Texte intégral
Q - Dans la discussion budgétaire, les députés ont-ils plus leur mot à dire que sous le précédent gouvernement ?
R - Il y a eu un important travail en amont entre le groupe, la commission des Finances et le gouvernement. Plusieurs de nos propositions ont été entendues, notamment en faveur d'une maîtrise accrue de la dépense publique.
Ce budget stabilise, pour la quatrième année consécutive, la dépense budgétaire en euros constants. Nous avons obtenu du gouvernement d'aller plus loin. S'agissant de la sauvegarde des entreprises françaises, donc de l'emploi, le groupe a défendu une mesure qui permettra de lutter efficacement, surtout dans les PME et PMI, contre l'éparpillement du capital et les délocalisations.
Q - L'exonération d'ISF sur l'actionnariat salarié, à laquelle vous faites allusion, ne vise-t-elle pas, surtout, des dirigeants de très grandes entreprises ?
R - Je suis élu de Haute-Savoie, qui est l'un des départements les plus industriels de France, avec des centaines de PME et de PMI. Leurs dirigeants, souvent issus de la génération du baby boom, arrivent nombreux à la retraite et sont confrontés à des situations fiscales qui, bien souvent, les conduisent à vendre à des investisseurs étrangers.
La fuite des centres de décision précède, hélas, bien souvent les délocalisations et les pertes d'emploi. C'est pour cela que nous avons souhaité cet aménagement.
Q - Avec cet amendement et le bouclier fiscal, estimez-vous que le débat sur l'ISF est clos ?
R - Je continue à penser que cet impôt est très mal nommé. Impôt sur le patrimoine me paraîtrait être un bien meilleur terme qu'impôt sur la fortune. Par sectarisme, la gauche agite le mot fortune, comme un chiffon rouge. Il faut un impôt juste et équilibré. En cela, le plafonnement fiscal est une réponse appropriée.
Q - Un budget qui réduit très peu le nombre de fonctionnaires et augmente le déficit est-il un budget " de droite " ?
R - Je partage les choix techniques de Thierry Breton, mais je ne crois pas qu'il faille faire de ce budget une lecture partisane. C'est un budget qui affiche et introduit dans les faits une priorité et des dispositions en faveur de l'emploi et de la rétribution du travail. La réforme fiscale a pour objectif, après paiement de l'impôt, de donner plus de pouvoir d'achat aux Français qui travaillent.
Quant aux mesures qui concernent le plafonnement de l'imposition, il s'agit de se rapprocher des niveaux moyens des autres pays européens. Car nous aurons un besoin vital de toutes nos capacités de création de richesses pour supporter le colossal fardeau de nos dépenses sociales.
Q - On sent une grogne dans la majorité sur le retour des emplois aidés, notamment à l'Education nationale...
R - Le groupe UMP souhaite que les emplois aidés dans l'Education nationale soient consacrés à la scolarisation des enfants handicapés.Leur intégration scolaire est un chantier prioritaire pour le président de la République et pour les députés UMP.
Q - Les 45.000 " emplois Robien " ?
R - Il n'y en aura peut-être pas besoin d'autant, mais la masse budgétaire correspondante peut être davantage affectée à l'insertion scolaire des handicapés.
Q - Le budget de la Sécurité sociale arrive cette semaine en discussion à l'Assemblée nationale. Allez-vous revenir sur le forfait de 18 euros sur les actes lourds ?
R - Le déficit de l'assurance-maladie a considérablement diminué, mais pas suffisamment pour compenser le coût de plus en plus élevé lié au vieillissement de la population. Sur la mesure très ponctuelle que vous évoquez, c'est un mauvais procès qui est fait au gouvernement. Depuis qu'il existe des conventions médicales, il y a un ticket modérateur sur les actes de petite chirurgie.
Le niveau à partir duquel il cessait de s'appliquer n'a jamais été revu. Le gouvernement, parce qu'il a le devoir d'améliorer les comptes de l'assurance-maladie étend l'actuel ticket modérateur pour des actes non répétitifs, qui ne sont pas liés à des maladies graves, et le plafonne à 18 euros. Alors, oui, ayons le courage de le dire, c'est une mesure purement financière, qui sera prise en charge par les complémentaires.
Q - Sur l'ouverture de capital d'EDF, une partie du groupe semble craindre une prudence excessive de Dominique de Villepin.
R - Les députés sont persuadés que l'Etat doit rester majoritaire, car il en va de la maîtrise de la technologie nucléaire, mais qu'il faut ouvrir le capital, dans l'intérêt de l'entreprise, dans un délai très rapproché. Cela permettra d'apporter à EDF des capitaux supplémentaires pour son développement.
Q - Les relations sont électriques entre Villepin et Sarkozy. Quel dispositif mettez-vous en place pour assurer la cohésion du groupe le plus longtemps possible ?
R - Il n'y a pas de " dispositif " car le souhait de l'ensemble des députés UMP est de continuer à travailler jusqu'en 2007 et pour cela de rester soudés et unis. Je veillerai personnellement à cette cohésion. Attention à ne pas " zapper " 2006. C'est une année capitale pour poursuivre les réformes indispensables à notre pays.
Q - La chasse aux ralliements a-t-elle commencé ?
R - Non, justement pour les mêmes raisons. Personne n'a envie, aujourd'hui, de se retrouver catalogué dans un camp.
Q - Jean-Louis Debré n'a pas la même stratégie, il a clairement pris parti pour Dominique de Villepin.
R - Pour ma part, garant de l'unité du groupe UMP, je me suis assigné une ligne de conduite qui est de garder une attitude favorable à l'un comme à l'autre. On a de la chance d'avoir des hommes de grandes qualités. Cette addition de talents est un atout.
Q - Nicolas Sarkozy veut instaurer des primaires à l'UMP pour la présidentielle. Les députés semblent très réticents, craignant que cela soit étendu aux législatives. Qu'en pensez-vous ?
R - La généralisation des primaires créerait des difficultés, c'est pourquoi je reste prudent. Pour la présidentielle, je fais deux remarques.
D'abord j'observe que, en 2002, l'un des deux grands partis de gouvernement - le PS - a été éliminé du second tour, en raison des divisions de la gauche. Pour 2007, si l'on continue de la sorte, on aura une vingtaine de candidats. Je dis : attention !
Q - Ce qui plaiderait pour un système de sélection.
R - C'est ma deuxième remarque : je constate que, en Italie, Romano Prodi et la gauche ont organisé des primaires, non avec les seuls militants mais aussi avec les sympathisants, et que cela change considérablement la donne politique. Plus de 4 millions d'Italiens y ont participé. C'est un chiffre significatif.
Q - Vous voudriez des primaires " à l'italienne " ?
R - Disons que cette remarque nourrit ma réflexion.
Q - L'UDF et quelques personnalités UMP, comme Jean-Louis Debré, souhaitent une part de proportionnelle aux législatives.
R - J'y suis opposé. C'est un risque mortel pour les démocraties. Le scrutin proportionnel, c'est la paralysie des institutions et le régime des partis.
Toute l'action du général de Gaulle a été d'en délivrer la France, et de constituer des majorités claires, seules à même de moderniser notre pays.
L'Allemagne est un exemple actuel de ce que donne la proportionnelle : l'extrême gauche s'est retrouvée en position d'arbitre, en poussant la gauche et la droite à un compromis contre nature.
(Source http://www.ump.assemblee-nationale.fr, le 26 octobre 2005)
R - Il y a eu un important travail en amont entre le groupe, la commission des Finances et le gouvernement. Plusieurs de nos propositions ont été entendues, notamment en faveur d'une maîtrise accrue de la dépense publique.
Ce budget stabilise, pour la quatrième année consécutive, la dépense budgétaire en euros constants. Nous avons obtenu du gouvernement d'aller plus loin. S'agissant de la sauvegarde des entreprises françaises, donc de l'emploi, le groupe a défendu une mesure qui permettra de lutter efficacement, surtout dans les PME et PMI, contre l'éparpillement du capital et les délocalisations.
Q - L'exonération d'ISF sur l'actionnariat salarié, à laquelle vous faites allusion, ne vise-t-elle pas, surtout, des dirigeants de très grandes entreprises ?
R - Je suis élu de Haute-Savoie, qui est l'un des départements les plus industriels de France, avec des centaines de PME et de PMI. Leurs dirigeants, souvent issus de la génération du baby boom, arrivent nombreux à la retraite et sont confrontés à des situations fiscales qui, bien souvent, les conduisent à vendre à des investisseurs étrangers.
La fuite des centres de décision précède, hélas, bien souvent les délocalisations et les pertes d'emploi. C'est pour cela que nous avons souhaité cet aménagement.
Q - Avec cet amendement et le bouclier fiscal, estimez-vous que le débat sur l'ISF est clos ?
R - Je continue à penser que cet impôt est très mal nommé. Impôt sur le patrimoine me paraîtrait être un bien meilleur terme qu'impôt sur la fortune. Par sectarisme, la gauche agite le mot fortune, comme un chiffon rouge. Il faut un impôt juste et équilibré. En cela, le plafonnement fiscal est une réponse appropriée.
Q - Un budget qui réduit très peu le nombre de fonctionnaires et augmente le déficit est-il un budget " de droite " ?
R - Je partage les choix techniques de Thierry Breton, mais je ne crois pas qu'il faille faire de ce budget une lecture partisane. C'est un budget qui affiche et introduit dans les faits une priorité et des dispositions en faveur de l'emploi et de la rétribution du travail. La réforme fiscale a pour objectif, après paiement de l'impôt, de donner plus de pouvoir d'achat aux Français qui travaillent.
Quant aux mesures qui concernent le plafonnement de l'imposition, il s'agit de se rapprocher des niveaux moyens des autres pays européens. Car nous aurons un besoin vital de toutes nos capacités de création de richesses pour supporter le colossal fardeau de nos dépenses sociales.
Q - On sent une grogne dans la majorité sur le retour des emplois aidés, notamment à l'Education nationale...
R - Le groupe UMP souhaite que les emplois aidés dans l'Education nationale soient consacrés à la scolarisation des enfants handicapés.Leur intégration scolaire est un chantier prioritaire pour le président de la République et pour les députés UMP.
Q - Les 45.000 " emplois Robien " ?
R - Il n'y en aura peut-être pas besoin d'autant, mais la masse budgétaire correspondante peut être davantage affectée à l'insertion scolaire des handicapés.
Q - Le budget de la Sécurité sociale arrive cette semaine en discussion à l'Assemblée nationale. Allez-vous revenir sur le forfait de 18 euros sur les actes lourds ?
R - Le déficit de l'assurance-maladie a considérablement diminué, mais pas suffisamment pour compenser le coût de plus en plus élevé lié au vieillissement de la population. Sur la mesure très ponctuelle que vous évoquez, c'est un mauvais procès qui est fait au gouvernement. Depuis qu'il existe des conventions médicales, il y a un ticket modérateur sur les actes de petite chirurgie.
Le niveau à partir duquel il cessait de s'appliquer n'a jamais été revu. Le gouvernement, parce qu'il a le devoir d'améliorer les comptes de l'assurance-maladie étend l'actuel ticket modérateur pour des actes non répétitifs, qui ne sont pas liés à des maladies graves, et le plafonne à 18 euros. Alors, oui, ayons le courage de le dire, c'est une mesure purement financière, qui sera prise en charge par les complémentaires.
Q - Sur l'ouverture de capital d'EDF, une partie du groupe semble craindre une prudence excessive de Dominique de Villepin.
R - Les députés sont persuadés que l'Etat doit rester majoritaire, car il en va de la maîtrise de la technologie nucléaire, mais qu'il faut ouvrir le capital, dans l'intérêt de l'entreprise, dans un délai très rapproché. Cela permettra d'apporter à EDF des capitaux supplémentaires pour son développement.
Q - Les relations sont électriques entre Villepin et Sarkozy. Quel dispositif mettez-vous en place pour assurer la cohésion du groupe le plus longtemps possible ?
R - Il n'y a pas de " dispositif " car le souhait de l'ensemble des députés UMP est de continuer à travailler jusqu'en 2007 et pour cela de rester soudés et unis. Je veillerai personnellement à cette cohésion. Attention à ne pas " zapper " 2006. C'est une année capitale pour poursuivre les réformes indispensables à notre pays.
Q - La chasse aux ralliements a-t-elle commencé ?
R - Non, justement pour les mêmes raisons. Personne n'a envie, aujourd'hui, de se retrouver catalogué dans un camp.
Q - Jean-Louis Debré n'a pas la même stratégie, il a clairement pris parti pour Dominique de Villepin.
R - Pour ma part, garant de l'unité du groupe UMP, je me suis assigné une ligne de conduite qui est de garder une attitude favorable à l'un comme à l'autre. On a de la chance d'avoir des hommes de grandes qualités. Cette addition de talents est un atout.
Q - Nicolas Sarkozy veut instaurer des primaires à l'UMP pour la présidentielle. Les députés semblent très réticents, craignant que cela soit étendu aux législatives. Qu'en pensez-vous ?
R - La généralisation des primaires créerait des difficultés, c'est pourquoi je reste prudent. Pour la présidentielle, je fais deux remarques.
D'abord j'observe que, en 2002, l'un des deux grands partis de gouvernement - le PS - a été éliminé du second tour, en raison des divisions de la gauche. Pour 2007, si l'on continue de la sorte, on aura une vingtaine de candidats. Je dis : attention !
Q - Ce qui plaiderait pour un système de sélection.
R - C'est ma deuxième remarque : je constate que, en Italie, Romano Prodi et la gauche ont organisé des primaires, non avec les seuls militants mais aussi avec les sympathisants, et que cela change considérablement la donne politique. Plus de 4 millions d'Italiens y ont participé. C'est un chiffre significatif.
Q - Vous voudriez des primaires " à l'italienne " ?
R - Disons que cette remarque nourrit ma réflexion.
Q - L'UDF et quelques personnalités UMP, comme Jean-Louis Debré, souhaitent une part de proportionnelle aux législatives.
R - J'y suis opposé. C'est un risque mortel pour les démocraties. Le scrutin proportionnel, c'est la paralysie des institutions et le régime des partis.
Toute l'action du général de Gaulle a été d'en délivrer la France, et de constituer des majorités claires, seules à même de moderniser notre pays.
L'Allemagne est un exemple actuel de ce que donne la proportionnelle : l'extrême gauche s'est retrouvée en position d'arbitre, en poussant la gauche et la droite à un compromis contre nature.
(Source http://www.ump.assemblee-nationale.fr, le 26 octobre 2005)