de stagflation, c'est-à-dire d'une croissance faible voir négative, conjuguée à une inflation persistante. La politique monétaire restrictive risque de pénaliser davantage la demande intérieure. La BCE en est consciente. Désormais, elle s'attend à une croissance économique dans la zone euro de 0,7% en 2023, 1,0% en 2024 et 1,5% en 2025. 

Mais Christine Lagarde, la présidente de la BCE, voit aussi les mutations en cours de l'économie mondiale qui peuvent avoir des effets sur les prix. La fragmentation du commerce mondial, avec des échanges davantage au sein de blocs géopolitiques rivaux, les relocalisations et les besoins d'investissement structurels peuvent impliquer des contraintes sur l'offre : "si l'offre mondiale devient moins élastique, y compris sur le marché du travail, et que la concurrence mondiale est réduite, nous devons nous attendre à ce que les prix jouent un rôle plus important dans l'ajustement".  En d'autres termes : la volatilité sur les prix risque de rester élevée.