Texte intégral
Q- Vous avez une majorité solide, elle va voter - pas aujourd'hui, peut-être demain - l'assouplissement des 35 heures. Vous vous montrez apparemment sourd aux demandes syndicales ; n'êtes-vous pas en train de prendre des risques ?
R- Non, parce que sur le terrain, ce que nous entendons de la part des Français, c'est que leur priorité, c'est l'emploi et le pouvoir d'achat. Et ce texte, sans revenir sur la durée légale du travail qui restera à 35 heures, offre la possibilité, dans la concertation et la liberté, de travailler plus pour gagner plus.
Q- Mais l'argument ne passe pas. Vous voyez les syndicats, les manifestations : cela ne passe pas.
R- Ce n'est pas ce que j'entends sur le terrain. Il est également tout à fait normal que les syndicats - ils sont dans leur rôle - émettent un certain nombre de protestations et il faut y prêter attention...
Q- F. Hollande demande au Premier ministre de recevoir les partenaires sociaux, de le faire assez vite pour faire baisser la pression ; monsieur Raffarin doit-il accéder à cette suggestion de monsieur Hollande ?
R- F. Hollande sait très bien qu'ils sont été reçus de très nombreuses fois, qu'il y a eu de nombreux échanges et qu'un certain nombre de dispositions, d'ailleurs, ont été choisies avec eux.
Q- Pourquoi faire voter une loi, alors qu'en décembre, le Gouvernement a augmenté par décret les heures supplémentaires de 180 à 220 heures, et qu'aujourd'hui, on voit qu'il n'y a pas assez d'activité dans les carnets de commandes, pas assez de travail justement pour atteindre ces 220 heures ?
R- Parce que les dispositions qui sont contenues, c'est-à-dire le compte épargne temps, le temps choisi, relèvent de la loi et qu'il est nécessaire de passer par le Parlement pour cela. La deuxième raison est que si l'on veut que la France, les entreprises qui créent la richesse en France, c'est-à-dire non seulement les salaires mais la protection sociale, puissent répondre à un marché qui s'ouvre, c'est-à-dire à une croissance qui est là - c'est le cas heureusement aujourd'hui -, il faut qu'elles aient la marge de manuvre, ce qu'avaient interdit les lois Aubry par leur rigidité, en même temps qu'elles avaient réduit le pouvoir d'achat des salariés.
Q- Vous pensez qu'avec les quatre articles de la proposition de loi sur l'assouplissement des 35 heures, vous mettez la France en situation d'attirer les investissements étrangers et de mieux lutter pour être présents dans la mondialisation ? Il suffirait de ça ?
R- En tout cas, ces dispositions permettront d'offrir davantage de salaire et de pouvoir d'achat aux salariés et elles permettront également aux entreprises, lorsqu'il y a des commandes, de pouvoir y répondre. Ce qui, chacun sait, n'était pas possible avec la rigidité des 35 heures.
Q- Selon Le Figaro de ce matin, dans le budget de 2006, l'Etat va recruter 55 à 60.000 agents. Cela ressemble à un beau masque de carnaval, parce qu'il envisagerait de supprimer 16.000 à 21.000 postes. Est-ce que vous confirmez ?
R- Ce que je peux vous confirmer, c'est qu'il faut regarder tout simplement la pyramide des âges dans la fonction publique. Ce qui était le baby-boom est en train de devenir le papy-boom et donc, il y a de nombreux départs à la retraite. Par conséquent, lorsque l'on parle simplement des recrutements, on n'a pas exactement l'état des effectifs. Et donc, là-dedans, tout le monde y va de son chapitre. La réalité est que l'Etat est obligé, nous sommes obligés, de diminuer quelque peu le nombre de fonctionnaires...
Q- Donc, vous confirmez ?
R- Oui, il y aura une diminution du nombre des fonctionnaires. Elle sera contenue, elle ne sera pas considérable mais elle est indispensable si l'on veut, encore une fois, avoir les moyens de payer les fonctionnaires en activité, de payer les retraites et d'avoir de la marge de manoeuvre pour investir.
Q- Vous confirmez et vous soutenez ?
R- Bien sûr.
Q- Selon un sondage France 3 - France Info, le "oui" l'emporterait avec 61 % des votes contre 40, si le référendum sur l'Europe avait lieu dimanche. Le "oui" perd 5 points en un mois. Les "oui" se taisent et quand ils parlent ils ne convainquent pas ; est-ce que le moment n'est pas venu aussi, par les "oui" de droite et de gauche, de
s'exprimer ?
R- Oui, c'est qui va se passer en expliquant...
Q- On dit que le PS lance sa campagne pour un "oui" franc à l'Europe, lundi...
R- C'est très bien, mais nous, nous expliquons à l'UMP que le "oui" est le meilleur moyen pour les Français, pour les salariés d'avoir des perspectives de stabilité dans l'emploi, des perspectives de garantie de protection sociale, et d'avoir, avec l'Europe, un pôle qui puisse résister, qui puisse exister face au pôle américain, au pôle asiatique. Et on voit bien aujourd'hui que cela est absolument indispensable dans ce monde multipolaire.
Q- N'avez-vous pas le sentiment que beaucoup jouent sur l'aggravation du climat social pour mettre en difficulté les partisans du "oui" et donner une chance à la victoire du "non" ?
R- Oui, bien sûr, c'est le jeu des opposants, dont je n'hésite pas à dire qu'ils jouent avec le feu. Ils jouent avec l'avenir de nos compatriotes, l'avenir de la France et l'avenir de l'Europe. Je trouve qu'il y a là beaucoup d'irresponsabilité, parce qui aujourd'hui peut contester que l'Europe a d'abord été la paix, et ensuite, cela a été pour les Français une augmentation du niveau de vie ? Et celle-ci a vocation à se poursuivre mais il ne faut pas interrompre la progression de l'Europe. C'est pour cela qu'il faut voter "oui" au référendum.
Q- Le Premier ministre disait hier - je cite - : "Il faut que le "non" existe pour que le "oui" l'emporte". Attention, d'ailleurs, à ce que le "non" n'existe pas trop. Mais est-ce que le contraire n'est pas vrai : il faut que le "oui" existe pour que le "non" l'emporte ?
R- Il faut être simple : l'avenir des Français, leur indépendance, leur bonheur, leur pouvoir d'achat, leur protection sociale, c'est le "oui" au référendum pour l'Europe.
Q- Vous vous êtes rendu en Turquie, il y a quelques jours et pendant quelques jours, avec J.-L. Debré, H. Morin UDF, J.-M. Ayrault PS, A. Bocquet PC ; en quoi ce voyage était-il indispensable aujourd'hui ?
R- Il s'agissait de deux choses. D'abord, d'évaluer la situation de ce pays, pour lequel les négociations ont été ouvertes en vue d'une future adhésions dans dix ou quinze et encore, très éventuellement. Et deuxièmement, de clarifier le débat. La Turquie, c'est peut-être dans quinze ans...
Q- C'est pour cela qu'il fallait y aller la semaine dernière ?!
R- Aujourd'hui, ce qui compte, c'est le "oui" au référendum. Ceci étant, ce que nous avons constaté en Turquie, c'est que c'est un pays qui a engagé de très importantes réformes ; celles-ci ne sont pas toutes en application. Et pour ce qui me concerne, membre de l'UMP, je pense toujours aujourd'hui que la perspective qui s'impose est celle d'un partenariat privilégié. Mais on ne peut pas exclure que dans quinze ans, la Turquie aura fait des réformes très importantes, parce qu'elle en a déjà fait beaucoup.
Q- Elle en a fait beaucoup, elle est en chemin et beaucoup en Turquie, si j'ai bien compris, en écoutant vos propres reportages, sont humiliés par les hésitations de l'UMP ou de l'UDF. Vous êtes allés entendre cela et nous ramener la Turquie dans le débat, parce que vous êtes contre le fait que l'on en parle aujourd'hui ? Il y a de la contradiction, là !
R- Je crois que le rôle des parlementaires, c'est de bien connaître la situation pour pouvoir expliquer, comme je viens de vous le faire, qu'aujourd'hui, le débat de la Turquie, ce n'est pas l'actualité ; aujourd'hui, le débat c'est le "oui" au référendum pour l'Europe.
Q- Et pour cela, il fallait y aller... Vous voulez le "non" au référendum, c'est ça ?!
R- Je veux le "oui" au référendum, vous me le faites répéter pour la quatrième fois !
Q- Oui, mais vous prenez des risques. Conseillez-vous à N. Sarkozy d'aller à son tour en Turquie ?
R- Je crois que de toute façon, il est toujours utile d'aller observer sur place, même si cela - et c'est mon cas - ne fait pas changer d'avis. Mais l'avis que l'on exprime ensuite est beaucoup plus solide ?
Q- Mais qu'il y aille avant ou après le référendum ?
R- Qu'il y aille après le référendum. N. Sarkozy s'occupe admirablement du travail politique de l'UMP, qui soutient très efficacement le Gouvernement ; c'est une vaste tâche.
Q- Dans une semaine, si rien ne change, F. Fillon présentera au Parlement sa réforme de l'école. Etant donné les remous chez les enseignants et même les lycées, est-ce qu'il ne faudrait pas retarder cette loi ?
R- Non. Qui aujourd'hui peut penser que l'école ne doit pas s'adapter à un univers qui a complètement changé depuis la précédente loi d'orientation, qui remonte à une quinzaine d'années ? Donc, il faut évidemment adapter l'école aux réalités, dans l'intérêt des enfants, dans l'intérêt de la jeunesse, c'est-à-dire dans l'intérêt de l'avenir de notre pays.
Q- Vous, avec le groupe UMP, vous la voterez telle quelle ?
R- Nous voterons ce texte, mais nous ferons comme toujours, en tant que député de la majorité, un travail d'amélioration, d'enrichissement. Nous y sommes très attachés.
Q- Et malgré les protestations, voulez-vous, dans ces conditions, aussi le "non" au référendum ? Si vous gardez la loi Fillon telle qu'elle est, dit l'opposition, vous allez vers le "non" au référendum ?
R- J.-P. Elkabbach, vous êtes en train d'entretenir cette confusion !
Q- Je suis pour le "oui", je ne devrais pas le dire mais je suis pour le "oui", mais je suis objectif.
R- En réalité, il n'y a rien qui puisse concerner le référendum et qui touche à cette réforme de l'école. La réforme de l'école est prévue depuis longtemps, elle doit avoir lieu, le pays ne peut pas arrêter dans sa modernisation. Le Gouvernement a déjà réformé au plan régalien, il a réformé au plan social, il faut qu'il réforme au plan éducatif, il en va de notre avenir.
Q- A France 3, N. Sarkozy, auquel vous avez rendu hommage il y quelques instants, a estimé "normal qu'en démocratie, il y ait plusieurs candidats à la candidature" pour 2007 dans une formation politique. Partagez-vous cet avis ?
R- Je pense que les partis politiques ont vocation à avoir un fonctionnement démocratique. S'agissant des candidats aux différentes élections - municipales, législatives, ou présidentielles -, lorsqu'une formation politique, quelle qu'elle soit, a un sortant, comme l'a d'ailleurs dit lui-même N. Sarkozy s'agissant des municipales ou des législatives, la situation ne justifie pas de sélectionner les candidats par un vote. Donc, ma réponse est claire : lorsqu'il y a un sortant, celui-ci a vocation, sauf s'il a manqué à ses tâches, à ses devoirs, à être à nouveau candidat.
Q- Donc, si le président de la République se présente comme candidat à un troisième mandat, il n'est pas nécessaire que qui que ce soit se présente ?
R- En tout cas, le vote n'est pas justifié.
Q- Et comment répondez-vous à la question que N. Sarkozy pose, je le cite, sur "le principe : en République, y a-t-il un candidat de droit ?" ?
R- Je vais d'abord vous dire une chose. Aujourd'hui, le problème de nos compatriotes, c'est leurs problèmes quotidiens : c'est l'emploi, c'est le pouvoir d'achat. Ne mélangeons pas des perspectives de candidatures hypothétiques, dans deux ans et demi à l'élection présidentielle. Il sera bien temps de voir dans quel état se trouve la France, quelles sont les attentes et les besoins des Français, pour en tirer les conclusions, et soit aller dans la continuité, soit, si le Président en décide ainsi, choisir quel sera le meilleur candidat pour l'UMP.
Q- Vous, que souhaitez-vous : qu'il se représente ? Qu'il y ait un sortant ?
R- Je ne fais jamais de plans sur la comète. Je me contente du quotidien, et croyez-moi...
Q- Alors, le quotidien, un mot : aujourd'hui, c'est le 8 février, peut-être une belle journée pour la paix, rencontre S. Peres-M. Abbas et C. Rice est à Paris pour la première fois. Souhaitez-vous, qu'avec les Etats-Unis, on se rapproche, que cela aille mieux ?
R- D'une part, ces amis, ces alliés de toujours, c'est une nécessité que nous nous rapprochions d'eux. D'autre part, c'est un jour formidable, parce qu'effectivement, il y a de grands espoirs de paix au Proche-Orient.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 9 février 2005)
R- Non, parce que sur le terrain, ce que nous entendons de la part des Français, c'est que leur priorité, c'est l'emploi et le pouvoir d'achat. Et ce texte, sans revenir sur la durée légale du travail qui restera à 35 heures, offre la possibilité, dans la concertation et la liberté, de travailler plus pour gagner plus.
Q- Mais l'argument ne passe pas. Vous voyez les syndicats, les manifestations : cela ne passe pas.
R- Ce n'est pas ce que j'entends sur le terrain. Il est également tout à fait normal que les syndicats - ils sont dans leur rôle - émettent un certain nombre de protestations et il faut y prêter attention...
Q- F. Hollande demande au Premier ministre de recevoir les partenaires sociaux, de le faire assez vite pour faire baisser la pression ; monsieur Raffarin doit-il accéder à cette suggestion de monsieur Hollande ?
R- F. Hollande sait très bien qu'ils sont été reçus de très nombreuses fois, qu'il y a eu de nombreux échanges et qu'un certain nombre de dispositions, d'ailleurs, ont été choisies avec eux.
Q- Pourquoi faire voter une loi, alors qu'en décembre, le Gouvernement a augmenté par décret les heures supplémentaires de 180 à 220 heures, et qu'aujourd'hui, on voit qu'il n'y a pas assez d'activité dans les carnets de commandes, pas assez de travail justement pour atteindre ces 220 heures ?
R- Parce que les dispositions qui sont contenues, c'est-à-dire le compte épargne temps, le temps choisi, relèvent de la loi et qu'il est nécessaire de passer par le Parlement pour cela. La deuxième raison est que si l'on veut que la France, les entreprises qui créent la richesse en France, c'est-à-dire non seulement les salaires mais la protection sociale, puissent répondre à un marché qui s'ouvre, c'est-à-dire à une croissance qui est là - c'est le cas heureusement aujourd'hui -, il faut qu'elles aient la marge de manuvre, ce qu'avaient interdit les lois Aubry par leur rigidité, en même temps qu'elles avaient réduit le pouvoir d'achat des salariés.
Q- Vous pensez qu'avec les quatre articles de la proposition de loi sur l'assouplissement des 35 heures, vous mettez la France en situation d'attirer les investissements étrangers et de mieux lutter pour être présents dans la mondialisation ? Il suffirait de ça ?
R- En tout cas, ces dispositions permettront d'offrir davantage de salaire et de pouvoir d'achat aux salariés et elles permettront également aux entreprises, lorsqu'il y a des commandes, de pouvoir y répondre. Ce qui, chacun sait, n'était pas possible avec la rigidité des 35 heures.
Q- Selon Le Figaro de ce matin, dans le budget de 2006, l'Etat va recruter 55 à 60.000 agents. Cela ressemble à un beau masque de carnaval, parce qu'il envisagerait de supprimer 16.000 à 21.000 postes. Est-ce que vous confirmez ?
R- Ce que je peux vous confirmer, c'est qu'il faut regarder tout simplement la pyramide des âges dans la fonction publique. Ce qui était le baby-boom est en train de devenir le papy-boom et donc, il y a de nombreux départs à la retraite. Par conséquent, lorsque l'on parle simplement des recrutements, on n'a pas exactement l'état des effectifs. Et donc, là-dedans, tout le monde y va de son chapitre. La réalité est que l'Etat est obligé, nous sommes obligés, de diminuer quelque peu le nombre de fonctionnaires...
Q- Donc, vous confirmez ?
R- Oui, il y aura une diminution du nombre des fonctionnaires. Elle sera contenue, elle ne sera pas considérable mais elle est indispensable si l'on veut, encore une fois, avoir les moyens de payer les fonctionnaires en activité, de payer les retraites et d'avoir de la marge de manoeuvre pour investir.
Q- Vous confirmez et vous soutenez ?
R- Bien sûr.
Q- Selon un sondage France 3 - France Info, le "oui" l'emporterait avec 61 % des votes contre 40, si le référendum sur l'Europe avait lieu dimanche. Le "oui" perd 5 points en un mois. Les "oui" se taisent et quand ils parlent ils ne convainquent pas ; est-ce que le moment n'est pas venu aussi, par les "oui" de droite et de gauche, de
s'exprimer ?
R- Oui, c'est qui va se passer en expliquant...
Q- On dit que le PS lance sa campagne pour un "oui" franc à l'Europe, lundi...
R- C'est très bien, mais nous, nous expliquons à l'UMP que le "oui" est le meilleur moyen pour les Français, pour les salariés d'avoir des perspectives de stabilité dans l'emploi, des perspectives de garantie de protection sociale, et d'avoir, avec l'Europe, un pôle qui puisse résister, qui puisse exister face au pôle américain, au pôle asiatique. Et on voit bien aujourd'hui que cela est absolument indispensable dans ce monde multipolaire.
Q- N'avez-vous pas le sentiment que beaucoup jouent sur l'aggravation du climat social pour mettre en difficulté les partisans du "oui" et donner une chance à la victoire du "non" ?
R- Oui, bien sûr, c'est le jeu des opposants, dont je n'hésite pas à dire qu'ils jouent avec le feu. Ils jouent avec l'avenir de nos compatriotes, l'avenir de la France et l'avenir de l'Europe. Je trouve qu'il y a là beaucoup d'irresponsabilité, parce qui aujourd'hui peut contester que l'Europe a d'abord été la paix, et ensuite, cela a été pour les Français une augmentation du niveau de vie ? Et celle-ci a vocation à se poursuivre mais il ne faut pas interrompre la progression de l'Europe. C'est pour cela qu'il faut voter "oui" au référendum.
Q- Le Premier ministre disait hier - je cite - : "Il faut que le "non" existe pour que le "oui" l'emporte". Attention, d'ailleurs, à ce que le "non" n'existe pas trop. Mais est-ce que le contraire n'est pas vrai : il faut que le "oui" existe pour que le "non" l'emporte ?
R- Il faut être simple : l'avenir des Français, leur indépendance, leur bonheur, leur pouvoir d'achat, leur protection sociale, c'est le "oui" au référendum pour l'Europe.
Q- Vous vous êtes rendu en Turquie, il y a quelques jours et pendant quelques jours, avec J.-L. Debré, H. Morin UDF, J.-M. Ayrault PS, A. Bocquet PC ; en quoi ce voyage était-il indispensable aujourd'hui ?
R- Il s'agissait de deux choses. D'abord, d'évaluer la situation de ce pays, pour lequel les négociations ont été ouvertes en vue d'une future adhésions dans dix ou quinze et encore, très éventuellement. Et deuxièmement, de clarifier le débat. La Turquie, c'est peut-être dans quinze ans...
Q- C'est pour cela qu'il fallait y aller la semaine dernière ?!
R- Aujourd'hui, ce qui compte, c'est le "oui" au référendum. Ceci étant, ce que nous avons constaté en Turquie, c'est que c'est un pays qui a engagé de très importantes réformes ; celles-ci ne sont pas toutes en application. Et pour ce qui me concerne, membre de l'UMP, je pense toujours aujourd'hui que la perspective qui s'impose est celle d'un partenariat privilégié. Mais on ne peut pas exclure que dans quinze ans, la Turquie aura fait des réformes très importantes, parce qu'elle en a déjà fait beaucoup.
Q- Elle en a fait beaucoup, elle est en chemin et beaucoup en Turquie, si j'ai bien compris, en écoutant vos propres reportages, sont humiliés par les hésitations de l'UMP ou de l'UDF. Vous êtes allés entendre cela et nous ramener la Turquie dans le débat, parce que vous êtes contre le fait que l'on en parle aujourd'hui ? Il y a de la contradiction, là !
R- Je crois que le rôle des parlementaires, c'est de bien connaître la situation pour pouvoir expliquer, comme je viens de vous le faire, qu'aujourd'hui, le débat de la Turquie, ce n'est pas l'actualité ; aujourd'hui, le débat c'est le "oui" au référendum pour l'Europe.
Q- Et pour cela, il fallait y aller... Vous voulez le "non" au référendum, c'est ça ?!
R- Je veux le "oui" au référendum, vous me le faites répéter pour la quatrième fois !
Q- Oui, mais vous prenez des risques. Conseillez-vous à N. Sarkozy d'aller à son tour en Turquie ?
R- Je crois que de toute façon, il est toujours utile d'aller observer sur place, même si cela - et c'est mon cas - ne fait pas changer d'avis. Mais l'avis que l'on exprime ensuite est beaucoup plus solide ?
Q- Mais qu'il y aille avant ou après le référendum ?
R- Qu'il y aille après le référendum. N. Sarkozy s'occupe admirablement du travail politique de l'UMP, qui soutient très efficacement le Gouvernement ; c'est une vaste tâche.
Q- Dans une semaine, si rien ne change, F. Fillon présentera au Parlement sa réforme de l'école. Etant donné les remous chez les enseignants et même les lycées, est-ce qu'il ne faudrait pas retarder cette loi ?
R- Non. Qui aujourd'hui peut penser que l'école ne doit pas s'adapter à un univers qui a complètement changé depuis la précédente loi d'orientation, qui remonte à une quinzaine d'années ? Donc, il faut évidemment adapter l'école aux réalités, dans l'intérêt des enfants, dans l'intérêt de la jeunesse, c'est-à-dire dans l'intérêt de l'avenir de notre pays.
Q- Vous, avec le groupe UMP, vous la voterez telle quelle ?
R- Nous voterons ce texte, mais nous ferons comme toujours, en tant que député de la majorité, un travail d'amélioration, d'enrichissement. Nous y sommes très attachés.
Q- Et malgré les protestations, voulez-vous, dans ces conditions, aussi le "non" au référendum ? Si vous gardez la loi Fillon telle qu'elle est, dit l'opposition, vous allez vers le "non" au référendum ?
R- J.-P. Elkabbach, vous êtes en train d'entretenir cette confusion !
Q- Je suis pour le "oui", je ne devrais pas le dire mais je suis pour le "oui", mais je suis objectif.
R- En réalité, il n'y a rien qui puisse concerner le référendum et qui touche à cette réforme de l'école. La réforme de l'école est prévue depuis longtemps, elle doit avoir lieu, le pays ne peut pas arrêter dans sa modernisation. Le Gouvernement a déjà réformé au plan régalien, il a réformé au plan social, il faut qu'il réforme au plan éducatif, il en va de notre avenir.
Q- A France 3, N. Sarkozy, auquel vous avez rendu hommage il y quelques instants, a estimé "normal qu'en démocratie, il y ait plusieurs candidats à la candidature" pour 2007 dans une formation politique. Partagez-vous cet avis ?
R- Je pense que les partis politiques ont vocation à avoir un fonctionnement démocratique. S'agissant des candidats aux différentes élections - municipales, législatives, ou présidentielles -, lorsqu'une formation politique, quelle qu'elle soit, a un sortant, comme l'a d'ailleurs dit lui-même N. Sarkozy s'agissant des municipales ou des législatives, la situation ne justifie pas de sélectionner les candidats par un vote. Donc, ma réponse est claire : lorsqu'il y a un sortant, celui-ci a vocation, sauf s'il a manqué à ses tâches, à ses devoirs, à être à nouveau candidat.
Q- Donc, si le président de la République se présente comme candidat à un troisième mandat, il n'est pas nécessaire que qui que ce soit se présente ?
R- En tout cas, le vote n'est pas justifié.
Q- Et comment répondez-vous à la question que N. Sarkozy pose, je le cite, sur "le principe : en République, y a-t-il un candidat de droit ?" ?
R- Je vais d'abord vous dire une chose. Aujourd'hui, le problème de nos compatriotes, c'est leurs problèmes quotidiens : c'est l'emploi, c'est le pouvoir d'achat. Ne mélangeons pas des perspectives de candidatures hypothétiques, dans deux ans et demi à l'élection présidentielle. Il sera bien temps de voir dans quel état se trouve la France, quelles sont les attentes et les besoins des Français, pour en tirer les conclusions, et soit aller dans la continuité, soit, si le Président en décide ainsi, choisir quel sera le meilleur candidat pour l'UMP.
Q- Vous, que souhaitez-vous : qu'il se représente ? Qu'il y ait un sortant ?
R- Je ne fais jamais de plans sur la comète. Je me contente du quotidien, et croyez-moi...
Q- Alors, le quotidien, un mot : aujourd'hui, c'est le 8 février, peut-être une belle journée pour la paix, rencontre S. Peres-M. Abbas et C. Rice est à Paris pour la première fois. Souhaitez-vous, qu'avec les Etats-Unis, on se rapproche, que cela aille mieux ?
R- D'une part, ces amis, ces alliés de toujours, c'est une nécessité que nous nous rapprochions d'eux. D'autre part, c'est un jour formidable, parce qu'effectivement, il y a de grands espoirs de paix au Proche-Orient.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 9 février 2005)